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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
Date : vendredi 19 septembre 2014

 

Homélie

Férie

Ce bref passage est ce qu’on appelle un « sommaire », c’est-à-dire un résumé de l’activité missionnaire de Jésus qui assure le lien entre deux sections de l’Evangile. Trois thèmes émergent de ces quelques versets :
- la vie itinérante du Seigneur, qui ne s’installe pas mais « passe à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu », entraînant à sa suite ceux qui se laissent toucher par sa Parole. Cette précision résonne comme une invitation adressée à l’Eglise de tous les temps, de toujours se souvenir qu’elle constitue le peuple de Dieu en marche vers la Cité sainte, la Jérusalem céleste où Jésus nous a préparé une place et où le Père nous attend. Sur ce chemin, « Qui n’avance pas recule », disait Saint Bernard ; et qui ne proclame pas la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, se disperse dans les distractions de ce monde.
- « Les Douze l’accompagnaient » : ils sont appelés pour demeurer auprès du Maître, dans son intimité, partageant sa vie et son activité apostolique. Le pouvoir qui leur est conféré d’annoncer à leur tour « la Bonne Nouvelle du règne de Dieu » s’enracine dans ce compagnonnage et une écoute assidue de la Parole du Seigneur (Lc 8,21). C’est grâce à leur témoignage que Jésus nous rejoint et que nous pouvons l’atteindre.
- Enfin le troisième thème souligne que les femmes sont elles aussi habilitées à suivre Jésus, alors que la tradition rabbinique n’admettait que des disciples masculins. Le nombre de ces femmes qui accompagnaient Jésus dans ses pérégrinations n’est pas indiqué ; mais trois noms sont mentionnés : Marie-Madeleine, Jeanne et Suzanne. Cette précision nous arrache aux généralités abstraites : Jésus n’est pas entouré d’une collectivité d’individus anonymes, mais de personnes ayant un nom, un visage et une histoire uniques, qui ont pu expérimenter sa bienveillance et la puissance de sa miséricorde, et qui ont librement choisi de le suivre. Ces femmes ne font pas partie du groupe des Apôtres : Jésus ne les a pas nominativement appelées à ce ministère ; mais elles font partie - et seront même les modèles - du groupe des disciples : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique » (Lc 8,21). Si nous distribuons dans ce verset les deux verbes d’action à chacun des deux sujets en respectant la symétrie de la phrase, nous découvrons que « la mère entend la parole », et que « les frères la mettent en pratique ». Il ne peut s’agir bien sûr que d’une insistance, car il convient que les deux activités soient conjointes. Mais on peut sans doute lire dans ce passage une invitation adressée à la femme, de rappeler sans cesse à l’homme que toute activité, si elle veut demeurer finalisée sur le Royaume, doit s’enraciner dans une écoute préalable de la Parole. Ce thème de la complémentarité des charismes et des missions de l’apôtre et de la femme, affleure également dans le quatrième évangile.
Ces femmes, nous dit saint Luc, « aidaient les Douze (et Jésus) de leurs ressources ». Elles pourvoyaient aux biens nécessaires pour le bon déroulement de la mission. Les biens matériels sans doute, c’est-à-dire le pain qui nourrit les corps ; mais aussi le pain de l’amitié, veillant, par leur attention discrète à chacun, à la bonne entente et à l’unité du groupe ; et le pain de la Parole auquel elle devait ramener les Apôtres toujours menacés par l’activisme en raison de leur engagement dans l’évangélisation et le gouvernement des Eglises.
Ce ministère propre des femmes n’est pas limité au temps du compagnonnage avec Jésus : saint Luc va le confirmer au moment de la fondation de l’Eglise dans le Feu de la Pentecôte, en précisant qu’au Cénacle les Apôtres « d’un seul cœur, participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, mère de Jésus » (Ac 1,14). Le don de l’Esprit viendra consacrer ces femmes dans ce « sacerdoce de la charité » (Jean-Paul II) et dans cette mission de vigilance prophétique. D’autres prendront le relais : Lydie (Ac 14,14), Priscille (Ac 18,2), Syntyché et Evodie (Ph 4,2), Chloé (1 Co 1, 11), Phébé (Rm 16,1s). Ce ne sont que quelques noms d’une longue litanie de Saintes Femmes, qui tout au long de l’histoire de l’Eglise, ont été les collaboratrices de Dieu auprès des Apôtres, participant à leur œuvre d’évangélisation par l’exercice humble et fidèle de leur charisme propre.

« Seigneur, ta Parole inspirée atteste de manière incontestable que les femmes appartiennent au noyau primitif de l’Eglise, dans laquelle elles exerçaient un ministère spécifique, distinct de celui des Apôtres. Envoie l’Esprit de Pentecôte sur nos pasteurs, afin qu’ils puissent découvrir l’articulation du ministère apostolique et du ministère féminin qui convient à notre temps, dans une complémentarité qui respecte la mission et le charisme de chacun, pour une plus grande unité au sein de l’Eglise, et une fécondité apostolique plus abondante. »




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