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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Date : dimanche 21 septembre 2014

 

Homélie

25e dimanche du Temps Ordinaire

Les plans de Dieu dépassent toujours, et souvent de loin, les plans des hommes. L’oracle du prophète Isaïe l’affirme de façon très claire : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins […]. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Cf. 1ère lecture) L’esprit humain est petit, fragile et sujet à l’erreur. L’homme ne devrait-il pas être conscient que Dieu a ses projets et que c’est à lui de les accueillir et non pas l’inverse ?

Cette vérité est contenue dans l’évangile de ce dimanche qui nous présente le Règne de Dieu comme le maître d’un domaine qui va embaucher des ouvriers pour sa vigne : « Le Royaume de Dieu est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers à sa vigne. » Seuls les premiers sont embauchés sur un contrat précis ; aux autres il est uniquement certifié qu’ils recevront ce qui est juste. Aux derniers rien n’est précisé, sinon d’aller eux aussi à la vigne. Vient le soir et le moment de rémunérer chacun. Le Maître ménage alors l’effet de surprise en commençant par payer les derniers ouvriers, à qui il donne une pièce d’argent, c’est-à-dire ce qui correspond au salaire d’une journée de travail, pour terminer par ceux qui ont commencé à l’aube, et qui reçoivent eux aussi le même salaire. Un sens naturel de la justice nous porterait à penser que les ouvriers qui ont supporté le poids de toute la journée devraient recevoir plus que ceux qui ont travaillé seulement quelques heures. Mais si nous considérons les choses de plus prêt nous voyons qu’il n’y a aucune injustice dans l’attitude du maître. Celui qui a travaillé toute la journée a reçu ce qui lui avait été promis : « une pièce d’argent ». Du coup, donner le même salaire tant à celui qui a travaillé une heure qu’à celui qui a travaillé onze heures n’est pas injustice mais pure générosité.

La thématique des plans de Dieu rejoint ainsi celle de la gratuité de son Amour qui surpasse de loin les mérites humains. Cet amour parce qu’il est divin est un et ne peut se diviser. C’est la symbolique qu’ont retirée les Pères de l’Eglise de l’unique pièce d’argent distribuée à chacun. En outre, cet amour a comme finalité la vie de celui à qui il est destiné. En effet, une pièce d’argent était, à l’époque, le minimum qui permettait à une famille de vivre. En donnant cette somme à chacun, le maître manifeste qu’il se montre plus inquiet de la vie de ses ouvriers que de l’application d’une stricte justice distributive. La thématique des projets de Dieu rejoint à ce point celle du salut et de la vie éternelle que Dieu veut offrir en plénitude à chacun.

Nous comprenons qu’en fait de projets de Dieu, fondamentalement il n’en existe qu’un seul auquel tous les autres se ramènent : celui de nous sauver. Et Dieu nous le manifeste à travers un Amour infini et inconditionnel. Dieu n’est pas un comptable qui, en fonction de nos mérites, nous donnerait plus ou moins part à sa vie éternelle. Quand il donne la vie, il donne tout parce qu’il se donne. Il ne peut faire autrement parce que c’est sa nature de se donner et de ne rien retenir pour lui. Et cela, il le fait sans condition parce qu’il est pure gratuité, pur don.
Cette bonté et cette générosité se révèlent aussi dans une patience infatigable qui prend le temps de nous inviter sans cesse à l’accueillir et ce jusqu’à la dernière seconde de notre vie.
Mais la délicatesse de Dieu ne s’arrête pas là. Il souhaite notre participation à la construction de son projet de salut. Il ne veut pas que nous soyons des spectateurs passifs sur la place, que nous demeurions sans rien faire. Il désire que nous soyons des collaborateurs actifs, ouvriers de sa vigne : hommes qui souffrent de la soif et de la chaleur et qui marquent d’un rythme et d’une empreinte chrétienne la société humaine, la vie publique. Il désire que nous adoptions les mêmes mœurs, que nous ayons le même regard et les mêmes pensées que lui vis-à-vis de nos frères en humanité. Il désire que nous travaillions avec lui à inviter tous les hommes à son Royaume éternel. Les derniers arrivés seront tout autant les bienvenus dans la maison du Père que les premiers. Leur place demeure réservée à la Table du Royaume.

Mais dans la perspective de construire le Royaume, l’important n’est pas d’arriver à la première ou à la dernière heure. L’important est de prendre conscience que du moment où nous sommes appelés, notre vie reste définitivement orientée vers le Royaume de Dieu. Si nous sommes arrivés parmi les premiers, notre fatigue contribuera sans doute mystérieusement à faire fléchir les retardataires pour qu’ils s’engagent eux aussi à travailler à la vigne du maître et puissent ainsi avoir part au Royaume éternel.

Ne cherchons pas dans les événements qui nous arrivent à connaître quels sont les plans de Dieu car ils nous dépasseront toujours. La meilleure manière d’y adhérer et surtout de ne pas y faire obstacle c’est de vivre, comme nous invite saint Paul dans la deuxième lecture, en Christ et de mener une vie digne de son Evangile. Cette vie en Christ, greffée sur la générosité infinie de l’Amour et de la patience divine, amène saint Paul à préférer continuer à travailler à l’œuvre du Seigneur auprès des Philippiens plutôt que de mourir et de rejoindre définitivement le Seigneur. Ce n’est pas pour autant qu’il perd le Christ. Au contraire, il le trouve peut-être même davantage en choisissant de ne pas vivre pour soi mais de travailler au salut de ses frères.

« Seigneur, tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain : donne-nous de garder tes commandements, et de parvenir ainsi à la vie éternelle » (Cf. Collecte de la messe)




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