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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
Date : lundi 20 octobre 2014

 

Homélie

Férie

Les droits de successions n’étaient pas moins codifiés à l’époque de Jésus qu’ils ne le sont aujourd’hui. Pourtant deux frères se disputent l’héritage paternel. L’un de ces frères interpelle Jésus depuis la foule. « Dis à mon frère de partager » ! Il semble sûr de son bon droit et de la parole que le rabbi devrait prononcer. Quand à nous, une telle requête peut nous surprendre. Que vient-il faire avec ses disputes familiales et sa question d’argent au milieu des discussions théologiques ?

Cette façon d’intervenir n’a cependant rien d’étonnant. En premier lieu, il agit comme nous le faisons souvent envers Jésus, plus pressés de lui confier à résoudre nos problèmes quotidiens plutôt qu’à l’entendre nous dire ce qu’il attend de nous. Ensuite, Jésus est appelé « rabbi », et à ce titre, il peut effectivement intervenir dans des questions d’arbitrage.

Il n’est pas difficile d’imaginer le cas de ces deux frères. Celui qui appelle Jésus est probablement le cadet de deux frères. La loi prévoyait en effet que dans ce cas, le partage des biens paternels se fait selon le ratio deux tiers / un tiers, au profit de l’aîné. Mais l’usage voulait que les deux frères demeurent ensemble pour travailler et faire fructifier la propriété, sans diviser l’héritage. Si cet homme vient se plaindre, c’est donc qu’il est sans doute le cadet d’un aîné qui a dû prétendre au partage que la loi lui permet. Le plus jeune en appelle aux coutumes ancestrales pour garder le fruit de l’ensemble du domaine. La question est délicate, seule l’autorité d’un rabbi peut résoudre le cas.

Mais Jésus ne l’entend pas de cette oreille. Il n’est pas venu pour partager les héritages, il est venu annoncer le Royaume. C’est ce qu’il fait dans toutes les paraboles, come celle que nous entendons à présent. « Il y avait un homme riche… ». Il n’est pas question de condamner les riches pour leurs richesses, le psaume dit d’ailleurs « si vous amassez des richesses, n’y mettez pas votre cœur ». Jésus dénonce l’âpreté au gain.

Etait-ce le cas de ces deux frères ? Faut-il entendre que la demande était motivée par le désir de cautionner une injustice ? Là n’est pas la question, Jésus a clairement refusé de juger. Ce qui l’intéresse, c’est notre conversion. C’est-à-dire notre préparation pour le grand voyage que nous avons à faire à sa suite. Il est venu en effet nous chercher, nous rassembler, il est le Bon Pasteur qui vient nous mener vers le Père. Nous ne sommes pas de ce monde. Nous nous sommes égarés sur les chemins du péché, et il lui faut nous montrer le chemin de la vie.

Or l’endurcissement de nos cœurs est devenu tel que nous en arrivons à oublier l’enjeu de notre vie terrestre. Le désir de nos cœurs est toujours là : le riche propriétaire de la parabole désire en effet « se reposer », il veut être paisible « pour de nombreuses années ». Mais il a oublié que le repos que son âme désire, il ne peut se le donner par lui-même, car ce repos est en Dieu seul. Jésus ne reproche rien de son attitude, il ne dit même pas que cet homme est égoïste. S’il le traite de fou, d’insensé, c’est parce qu’il a oublié le sens de la vie, il a oublié que le bonheur durable ne vient pas de ce monde, mais de Dieu. Ainsi les deux frères et leur héritage. Peu importe la loi ou la coutume, si tous deux avaient en vue que l’urgence est de peser combien nous sommes loin de notre terre promise, qui est le cœur de Dieu. Tout ici bas, les moindres de nos choix, doivent être ordonnés à notre retour vers le Père. Il ne s’agit donc pas de mépriser la gestion des biens matériels sous prétexte que nous sommes citoyens du Ciel, mais de soumettre cette gestion aux lois de la charité. La question n’est plus alors pour nous d’opposer loi et coutume, mais de discerner comment vivre la loi et la coutume pour que grandisse le Royaume. C’est ainsi que nous amassons les conditions d’un bonheur durable ; car notre trésor, c’est Dieu.




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