Homélie
Férie
« Vous aussi, tenez-vous prêts ». Lavertissement que nous adresse le Seigneur Jésus est très clair. Nous sommes dans la même position que ce maître de maison visité à limproviste par un voleur. Limage est assez étrange, car si nous sommes le maître de maison qui veille sur son domaine, le Fils de lHomme est alors le voleur qui perce le mur !
Comment Jésus a-t-il pu employer une image négative pour se décrire lui-même ? Nous comprenons quil a dabord voulu décrire leffet de surprise. Le maître de maison assoupi nous représente. Le fait quil soit endormi est légitime : la nuit est réservée au sommeil. Nous ne sommes pas dans un cas comparable à celui des dix vierges qui devaient veiller larrivée de lépoux mais qui ont cédé au sommeil. Pourtant la chute de la parabole est liée au même ressort : nous ne savons pas lheure où le Fils de lHomme viendra, quil soit représenté par un voleur ou par un marié.
Ce dont il est question est donc un rendez-vous important. « Si le maître de maison de maison connaissait lheure », « il ne laisserait pas percer le mur ». Cette évidence que Jésus énonce montre laspect inéluctable de la visite du voleur. Quand il est vient, il est impossible de lui résister, parce que la surprise joue toujours en sa faveur. Ainsi, quand le Seigneur viendra, il ny aura rien à faire contre lui, il est réellement irrésistible. Il faut donc préparer sa venue avant quelle nadvienne.
La différence majeure vient cependant de lobjet et de la nature de la visite. Le voleur perce en effet le mur de la maison, au milieu de la nuit, pour prendre un bien précieux quil convoite mais qui ne lui appartient pas. Le Seigneur Jésus, lui, vient également au milieu de la nuit mais il prend un bien qui lui appartient. Là est notre espérance et notre joie. Lhomme en effet a fait un choix : il a choisi de séloigner de Dieu, il a choisi de vivre sans lui et de senfoncer dans les ténèbres. Le voici à présent prisonnier dune nuit qui semble sans fin. Lui qui a été créé libre, pour aimer, est à présent esclave de la mort. Mais le Seigneur ne peut pas supporter de voir lhomme ainsi prisonnier, il a donc choisi de venir percer le mur de sa prison et de le soustraire à lesclavage de la mort.
Cet évangile est donc un appel à nourrir notre espérance ; même si notre nuit semble ne jamais devoir finir, nous savons désormais que le salut est proche, il adviendra au cur de la nuit. Nous avons tellement de prix aux yeux du Seigneur, quil est prêt à percer les murs pour nous rejoindre. Nous sommes le trésor quil désire et quil recherche.
Mais ce qui nourrit notre espérance construit également notre responsabilité. Le voleur ne sencombre pas, il file vite dans la nuit. Nous navons donc pas de temps à perdre pour mettre en valeur chaque talent reçu. Tout ce qui sera terne en nous, sera laissé sur place. Tel est le châtiment. Car même si nous vivons en exil, nous avons un travail de préparation à effectuer pour le retour, la maison de notre âme doit être bien gérée. Elle ne nous appartient pas et quand son maître viendra, il nous faudra rendre compte de notre gestion.
Seigneur Jésus, tu es le voleur que nous attendons de tout cur ; viens nous arracher au pouvoir de la nuit que nous avons choisie. Renouvelle-nous dans les dons de ton Esprit, que nous sachions rester au travail de sanctification de notre âme le jour et la nuit, que nous sachions vivre de ton évangile à temps et à contretemps, pour te donner la joie de trouver radieux le trésor de notre âme que tu désire tant.