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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Evangelium Vitae

Conclusion

102. Au terme de cette Encyclique, le regard revient spontanément vers le Seigneur Jésus, vers « l’Enfant qui nous est né » (cf. Is 9, 5), pour contempler en lui « la Vie » qui « s’est manifestée » (1 Jn 1,2). Dans le mystère de cette naissance, s’accomplit la rencontre de Dieu avec l’homme et commence le chemin du Fils de Dieu sur la terre, chemin qui culminera dans le don de sa vie sur la Croix : par sa mort, Il vaincra la mort et deviendra pour l’humanité entière principe de vie nouvelle.

Pour accueillir « la Vie » au nom de tous et pour le bien de tous, il y eut Marie, la Vierge Mère : elle a donc avec l’Evangile de la vie des liens personnels très étroits. Le consentement de Marie à l’Annonciation et sa maternité se trouvent à la source même du mystère de la vie que le Christ est venu donner aux hommes (cf. Jn 10,10). Par son accueil, par sa sollicitude pour la vie du Verbe fait chair, la condamnation à la mort définitive et éternelle a été épargnée à la vie de l’homme.

C’est pourquoi Marie, « comme l’Eglise dont elle est la figure, est la mère de tous ceux qui renaissent à la vie. Elle est vraiment la mère de la Vie qui fait vivre tous les hommes ; et en l’enfantant, elle a en quelque sorte régénéré tous ceux qui allaient en vivre ».

En contemplant la maternité de Marie, l’Eglise découvre le sens de sa propre maternité et la manière dont elle est appelée à l’exprimer. En même temps, l’expérience maternelle de l’Eglise ouvre la perspective la plus profonde pour comprendre l’expérience de Marie, comme modèle incompa- rable d’accueil de la vie et de sollicitude pour la vie.

« Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme enveloppée de soleil » (Ap 12,1) : la maternité de Marie et de l’Eglise

103. Le rapport réciproque entre le mystère de l’Eglise et Marie apparaît clairement dans le « signe grandiose » décrit dans l’Apocalypse : « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme enveloppée de soleil, la lune sous ses pieds et douze étoiles couronnant sa tête » (12, 1). L’Eglise reconnaît dans ce signe une image de son propre mystère : immergée dans l’histoire, elle a conscience de la transcender, car elle constitue sur la terre « le germe et le commencement » du Royaume de Dieu. L’Eglise voit la réalisation complète et exemplaire de ce mystère en Marie. C’est elle, la Femme glorieuse, en qui le dessein de Dieu a pu être accompli avec la plus grande perfection.

La « Femme enveloppée de soleil » - ainsi que le souligne le Livre de l’Apocalypse - « était enceinte » (12, 2). L’Eglise est pleinement consciente de porter en elle le Sauveur du monde, le Christ Seigneur, et d’être appelée à le donner au monde, pour régénérer les hommes à la vie même de Dieu. Elle ne peut cependant pas oublier que sa mission a été rendue possible par la maternité de Marie, qui a conçu et mis au monde celui qui est « Dieu né de Dieu », « vrai Dieu né du vrai Dieu ». Marie est véritablement Mère de Dieu, la Theotokos ; dans sa maternité est suprêmement exaltée la vocation à la maternité inscrite par Dieu en toute femme. Ainsi Marie se présente comme modèle pour l’Eglise, appelée à être la « nouvelle Eve », mère des croyants, mère des « vivants » (cf. Gn 3, 20).

La maternité spirituelle de l’Eglise ne se réalise toutefois - et l’Eglise en a également conscience - qu’au milieu des douleurs et du « travail de l’enfantement » (Ap 12,2), c’est-à-dire dans la tension constante avec les forces du mal qui continuent à pénétrer le monde et à marquer le cœur des hommes, opposant leur résistance au Christ : « Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,45).

Comme l’Eglise, Marie a dû vivre sa maternité sous le signe de la souffrance : « Cet enfant... doit être un signe en butte à la contradiction, - et toi-même, une épée te transpercera l’âme - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs » (Lc 2,34-35). Dans les paroles que Syméon adresse à Marie dès l’aube de l’existence du Sauveur, se trouve exprimé synthétiquement le refus opposé à Jésus et à Marie avec lui, qui culminera sur le Calvaire. « Près de la Croix de Jésus » (Jn 19,25), Marie participe au don que son Fils fait de lui-même : elle offre Jésus, le donne, l’enfante définitivement pour nous. Le « oui » du jour de l’Annonciation mûrit pleinement le jour de la Croix, quand vient pour Marie le temps d’accueillir et d’enfanter comme fils tout homme devenu disciple, reportant sur lui l’amour rédempteur du Fils : « Jésus donc, voyant sa Mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : "Femme, voici ton fils" » (Jn 19,26).

« En arrêt devant la Femme ..., le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né » (Ap 12,4) : la vie menacée par les forces du mal

104. Dans le Livre de l’Apocalypse, le « signe grandiose » de la « Femme » (12, 1) s’accompagne d’un « second signe apparu au ciel : un énorme Dragon rouge feu » (Ap 12,3), qui représente Satan, puissance personnelle maléfique, et en même temps toutes les forces du mal qui sont à l’œuvre dans l’histoire et entravent la mission de l’Eglise.

Là encore, Marie éclaire la communauté des croyants : l’hostilité des forces du mal est en effet une sourde opposition qui, avant d’atteindre les disciples de Jésus, se retourne contre sa Mère. Pour sauver la vie de son Fils devant ceux qui le redoutent comme une dangereuse menace, Marie doit s’enfuir en Egypte avec Joseph et avec l’enfant (cf. Mt 2,13-15).

Marie aide ainsi l’Eglise à prendre conscience que la vie est toujours au centre d’un grand combat entre le bien et le mal, entre la lumière et les té- nèbres. Le dragon veut dévorer « l’enfant aussitôt né » (Ap 12,4), figure du Christ, que Marie enfante dans « la plénitude des temps » (Ga 4,4) et que l’Eglise doit constamment donner aux hommes aux différentes époques de l’histoire. Mais cet enfant est aussi comme la figure de tout homme, de tout enfant, spécialement de toute créature faible et menacée, parce que - ainsi que nous le rappelle le Concile -, « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni luimême à tout homme ». C’est dans la « chair » de tout homme que le Christ continue à se révéler et à entrer en communion avec nous, à tel point que le rejet de la vie de l’homme, sous ses diverses formes, est réellement le rejet du Christ. Telle est la vérité saisissante et en même temps exigeante que le Christ nous dévoile et que son Eglise redit inlassablement : « Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille » (Mt 18,5) ; « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

« De mort, il n’y en aura plus » (Ap 21,4) : la splendeur de la Résurrection

105. L’annonce de l’ange à Marie tient dans ces paroles rassurantes : « Sois sans crainte, Marie » et « Rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,30. 37). En vérité, toute l’existence de la Vierge Mère est enveloppée par la certitude que Dieu est proche d’elle et l’accompagne de sa bienveillante providence. Il en est ainsi de l’Eglise, qui trouve « un refuge » (Ap 12,6) dans le désert, lieu de l’épreuve mais aussi de la manifestation de l’amour de Dieu envers son peuple (cf. Os 2, 16). Marie est parole vivante de consolation pour l’Eglise dans son combat contre la mort. En nous montrant son Fils, elle nous assure qu’en lui les forces de la mort ont déjà été vaincues : « La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne ».

L’Agneau immolé vit en portant les marques de la Passion dans la splendeur de la Résurrection. Lui seul domine tous les événements de l’histoire : il en brise les « sceaux » (cf. Ap 5,110) et, dans le temps et au-delà du temps, il proclame le pouvoir de la vie sur la mort. Dans la « nouvelle Jérusalem », c’est-à-dire dans le monde nouveau vers lequel tend l’histoire des hommes, « de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21,4).

Et tandis que, peuple de Dieu en pèlerinage, peuple de la vie et pour la vie, nous marchons avec confiance vers « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Ap 21,1), nous tournons notre regard vers Celle qui est pour nous « un signe d’espérance assurée et de consolation ».

O Marie,
aurore du monde nouveau,
Mère des vivants,
nous te confions la cause de la vie :
regarde, ô Mère, le nombre immense
des enfants que l’on empêche de naître,
des pauvres pour qui la vie est rendue difficile,
des hommes et des femmes
victimes d’une violence inhumaine,
des vieillards et des malades tués
par l’indifférence
ou par une pitié fallacieuse.
Fais que ceux qui croient en ton Fils
sachent annoncer aux hommes de notre temps
avec fermeté et avec amour
l’Evangile de la vie.
Obtiens-leur la grâce de l’accueillir
comme un don toujours nouveau,
la joie de le célébrer avec reconnaissance
dans toute leur existence
et le courage d’en témoigner
avec une ténacité active, afin de construire,
avec tous les hommes de bonne volonté,
la civilisation de la vérité et de l’amour,
à la louange et à la gloire de Dieu
Créateur qui aime la vie.


Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 25 mars 1995, solennité de l’Annonciation du Seigneur, en la dix-septième année de mon pontificat.

JEAN-PAUL II


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