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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Spe Salvi

Marie, étoile de l’espérance

49. Par une hymne du VIIe -IXe siècle, donc depuis plus de mille ans, l’Église salue Marie, Mère de Dieu, comme « étoile de la mer » : Ave maris stella. La vie humaine est un chemin. Vers quelle fin ? Comment en trouvons-nous la route ? La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d’espérance. Certainement, Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui nous avons besoin aussi de lumières proches - de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée. Et quelle personne pourrait plus que Marie être pour nous l’étoile de l’espérance - elle qui par son « oui » ouvrit à Dieu lui-même la porte de notre monde ; elle qui devint la vivante Arche de l’Alliance, dans laquelle Dieu se fit chair, devint l’un de nous, planta sa tente au milieu de nous (cf. Jn 1,14) ? C’est ainsi que nous nous adressons à elle :
50. Sainte Marie, tu appartenais aux âmes humbles et grandes en Israël qui, comme Syméon, attendaient « la consolation d’Israël » (Lc 2,25) et qui, comme Anne attendaient « la délivrance de Jérusalem » (Lc 2,38). Tu vivais en contact intime avec les Saintes Écritures d’Israël, qui parlaient de l’espérance - de la promesse faite à Abraham et à sa descendance (cf. Lc 1,55). Ainsi nous comprenons la sainte crainte qui t’assaillit, quand l’ange du Seigneur entra dans ta maison et te dit que tu mettrais au jour Celui qui était l’espérance d’Israël et l’attente du monde. Par toi, par ton « oui », l’espérance des millénaires devait devenir réalité, entrer dans ce monde et dans son histoire. Toi tu t’es inclinée devant la grandeur de cette mission et tu as dit « oui » : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc 1,38). Quand remplie d’une sainte joie tu as traversé en hâte les monts de Judée pour rejoindre ta parente Élisabeth, tu devins l’image de l’Église à venir qui, dans son sein, porte l’espérance du monde à travers les monts de l’histoire. Mais à côté de la joie que, dans ton Magnificat, par les paroles et par le chant tu as répandu dans les siècles, tu connaissais également les affirmations obscures des prophètes sur la souffrance du serviteur de Dieu en ce monde. Sur la naissance dans l’étable de Bethléem brilla la splendeur des anges qui portaient la bonne nouvelle aux bergers, mais en même temps on a par trop fait en ce monde l’expérience de la pauvreté de Dieu. Le vieillard Syméon te parla de l’épée qui transpercerait ton cœur (cf. Lc 2,35), du signe de contradiction que ton Fils serait dans ce monde. Quand ensuite commença l’activité publique de Jésus, tu as dû te mettre à l’écart, afin que puisse grandir la nouvelle famille, pour la constitution de laquelle Il était venu et qui devrait se développer avec l’apport de ceux qui écouteraient et observeraient sa parole (cf. Lc 11,27s.). Malgré toute la grandeur et la joie des tout débuts de l’activité de Jésus, toi, tu as dû faire, déjà dans la synagogue de Nazareth, l’expérience de la vérité de la parole sur le « signe de contradiction » (cf. Lc 4,28ss). Ainsi tu as vu le pouvoir grandissant de l’hostilité et du refus qui progressivement allait s’affirmant autour de Jésus jusqu’à l’heure de la croix, où tu devais voir le Sauveur du monde, l’héritier de David, le Fils de Dieu mourir comme quelqu’un qui a échoué, exposé à la risée, parmi les délinquants. Tu as alors accueilli la parole : « Femme, voici ton fils ! » (Jn 19,26). De la croix tu reçus une nouvelle mission. À partir de la croix tu es devenue mère d’une manière nouvelle : mère de tous ceux qui veulent croire en ton Fils Jésus et le suivre. L’épée de douleur transperça ton cœur. L’espérance était-elle morte ? Le monde était-il resté définitivement sans lumière, la vie sans but ? À cette heure, probablement, au plus intime de toi-même, tu auras écouté de nouveau la parole de l’ange, par laquelle il avait répondu à ta crainte au moment de l’Annonciation : « Sois sans crainte, Marie ! » (Lc 1,30). Que de fois le Seigneur, ton fils, avait dit la même chose à ses disciples : N’ayez pas peur ! Dans la nuit du Golgotha, tu as entendu de nouveau cette parole. À ses disciples, avant l’heure de la trahison, il avait dit : « Ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16,33). « Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés » (Jn 14,27). « Sois sans crainte, Marie ! » À l’heure de Nazareth l’ange t’avait dit aussi : « Son règne n’aura pas de fin » (Lc 1,33). Il était peut-être fini avant de commencer ? Non, près de la croix, sur la base de la parole même de Jésus, tu étais devenue la mère des croyants. Dans cette foi, qui était aussi, dans l’obscurité du Samedi Saint, certitude de l’espérance, tu es allée à la rencontre du matin de Pâques. La joie de la résurrection a touché ton cœur et t’a unie de manière nouvelle aux disciples, appelés à devenir la famille de Jésus par la foi. Ainsi, tu fus au milieu de la communauté des croyants qui, les jours après l’Ascension, priaient d’un seul cœur pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac 1,14) et qui le reçurent au jour de la Pentecôte. Le « règne » de Jésus était différent de ce que les hommes avaient pu imaginer. Ce « règne » commençait à cette heure et n’aurait jamais de fin. Ainsi tu demeures au milieu des disciples comme leur Mère, comme Mère de l’espérance. Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers son règne ! Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route !
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 30 novembre 2007, fête de saint André Apôtre, en la troisième année de mon Pontificat.

BENEDICTUS PP. XVI

Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. VI, n. 26003.

[2]Cf. Poèmes dogmatiques V, 53-64 : PG 37, 428-429.

[3]Cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1817-1821.

[4]Somme théologique, IIa-IIæ q. 4, a. 1.

[5]Köster H. : ThWNT VIII (1969), p. 585.

[6]Homélie pour la mort de son frère Saturus, II, 47 : CSEL 73, 274.

[7]Ibid., II, 46 : CSEL 73, 273.

[8]Cf. Lettre 130 à Proba sur la prière 14, 25-15, 28 : CSEL 44, 68-73.

[9]Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 1025.

[10]Jean Giono, Les vraies richesses (1936), Préface, Paris (1992), pp. 18-20 ; cf. Henri de Lubac, Catholicisme. Aspects sociaux du dogme, Paris (1983), p. VII.

[11]Lettre 130 à Proba sur la prière, 13, 24 : CSEL 44, 67.

[12]Sententiae III, 118 : CCL 6/2, p. 215.

[13]Cf. ibid. III, 71 : CCL 6/2, pp. 107-108.

[14]Novum Organum I, 117.

[15]Cf. ibid. I, 129.

[16]Cf. New Atlantis.

[17]In Werke IV, W. Weischedel dir. (1956), p. 777 : La doctrine philosophique de la religion, III, I, VII : Œuvres philosophiques III, La Pléiade, Paris (1986), p. 140.

[18]Kant Immanuel, Das Ende aller Dinge : in Werke IV, W. Weischedel dir. (1964), p. 190 : La fin de toutes choses. Remarque : Œuvres philosophiques III, La Pléiade, Paris (1986), pp. 324-325.

[19]Chapitres sur la charité, Centurie I, ch. 1 : PG 90, 965 : SCh 9, Paris (1943), p. 73.

[20]Cf. ibid. : PG 90, 962-966 : SCh 9 (1943), pp. 69-75.

[21]Confessions X, 43, 70 : CSEL 33, 279 : Œuvres, Paris (1998), p. 1028.

[22]Sermon 340, 3 : PL 38, 1484 ; cf. Frederik Van der Meer, Saint Augustin, Pasteur d’âmes, Colmar-Paris (1959), pp. 407-408.

[23]Sermon 339, 4 : PL 38, 1481.

[24]Confessions X, 43, 69 : Œuvres, Paris (1998), p. 1027.

[25]Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2657.

[26]Cf. In 1 Joannis 4, 6 : PL 35, 2008s : SCh 75, Paris (1961), pp. 231-233.

[27]Cf. Témoins de l’espérance, Montrouge, Nouvelle Cité (2000), pp. 157-159.

[28]Bréviaire romain, Office des Lectures, 24 novembre.

[29]Sermons sur le Cantique, Sermon 26, 5 : PL 183, 906.

[30]Cf. Negative Dialektik (1966) Troisième partie, III 11, in Gesammelte Schriften VI, Frankfurt/Main (1973), p. 395.

[31]Ibid., Deuxième partie, p. 207.

[32]DS 806 : FC, n. 225.

[33]Cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 988-1004.

[34]Cf. ibid., n. 1040.

[35]Tractatus super Psalmos, Ps 127, 1-3 : CSEL 22, 628-630.

[36]Gorgias 525a-526c : Les belles Lettres, Paris (1966), pp. 221-223.

[37]Cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1033-1037.

[38]Cf. ibid., nn. 1023-1029.

[39Cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1030-1032.

[40]Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 1032.


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