Les Saints
Saint Wilfrid
Depuis les invasions anglo-saxonnes, l’Eglise était divisée comme le pays. L’Eglise celte refusait l’archevêque anglais de Cantorbery et vivait pratiquement autonome. L’Eglise anglo-saxonne fondée par saint Augustin, cent ans auparavant, était soumise au siège romain. Ce fut grâce à saint Wilfrid et à quelques autres que l’unité fut rétablie entièrement.
Tout jeune encore, il résolut de se donner au Seigneur. Après un court séjour dans un couvent, s’apercevant que certains usages, contraires à ceux de Rome, s’étaient glissés dans les cérémonies, il se décida à visiter le tombeau des saints Apôtres, afin de bien discerner la vérité au centre même de la lumière. Un saint moine, Benoît Biscop, le prit alors comme accompagnateur pour aller à Rome. Bientôt le pieux pèlerin aura beaucoup d’imitateurs, et ce pèlerinage sera en grand honneur en Angleterre, grâce à son exemple.
Après un séjour de quelques années dans les Gaules, Wilfrid rentre enfin dans sa patrie, où son dévouement aux usages de Rome lui attire des ennemis et des admirateurs. Il n’a que trente ans, quand le pieux roi Alfred lui fait accepter l’évêché d’York.
Sous sa houlette, l’Évangile prend, dans ce pays, un développement merveilleux : les monastères se multiplient, de magnifiques cathédrales s’élèvent sur le sol anglo-saxon ; le saint évêque préside lui-même à la construction de ces édifices grandioses qui ravissent d’admiration des populations, chez lesquelles l’on ne connaissait encore que les édifices de bois.
L’évêque civilisateur ne se bornait pas à l’organisation matérielle : il réformait les moeurs de son troupeau et faisait régner, avec Jésus-Christ, la paix, la justice et la charité.
Incapable de céder à la peur et de manquer à sa conscience, le vaillant pontife est déposé et exilé plusieurs fois ;il avait fait entrer au couvent la femme du roi Egfrid qui ne le lui pardonna pas et l’empêcha de rester dans son diocèse. Saint Wilfrid connut ainsi l’emprisonnement puis, par deux fois, l’exil dont il profita pour évangéliser le Sussex, la Hollande et même l’Austrasie où il faillit devenir évêque d’Argentoratum (Strasbourg).
Il put enfin retourner dans son pays et y passer à peu près tranquillement les quatre dernières années de sa vie.