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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Les témoignages

Olivier : "J’avais si peur de la mort !"

Olivier, 35 ans, vivait au jour le jour, sans "se prendre la tête". Une seule chose cependant le terrifiait : la mort. Sa vie a basculé le jour où sa femme et lui ont perdu leur premier enfant.

Olivier (JPEG)
"Jusqu’à mes 33 ans, je n’ai jamais entendu parler de Dieu. Mes parents croyaient bien à quelque chose, mais sans plus. Ils m’ont fait baptiser parce que cela se faisait. Puis je suis allé à l’école privée car c’était la plus proche de chez moi, et pour faire comme les copains, j’ai fait ma première communion. Mais la religion était totalement absente de nos vies. Et on s’en passait très bien. Je n’y étais pas hostile, cela m’était juste complètement indifférent. Dans ma tête, je n’avais besoin de rien, ni de personne. J’étais heureux comme ça. Enfin, heureux... C’est ce que je croyais...Après coup, je me rends compte de tout ce qui me manquait.

"Jimmy est mort 5h après sa naissance"

Une seule chose me faisait peur : la mort. L’idée qu’ "après c’est le vide" me terrorisait et m’empêchait même de dormir parfois. C’est affreux quand on y pense : le rien... D’où mon idée qu’il fallait profiter de la vie. Alors je profitais ! Je ne pensais qu’à faire la fête avec mes copains.

Après l’armée, en 1994, je me suis mis avec Corinne. Dès que j’ai pu trouver un emploi stable, elle est tombée enceinte. C’est là qu’on s’est aperçu que Corinne avait une maladie du sang. Sa grossesse fut très difficile. Et le traitement - pris trop tard - n’a pas suffi à empêcher le drame : notre petit garçon, Jimmy est né à 27 semaines. Il est décédé 5 heures après, sans que j’aie pu le voir vivant.

"Où est mon fils à présent ?"

Dans un moment pareil, tout s’effondre. Nous étions sous le choc, anéantis. J’ai même pensé au suicide. Heureusement, nos parents étaient là. A l’hôpital, un prêtre nous a accompagnés... Il a ensuite fallu organiser les funérailles. A 30 ans, ce n’est pas une chose à laquelle on est habitué. Le prêtre de notre village, ayant appris qu’un enfant était mort, est venu nous proposer son aide. Je n’avais qu’une question en tête : "Où est mon fils à présent ?". J’étais terrorisé à l’idée que je ne le reverrais jamais. Le prêtre nous a écoutés, sans préjugés. Par ses mots simples, il est parvenu à semer une once d’espérance en moi, l’idée que, peut-être, tout n’était pas fini.

Après l’enterrement, nous sommes restés un mois, prostrés à la maison, à ne rien faire. Combien de fois, avons-nous entendu : « Vous êtes jeunes, vous en aurez d’autres, des enfants » mais nous étions tellement effondrés que nous ne prêtions pas attention à ce genre de phrase. D’ailleurs, je n’en voulais à personne. Je ne comprenais pas ce qui nous arrivait, c’est tout. Je n’avais plus goût à rien, plus de projets... J’imagine que pour Corinne, ce devait être pire encore. Elle avait porté notre enfant sept mois. Mais heureusement, cette épreuve nous a rapprochés encore plus.

"Le prêtre nous a rappelé après l’enterrement"

Un jour, le Père Jean-Marie Guillemot, celui qui nous avait aidés à organiser l’enterrement, a appelé pour nous proposer de venir nous voir. On le trouvait gentil, ce prêtre, qui se souciait de nous. Et puis la vie a repris son cours. Je suis retourné au travail sans beaucoup de courage. Quant à l’idée d’avoir un autre enfant, ce n’était même pas la peine d’y penser...

Un matin, nous avons trouvé une drôle d’invitation dans notre boîte aux lettres. Il était écrit dessus « La religion, ennuyeuse ? Fausse ou à côté de la plaque ? ». Dans un petit mot, le père Guillemot - encore lui !- nous conviait à une soirée. On avait des scrupules à ne pas y aller, et puis ces mots « ennuyeuse ou à côté de la plaque » correspondaient assez bien à l’idée que j’avais de la religion. Alors, par politesse, nous avons accepté ! Mais avant d’y aller, j’ai dit à Corinne : « Tu parles si tu veux, mais moi je ne dis rien ».

"Nous n’étions pas les seuls à vivre des choses difficiles"

L’accueil a été très chaleureux, le prêtre nous a présentés à tout le monde. J’appréciais le fait que les gens ne posent pas de questions indiscrètes. Après le repas, on nous a proposé de continuer pendant dix soirées. Et contre toute attente, c’est moi qui, une fois à la maison, ai dit à Corinne : "Pourquoi pas ?". La soirée m’avait plu et je sentais que je pouvais peut-être avoir des réponses sur la mort.

Nous y sommes donc retournés le mercredi suivant, et tous les autres. Petit à petit, à travers des exemples concrets, j’entrevoyais que même dans la souffrance, on pouvait espérer. Et puis, en discutant avec les autres, je m’apercevais que nous n’étions pas les seuls à vivre des choses difficiles.

Je parlais rarement pendant les soirées - comme je ne connaissais pas grand chose, j’avais peur de passer pour quelqu’un de bête - mais le soir, avec Corinne, on discutait de ce qu’on avait compris de l’enseignement.

"Quelque chose de fort s’est passé lors du week-end sur le Saint-Esprit"

Et puis, il y a eu le week-end sur l’Esprit saint. Pour Corinne, quelque chose de fort s’est passé à ce moment-là. Je crois qu’elle a été brutalement soulagée, apaisée [lire son témoignage page 3]. Moi, j’étais heureux pour elle, heureux qu’elle retrouve une certaine sérénité, mais je ne voyais pas d’évolution particulière en moi. Ce sont les autres qui me disaient que je changeais. J’avais sûrement moins peur : l’idée que, peut-être, je reverrais mon fils, commençait à faire son chemin.

Quand on nous a proposé de refaire un parcours pour aider à l’animation, on n’a pas hésité longtemps ! Même si je me demandais bien ce qu’on pouvait apporter aux autres, je n’étais pas contre l’idée de redoubler ! J’avais encore des questions en suspens sur la mort et la souffrance, et puis, c’est vrai qu’une fois qu’on a goûté à Alpha, à son ambiance, on imagine mal que tout s’arrête du jour au lendemain, d’autant que nous avions créé des liens très forts avec certaines personnes.

Je n’ai aucune idée du jour où j’ai eu un déclic, les choses se sont faites progressivement. Mais plus on avançait dans le parcours moins j’avais de doutes. La certitude de revoir Jimmy se dessinait peu à peu et me donnait des ailes ! C’est à ce moment-là que nous avons ressenti le besoin d’aller à l’église. Là aussi, nous avions tout à apprendre ! Je commençais à prier également et à confier tous mes petits soucis à Dieu.

"La vie prenait un sens"

Quand le désir d’un deuxième enfant a germé, c’est donc tout naturellement que nous nous sommes tournés vers lui. Toute la paroisse a prié avec nous d’ailleurs ! Nous n’étions plus seuls, et ce moment qui aurait pu être douloureux, nous l’avons vécu dans la paix, sans crainte. Ça y est, la vie prenait un sens ! Nous savions que le Seigneur était à nos côtés.

Et Angélina, notre petit ange, est née. Après sa naissance, l’envie de nous marier s’est imposée (nous vivions ensemble depuis 10 ans). C’était une évidence : nous ne pouvions pas laisser Dieu à part, il devait être au centre de notre vie de couple. C’est bien sûr le Père Jean-Marie qui nous a préparés, et qui a célébré notre mariage six mois plus tard, le 4 juin 2005. Les membres de nos familles n’étaient pas très nombreux, mais qu’est-ce qu’il y avait comme monde de la paroisse !

Je crois que notre cheminement les a touchés. Pendant son homélie, le père Jean-Marie nous a confié que lui-aussi sera à jamais marqué par notre histoire. Nous lui devons beaucoup, c’est lui qui nous a changés. Je ne sais pas si tous les prêtres, après chaque décès et chaque enterrement, reviennent voir les personnes de la famille ?

"Quel chemin parcouru !"

A tous, nous devons beaucoup. C’est pour cette raison que pendant un certain temps j’ai voulu continuer à animer des parcours Alpha : je souhaitais apporter à d’autres ce que nous avions reçu. Mais maintenant, avec Corinne, nous voulons prendre du temps pour notre couple : on commence un parcours Elle et Lui dans une semaine !

Mais on n’abandonne pas Alpha aussi facilement : chaque lundi, je vais proposer aux anciens, un approfondissement de la lettre aux Philippiens. Cela m’inquiète un peu d’ailleurs : même si on va régulièrement à la messe, et si on prie tous les soirs en famille - c’est notre petit truc à nous- je ne connais pas encore toute la Bible...

Quel chemin parcouru ! Je me demande bien comment j’ai pu vivre sans Dieu avant. Avec Lui, on voit la vie tellement différemment, on fait le tri entre ce qui a de l’importance et ce qui n’en a pas. Maintenant, surtout, j’ai l’espérance. La mort ne me fait plus peur. Et je sais qu’un jour, je retrouverai mon petit garçon."

Recueilli par Isabelle O’Neill

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