Les témoignages
La Bible ? Ma passion !
C’est en terre sainte qu’il a découvert la Bible dans toute sa saveur. Depuis des années, le Père Henry de Villefranche, enseignant à l’école Cathédrale, guide des dizaines de personnes sur les chemins dans cette belle aventure à travers La Bible sur le terrain.
D’où vient votre passion pour la Bible ?
Son étude m’a ennuyé pendant des années et un jour... je suis allé en Terre Sainte ! Cette expérience m’a bouleversé et a changé complètement mon regard. La Bible me devenait soudain compréhensible, interprétable et familière.
Pourquoi, à certaines époques, la lecture de la Bible a-t-elle été interdite à titre individuel...
Dans l’Église catholique, comme dans le judaïsme, on lit la Bible dans une tradition. Il nous est demandé en quelque sorte de « grimper sur les épaules » de ceux qui nous ont précédés !
Par ailleurs, la Bible est un livre difficile voire dangereux : très indépendant, original et libérant !
En définitive, ouvrir sa Bible, c’est partir à l’aventure de l’Esprit Saint dont on ne sait d’où il vient ni où il va. Il nous conduit à l’Amour par des seuils qui ne sont pas à notre mesure et l’homme a bien souvent peur de cette « mesure » divine.
Quels conseils donner à des personnes ayant le désir de lire la Bible ?
Chez les Juifs, on entend : « Quand deux ou trois sont assidus à la lecture de la Torah, la présence de Dieu est au milieu d’eux. » De même qu’on n’est pas chrétien tout seul, on ne lit pas la Bible seul. Dans l’Église, on manque de lieux où on se réunirait pour lire la Parole ensemble. Quand des personnes ayant reçu une formation se retrouvent pour le faire, elles en goûtent ensemble les fruits. Elles s’aperçoivent qu’elles sont capables de lire la Bible à la fois avec un engagement subjectif et une rencontre objective avec le texte.
Dans ce domaine, il y a encore beaucoup à faire : depuis 100 ans, on a très peu avancé dans la pratique du peuple chrétien. Le cercle des professeurs et les tours d’ivoire doivent s’ouvrir... Souvent, on se contente de travailler « sur » la Bible. Or, la Bible suppose une immersion !
De plus, elle est à saisir comme un tout : ce n’est pas simplement une bibliothèque ! Elle est à lire à la fois dans son sens littéral et dans son sens spirituel ; à la fois comme un livre singulier et dans sa dimension universelle, etc.
Quelle traduction choisir ?
Il faut dépasser les querelles d’éditeurs !
Les bonnes bibles sont les bibles introduites et annotées. Le lecteur a toujours besoin d’être guidé selon les trois niveaux d’interprétation : contexte historique ; critique littéraire ; interprétation spirituelle et théologique du texte. Or, peu d’éditions sont engagées dans cette troisième voie. C’est regrettable.
Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de traduction neutre. À cause de « l’état pluriel » du texte, à la fois dans ses langues et dans ses manuscrits (il n’y a pas de texte original !), un éditeur fait toujours un choix : du texte et de la traduction.
Que penser du charisme de texte ?
Comme le dit le concile Vatican II, l’Esprit inspire aussi bien l’écrivain sacré que celui qui le lit. En même temps, en écrivant et en lisant, l’un et l’autre se livrent à une activité humaine. Les techniques de lecture, d’interprétation, etc. ne doivent donc jamais être négligées.
En revanche, il serait illusoire de croire que c’est parce que j’ouvre la Bible que je suis forcément inspiré ! C’est une affaire d’interprétation à la fois personnelle et communautaire. L’individualité doit toujours se conjuguer avec la communauté, présente ou croyante. Si on est fermement enraciné dans la tradition de son Église, alors, on n’a pas peur d’interpréter la Bible.
Propos recueillis par Laurence Meurville dans Il est vivant !