Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Navigation: Homélie

 

Homélie

samedi, 12ème semaine du temps Ordinaire,

Ce centurion est pour nous un modèle de foi. A chaque eucharistie, nous faisons notre sa démarche d’humilité et sa prière : « je ne suis pas digne », « dis seulement une parole »… Il nous apprend comment on s’approche du Seigneur, dans quelle disposition on lui donne accès à sa maison intérieure.

Mais justement, d’où lui vient cette simplicité, cette connaissance profonde du cœur du Seigneur, lui, un païen ? A-t-il assisté à ses enseignements, en cachette ou en personne ? Était-il converti au judaïsme et a-t-il ainsi entendu parler de Jésus ? Ces questions ne sont pas évoquées. L’évangéliste présente cet homme comme quelqu’un qui supplie le Seigneur : « Seigneur, mon serviteur est au lit, chez moi, paralysé et il souffre terriblement ». L’incise « chez moi » donne tout son relief au personnage. Au milieu de la phrase, au cœur de sa prière, l’homme révèle son intériorité.

Il appelle Jésus « Seigneur », parce qu’il se place d’emblée dans le registre de la foi. Le centurion décrit ensuite la détresse de son serviteur alité avec une insistance qui montre qu’il ne souffre pas de l’absence d’un travailleur à son poste, mais qu’il manifeste une compassion authentique : « il souffre terriblement ». Son maître a réellement de la peine à le voir dans cet état. Il ne sait lui apporter d’autre secours que le réconfort d’une édifiante charité fraternelle. Ainsi a-t-il dit que son serviteur est « au lit, chez moi » et non qu’il est « dans son lit ». Par la charité, le centurion veut réduire la distance que la souffrance et la maladie mettent toujours entre les hommes.

Il n’est pas possible de considérer que la relation exemplaire qui unit le centurion à son serviteur soit une exception. L’homme manifeste en effet les mêmes qualités envers Jésus. Il nous faut par exemple remarquer que le centurion était en situation d’envoyer un messager auprès de Jésus ; or il est spontanément venu en personne, il n’a pas laissé de distance entre le maître et lui.

Jésus, qui est venu manifester la proximité de Dieu envers les hommes, entre immédiatement dans la démarche et propose de venir voir le malade. Mais la compassion et la proximité du centurion le rendent attentif au bien des autres. Son habitude à faire passer les intérêts d’autrui avant les siens, le fait s’opposer spontanément au projet de Jésus : il sait que le rabbi ne peut entrer sous son toit sans contracter l’impureté rituelle. Il n’est donc pas question qu’il le laisse s’exposer.

Ces deux démarches, remarquables par leur délicatesse et leur justesse, dévoilent le cœur du centurion et nous font comprendre la profonde humilité de cet homme. Il sait se situer en vérité, c’est-à-dire qu’il sait prendre sa place devant le Seigneur, parce qu’il est uniquement préoccupé par celle des autres au regard de Dieu. Loin des raisonnements mondains qui exigent que l’on se fasse une place au soleil en jouant des coudes si nécessaire, que l’on s’impose par ses qualités pour être reconnus par les autres, le centurion vit en enfant de Dieu qui reçoit tout du Seigneur.

Il l’explique d’ailleurs lui-même : « moi qui suis soumis à une autorité, j’ai de soldats sous mes ordres ». La description est claire. Si lui n’a aucune difficulté à obtenir que sa parole soit réalisée par ses subalternes, comment la parole de Jésus resterait-elle sans effet ? Si lui qui est soumis à une autorité peut quelque chose dans le cours des événements, comment Jésus, sur qui personne n’a autorité, autrement dit, comment Jésus qui est l’autorité suprême du monde et de ses habitants, n’aurait-il pas d’influence sur le cours des événements ? Le désintéressement de cet homme lui a fait découvrir la divinité de Jésus…

Voilà donc le secret de ce centurion que chaque liturgie eucharistie nous donne en exemple. Il attend tout de Dieu, attitude spirituelle qu’il réalise concrètement en n’ayant d’autre souci que le service de ses frères. Cet homme se trouve alors, à sa grande surprise n’en doutons pas, le disciple qui réjouit le cœur de Jésus, le priant qui conduit le Seigneur à réaliser tous les désirs de son cœur, le fils qui reçoit tout de Dieu au point que Dieu se livre lui-même, tout entier.

« Je ne suis pas digne de te recevoir », « dis seulement une parole ». Qu’en redisant ces phrases dans quelques instants, l’Esprit d’humilité ravive en nous le désir d’être tout à Dieu pour qu’il puisse réaliser dans nos vies son désir d’être tout en nous.


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales