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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

vendredi, 13ème semaine du temps Ordinaire,

Les déplacements de Jésus sont plutôt déconcertants : l’évangéliste précise qu’il « sort de Capharnaüm », puis le verset suivant nous le retrouvons attablé dans « la maison », que les exégètes identifient à celle de Pierre …à Capharnaüm !
Notre-Seigneur est donc sorti de la ville uniquement pour aller chercher sa brebis perdue du nom de Mathieu. Jésus ne le « voit » pas par hasard, mais il le contemple avec l’intense émotion de celui qui découvre enfin un objet précieux qu’il a longuement cherché. Ce n’est pas Mattieu qui vient à Jésus, mais le Seigneur qui part à sa recherche et le trouve « assis à son bureau de publicain », enchaîné par la convoitise et l’avarice, incapable de s’arracher à sa passion.
Comment ce fils d’Abraham en est-il arrivé là ? Dans quelle blessure d’enfance, dans quelle peur de manquer s’enracine cet appétit immodéré des richesses, qui l’a conduit à se compromettre avec l’occupant ? Allez donc savoir ; mais le fait est là : il se retrouve marginalisé, rejeté au banc de la société civile et religieuse, exclu hors de la ville.
Un regard, confirmé par une parole, et la vie de cet homme va basculer définitivement. Nul doute qu’il gardait au fond de sa conscience, la nostalgie d’une vie meilleure, dans la fidélité à la Loi de ses Pères. Mais comment pourrait-il changer de vie, lui le « collecteur d’impôts » ? Ses concitoyens l’avaient une fois pour toutes enfermé dans ce personnage dont il se voyait définitivement prisonnier.
Pourtant, un regard, une parole ont suffi pour briser cet enfermement et libérer l’espérance de cet homme. En lui signifiant sa considération, en lui offrant son amitié, Jésus fait comprendre à Mathieu qu’il est toujours digne de respect, que l’avenir demeure ouvert, que rien de son espérance n’est définitivement compromis.
L’ayant rejoint dans la prison de sa conscience culpabilisée, Jésus peut appeler Mathieu à sa suite : « Viens derrière moi : je t’ouvre le chemin vers la vérité, la liberté et la vie que tu désires si ardemment ». Sans même s’en rendre compte, Mathieu s’est levé, a contourné la table qui le séparait du Rabbi, et s’est mis à sa suite.
On imagine sans peine la scène qui se déroule derrière lui : les hommes venus payer leur impôt se jettent sur le comptoir du collecteur, et se servent avidement dans la caisse, trahissant leur propre cupidité, qui n’a rien à envier à celle du publicain ! Mathieu ne se retourne pas ; il n’est plus le collecteur d’impôt redouté et haï ; il est un autre homme par la vertu d’un regard et d’une parole. Il est redevenu un fils d’Israël en marche vers la Terre promise, sous la conduite du Messie-Berger venu rassembler les enfants dispersés de Dieu son Père.
Le téléphone arabe fonctionne bien : à peine rentré dans la ville, voilà qu’accourent vers Jésus un grand nombre de collègues de Mathieu, flanqués d’autres pécheurs notoires. Tous sont en quête de motifs d’espérer malgré le triste état de leur vie. A chacun Notre-Seigneur fait bon accueil, ouvrant à ces brebis égarées l’intimité de son cœur, afin qu’elles y puisent la certitude du salut, l’assurance de la gratuité de la miséricorde.

« Seigneur, tu n’es “pas venu appeler les justes mais les pécheurs”, afin d’en faire des justes par ta seule miséricorde. Donne-moi d’oser croiser ton regard et de me laisser convaincre de péché. Moi aussi je pourrai alors entendre ton appel : “Suis-moi”, et prendre place avec toi au banquet que tu prépares pour ceux qui se laissent justifier par ton amour. Il a suffi de si peu : un regard, une parole, pour transformer Mathieu ; me voici, Seigneur ; ma bouche et mes yeux sont tiens : viens à travers moi rejoindre ceux qui attendent que tu passes dans leur vie, pour les appeler à ta suite sur les chemins de l’espérance ».


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