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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Alphonse-Marie de Liguori, évêque et docteur de l’Eglise,

C’est à l’écart de la foule, et dans « la maison » - représentant l’Eglise, c’est-à-dire la communauté de foi - que Jésus interprète la parabole de l’ivraie dans le champ. Il s’agit donc d’une relecture « d’en haut », qui révèle la condition humaine au cœur de ce monde où le bien et le mal se côtoient, se mélangent et s’affrontent.
L’explication de Jésus, loin de clôturer le déchiffrage de la parabole, ne fait que relancer le travail. Car Notre-Seigneur rajoute des difficultés tout autant qu’il en résout. Le semeur est clairement défini comme le Fils de l’homme, c’est-à-dire Jésus lui-même. On s’attend à ce que le « bon grain » qu’il jette dans le champ du monde soit identifié à sa Parole. Or il n’en est rien : « le bon grain, ce sont les fils du Royaume », par opposition à « l’ivraie », identifiée aux « fils du Mauvais », semée par le « démon ». Il y a donc deux semeurs antagonistes, l’un agissant au grand jour au nom du propriétaire ; l’autre intervenant de nuit comme « ennemi ».
Les fils du Royaume ne se confondent pas avec les fils du Mauvais : ils se distinguent par leur agir avec la même évidence que le bon grain se distingue de l’ivraie. Pourtant les deux grandissent côte à côte, sans que personne n’intervienne, « de peur qu’en enlevant l’ivraie, le blé soit arraché en même temps » (Mt 13,29). C’est donc en raison de la fragilité des fils du Royaume que les fils du Mauvais peuvent croître en toute impunité. Etonnante stratégie : nous aurions attendu au contraire que le Maître tente à tout prix de protéger le blé, c’est-à-dire les fils du Royaume, en maîtrisant et en éliminant les fils du Mauvais qui les menacent.
A moins bien sûr que la confusion soit plus profonde encore. Si le champ en effet est notre monde, c’est-à-dire notre humanité concrète marquée par le péché, on comprend qu’arracher l’ivraie n’est pas une tâche facile. Car c’est dans la même terre - entendons le même homme - que s’enracinent la mauvaise herbe et le bon grain ; c’est la même personne qui fait le bien et se laisse entraîner au mal. Autrement dit : la confusion traverse chacun de nous ; nous appartenons à la fois au Royaume et au Mauvais ; nous sommes divisés intérieurement entre une filiation lumineuse et une filiation ténébreuse. N’exerçons-nous pas notre liberté tantôt pour faire le bien, tantôt pour faire le mal ? Voilà pourquoi le Maître préfère sagement ne pas intervenir, du moins tant que nous demeurons dans ce monde soumis au Mauvais, qui y fait régner sa stratégie de confusion entre le bien et le mal.
Par contre le Seigneur nous avertit solennellement que la situation va basculer « à la fin du monde ». S’agit-il de l’accomplissement des temps, ou du jour de notre conversion au Christ, lorsque nous aurons enfin pleinement choisi son étendard et que nous vivrons de son Esprit ? Ce jour-là, le mystère de notre nouvelle naissance baptismale sera enfin accompli, et nous serons pleinement des « fils du Royaume ». Ceci ne se fera pas sans une douloureuse catharsis à laquelle il nous faudra consentir, car la chair n’héritera pas du Royaume (cf. Ga 5,20). Aussi, « ceux qui sont au Christ Jésus ont-ils crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses tendances égoïstes » (Ga 5,24).
« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » Serait-ce donc que nous n’avons pas tous des oreilles ? Ou plus simplement que nous n’en faisons pas usage ? La Parole ne peut agir en nous que dans la mesure où nous l’accueillons par une écoute cordiale. Elle ne peut nous révéler à nous-même, dénoncer notre ambiguïté, couper nos liens avec le monde des ténèbres que dans la mesure où nous la recevons dans un cœur d’enfant qui s’émerveille devant la Bonne Nouvelle de son salut.

« "Aide-nous, Dieu notre Sauveur, pour la gloire de ton nom ! Délivre-nous, efface nos fautes, pour la cause de ton nom ! " (Ps 78). Envoie tes sains anges : qu’ils arrachent de nos cœurs nos compromissions avec l’esprit du monde, pour que nous soyons tout à toi, en vrai "fils du Royaume". "O notre Dieu, nous espérons en toi, car c’est toi qui as fait toutes choses" (1ère
lect.) ».


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