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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Dédicace de la basilique Sainte-Marie Majeure,

Hérode savait qu’il était interdit par la Loi de vivre avec la femme de son frère ; mais il n’était pas homme à se laisser encombrer par des préceptes religieux. Ce Jean-Baptiste manquait décidément de savoir-faire politique : ne pouvait-il pas se taire comme les scribes, pharisiens et autres prêtres du Temple qui fermaient les yeux sur sa vie dissolue ? En dénonçant haut et fort son inceste, ce petit prophète faisait ombrage à son pouvoir et risquait de le discréditer aux yeux de son entourage. Hérode aurait bien voulu éliminer ce gêneur, mais il « eut peur de la foule qui tenait Jean pour un prophète ». Le père du mensonge est homicide, mais il est momentanément tenu en échec par la raison d’état, qui prescrivait la prudence ; mieux valait opter pour une solution moins radicale. Hérode se contente donc de jeter Jean en prison pour l’empêcher de poursuivre sa campagne de dénonciation. L’affaire aurait pu en rester là, si la soif de vengeance d’Hérodiade n’avait pas provoqué une issue imprévue.
L’orgueil de démesure qui avait conduit Hérode à transgresser l’interdit de l’inceste, va le conduire là où il ne voulait pas aller. Séduit par la danse de la fille d’Hérodiade, il s’engage par serment devant les convives rassemblés pour fêter son anniversaire, à donner à la jeune femme tout ce qu’elle demanderait - ce qui suppose implicitement qu’il prétend disposer en maître de toutes choses. C’est bien un objet qu’elle demande : une tête posée sur un plat pour une convivialité morbide, une communion dans le mensonge, le meurtre, le mal. Cette tête, plus précisément cette bouche désormais muette, ne viendra plus troubler les amours défendus du roi.
Pourtant Hérode ne trouve pas la paix : le souvenir de Jean hante sa mémoire, la voix du prophète mort vient troubler sa conscience. Aussi identifie-t-il Jésus au Précurseur « ressuscité d’entre les morts ». Ce faisant, il reconnaît implicitement au Baptiste la qualité de « juste », car selon la Tradition, seuls les justes persécutés ont le pouvoir de ressusciter. Mais cette reconnaissance ne s’inscrit guère dans une démarche de conversion : nous verrons bientôt qu’après avoir éliminé le Précurseur, Hérode complotera avec les scribes et pharisiens pour faire périr Jésus. La spirale du mal entraîne inexorablement ce roitelet de pacotille vers les profondeurs des ténèbres. Aveuglé par l’orgueil, il n’a pas su reconnaître l’appel à la conversion que lui adressait le Dieu de miséricorde, par la voix de son prophète et par la Parole de son Fils.
Sans doute n’avons-nous pas commis les crimes dont le prince de Galilée s’est rendu coupable. Mais prenons garde à ne pas couvrir la voix de notre conscience par le bruit de distractions mondaines ou de justifications faciles. Un temps viendra où il faudra bien venir à la lumière : mieux vaut faire la vérité en ce temps de miséricorde qu’au jour du Jugement.

« "Seigneur, tire-moi de la boue de mon péché ; que les flots ne me submergent pas, que le gouffre ne m’avale pas, que la gueule du puits ne se ferme pas sur moi" (Ps 68). Réveille-moi de mes torpeurs ; sauve-moi de mes aveuglements ; "que ton salut me redresse" (Ibid.). Convertis-moi et je serai converti. Je pourrai alors "louer le nom de Dieu par un cantique, le magnifier, lui rendre grâce" (Ibid.) ».


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