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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix

« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre » : affirmation inattendue pour celui qui se présente comme le Messie ! Isaïe n’avait-il pas prophétisé qu’il ferait habiter le loup avec l’agneau, la panthère et le chevreau, la vache et l’ours (Is 11, 1-9) ? Zacharie n’avait-il pas dit : « Il annoncera la paix aux nations » (Za 9, 10) ?
« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » : la précision ne fait qu’augmenter notre perplexité, car la lame de ce glaive, loin de chercher à atteindre des ennemis, est destinée tout au contraire à trancher au cœur même de nos relations avec nos plus intimes.
Pourtant Jésus est bien le Prince de la paix, celui qui nous la donne de la part de Dieu, mais cette paix divine ne peut s’acquérir qu’au prix d’une série de détachements, d’arrachements même ; de sorte qu’un temps de dissension précède nécessairement le temps du salut et de la paix. C’est bien ce que le prophète Michée avait prédit : « Le fils insulte son père, la fille se dresse contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère ; chacun a pour ennemis les gens de sa maison » (Mi 7, 6). Jésus fait clairement allusion à ce passage qu’il cite presque littéralement, et dont il voit l’accomplissement dans les persécutions qu’auront à subir ses disciples de tous les temps : le choix en faveur de l’Evangile sera toujours cause de divisions. Mais ces divisions mêmes attestent que les temps messianiques sont arrivés, comme le précisent les versets suivant du prophète Michée : « Mais moi je veux guetter le Seigneur, attendre Dieu mon Sauveur » (Mi 7, 7).
La paix de Dieu, celle que nul ne pourra nous ravir, ne se trouve que dans l’adhésion radicale à Jésus-Christ, préféré à toute autre attache humaine : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ». Somme toute, le glaive dont parle Notre-Seigneur, n’est autre que sa Personne, qui s’insinue au cœur même de nos relations les plus intimes. Paradoxalement, Jésus vient nous séparer les uns des autres ; et pour être sûr que nous gardions nos distances, il s’insinue lui-même entre nous. Désormais, pour le croyant, il ne devrait plus y avoir de relation duelle, sans cesse menacée par la fusion ou la violence : même dans la plus grande intimité, la présence de ce « Troisième » nous sauve du mensonge de la réduction à l’identique et nous oblige à garder le cap sur la finalité surnaturelle de nos relations humaines, à savoir le règne de la charité.
La séparation exigée est donc la condition pour entrer dans les relations vraies auxquelles Jésus veut nous donner accès. Lui seul peut nous révéler notre identité véritable, dans la mesure de notre attachement à sa Personne, fruit de notre amour préférentiel pour lui. La naissance à la vie filiale dans l’Esprit, exige un renoncement au mode de vie de l’homme ancien, marqué par sa condition charnelle. Jésus ne nous cache pas que ce renoncement sera douloureux, exigeant : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi ».
La radicalité de l’engagement implique non seulement la rupture des liens familiaux, mais exige également une conversion radicale de notre rapport à la vie : « Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera ». Le glaive de la Personne de Jésus pénètre jusqu’au cœur de notre égoïsme spontané qui consiste à « garder notre vie pour nous-mêmes ». Celui qui est né d’eau et d’Esprit, est appelé à vivre exclusivement pour le Christ, comme lui-même vit exclusivement pour le Père.

« Seigneur, la barre est haute : comment pourrions-nous répondre à une telle exigence ? Pourtant nous le croyons : ta Parole est vérité, et tu donnes ce que tu ordonnes. Il ne nous reste plus qu’à “semer dans les larmes” comme tu le fis à Gethsémani, dans la certitude que “nous moissonnerons dans la joie” (Ps 125) au matin de notre Pâque. Accorde-nous seulement dans les moments difficiles, de “nous rappeler ta miséricorde et ta bienfaisance éternelle : tu délivres ceux qui comptent sur toi, tu les sauves de ceux qui font le mal” (1ère lect.). »


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