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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

La Vierge Marie Reine,

Il est difficile à un riche d’enter dans le Royaume des Cieux. Et Jésus insiste, par deux fois. C’est vraiment difficile. Les disciples perçoivent bien la portée de l’avertissement, tant nous sommes tous convaincus d’être riches dans quelque domaine, et ils s’inquiètent : « qui donc peut être sauvé ? ».

« Pour les hommes c’est impossible », confirme Jésus. Il n’est pas possible à un riche d’entrer par lui-même dans le Royaume des Cieux. Cependant l’insistance n’est pas sur l’impossibilité en elle-même, mais sur le fait que le riche ne parvienne à entrer dans le Royaume par ses propres efforts. Le domaine du possible existe, mais il est à chercher du côté de Dieu. Si un riche ne peut parvenir à entrer dans le Royaume, Dieu, lui, peut l’y faire entrer. Et c’est ce qu’il désire faire. Voyons par quels moyens.

Ceux qu’il appelle à sa suite doivent tout quitter pour le suivre. Cela paraît en effet être un remarquable moyen contre la richesse ! Jésus demande à ses disciples de se détacher de tout, à commencer par leurs propres richesses. A se détacher de tout, mais pas de tout mépriser. Au contraire, car ce qu’on laisse est donné au centuple. Jésus veut donc nous désencombrer des richesses qui nous handicapent pour nous donner une richesse nouvelle.

Tout homme qui quitte « des maisons, des frères, des soeurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre », c’est-à-dire ses proches qui constituent et partagent sa vie quotidienne, devient « héritier », et « aura en partage la vie éternelle ». Le discours de Jésus vise clairement l’accès à la dignité de fils. Devenir héritier, entrer dans une nouvelle lignée, nécessite de renoncer aux liens de parentés actuels. Voilà par quel moyen il nous rend pauvre pour nous combler de sa richesse.

Jésus ne demande donc pas de mépriser ce monde et ses habitants, de tenir pour rien nos familles, mais de renoncer à limiter notre horizon aux liens de notre parenté naturelle. Le don de la vie éternelle qui nous est fait nous rend héritiers du Royaume et fait de tous les hommes nos frères. Pour goûter cette plénitude, il faut quitter l’univers étriqué de nos généalogies et entrer dans la famille des croyants.

Jésus insiste car la proposition n’est pas une évidence. Comment aimer les nôtres peut-ils nous empêcher d’en aimer d’autres ? Plus radicalement, à quoi bon fonder une famille si Jésus exige sa dissolution ?

Nous sommes bien en des temps où il est urgent de défendre les familles, au nom de l’Evangile. Mais cette nécessité dit aussi que « quitter » sa famille par amour du Seigneur ne consiste pas à l’abandonner ni à la détruire. Il faut simplement la remettre dans la vérité qui est la sienne. Sans se crisper dans une relation qui pourrait devenir idolâtrique. Toute famille a pour vocation de signifier et de devenir la famille de Dieu. Preuve en est que pour fonder une famille, il faut « quitter » sa propre famille. Le même mot est employé dans la Genèse.

En ces semaines où la gratuité est plus facile à vivre, ne serait-ce qu’en prenant davantage de temps ensemble, que chacune de nos familles puisse revenir à la source de la grâce qui les constitue, qui en fait de véritables « églises domestiques », où chacun découvre l’exercice de sa liberté pour répondre, selon son appel propre, à l’invitation du Christ de tout quitter pour devenir héritiers du Royaume. Que l’Esprit qui unissait la sainte famille nous conduise au lieu privilégié où nous pouvons prendre le risque de la pauvreté et découvrir ensemble la plénitude de la richesse du Christ.


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