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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

jeudi, 22ème semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Frère Dominique, fsj

La bible:

« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ! ». Ne nous y trompons pas. L’image d’un Pierre qui renâcle et qui râle est dans tous nos esprits, mais ce miracle d’une pêche miraculeuse ne lui est pas donné comme preuve de la puissance de Jésus. Il n’en a pas besoin. Pierre jette les filets parce que Jésus le lui demande et cela lui suffit. Le miracle rapporté aujourd’hui ne cherche pas à concentrer notre attention sur les prouesses de Jésus, il nous raconte la naissance de la vocation de saint Pierre, il nous dit comment ce pêcheur du lac de Galilée est devenu un pêcheur d’hommes.

Quand Pierre rentre bredouille au petit matin, il sait qu’il n’y a pas d’espoir. Il connaît son métier. Donc s’il jette une fois encore les filets après que le maître eût fini son enseignement, ce n’est pas par un fol espoir de glaner quelques poissons. Il l’explique d’ailleurs à Jésus : « sur ton ordre, je vais jeter les filets ». Le Maître a parlé, le disciple obéit.

Au cœur de l’évangile de ce jour est donc l’obéissance. Cette vertu n’a pas bonne presse. Elle vaut pourtant qu’on la considère, parce qu’après une pêche qui a échoué par manque de poisson, nous frôlons l’échec inverse : on manque de déchirer les filets par excès de poisson. Comment se peut-il qu’une telle abondance suive une telle pénurie ?

Par l’obéissance. C’est-à-dire d’abord par l’écoute. « Obéir » vient de « écouter ». Quand Pierre obéit à Jésus, il se décide sur une parole qu’il a entendue et à laquelle il prête foi. Il y prête foi parce que son maître la prononce. Le secret de la sagesse est aussi simple que cela. Aussi simple que réagir à une parole, sans être naïf ni incrédule, mais en étant sage. Le naïf croit mal à propos, l’incrédule détourne son impuissance à croire en décidant de croire au mal. Le sage, lui, reconnaît la voix de son maître et la met en pratique. Il n’y a rien d’humiliant ni de dégradant dans cet acte de liberté puisque, en nous faisant accomplir sa volonté, il nous rapproche de Dieu.

En outre, parmi les nombreuses vertus que nous avons à pratiquer, l’obéissance est la plus accessible. En effet, qui veut être loyal, chaste, travailleur, patient ou fort doit d’abord se faire une idée de ce qu’est un homme loyal, travailleur ou patient. Il doit ensuite évaluer comment exercer ces vertus dans le cadre original de son quotidien. Il doit se demander comment, ici et dans ces conditions, être bon ou être prudent ?

L’obéissance est beaucoup plus simple. Il n’y a pas à se demander où elle mène car elle consiste toujours à avancer, dans la foi, vers l’inconnu. Quand Pierre choisit d’obéir à Jésus, il ne sait qu’une chose : son maître lui a demandé de jeter les filets, contre toute évidence. Cela lui suffit et cela n’a rien d’abstrait. Pierre montre qu’obéir est accepter la volonté d’un autre, un autre en particulier, quelqu’un de bien concret, avec qui on est en relation personnelle. On obéit à quelqu’un qui nous parle.

Cela ne veut pas dire qu’on suit n’importe qui ni qu’on accepte de faire n’importe quoi. Cela veut dire qu’on renonce à suivre un but strictement personnel : Pierre insiste pour dire qu’il n’a aucun espoir de prendre du poisson. Ce qui donne sens à son acte est la qualité de sa relation avec Jésus Il n’y a aucune duplicité en lui, il a simplement choisi la volonté de son maître au détriment de la sienne.

C’est ainsi que Pierre a rencontré Dieu. La présence de Jacques et de Jean lorsque Pierre se prosterne, l’atteste. Ils sont toujours mentionnés tous les trois quand Dieu se dévoile. En Jésus, Dieu se dévoile donc à Pierre qui a obéit et lui révèle le sens de sa vie. La surabondance de poissons était un signe de la surabondance de la grâce faite de ceux qui choisissent de s’en remettre à la volonté de Dieu. Il n’y a plus de limite à l’action du Seigneur dans la vie de celui qui lui obéit.

Seigneur Jésus, donne-nous d’accéder à cet état du disciple qui a réellement tout lâché pour te suivre, qui ne reste lié en rien à sa volonté propre. Toi seul sais ce qui est bon pour nous. Donne-nous de le recevoir de toi et de le réaliser avec toi. Permets que nous soyons suffisamment dociles à l’Esprit de notre baptême, pour faire l’expérience concrète de cette obéissance qui nous engendre à l’image de Dieu, qui nous donne d’être enfin fidèles à la grâce que tu nous as acquise : être les fils qui réjouissent le cœur de Dieu notre Père.


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