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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

lundi, 24ème semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

La figure de ce centurion est décidément bien surprenante ! Nous apprenons que ce romain, gradé dans l’armée d’occupation « aime la nation juive » et a même investi de sa fortune personnelle dans la construction de la synagogue de Capharnaüm. Il entretenait donc des liens suffisamment cordiaux avec les responsables juifs, pour que ceux-ci s’ouvrent à lui de leurs difficultés financières - ce qui est pour le moins étonnant.
L’Evangile nous apprend en outre que c’est un homme de cœur : un esclave n’était pas une personne au plein sens du terme ; il ne jouissait d’aucun droit et était plutôt un instrument de travail qu’un être humain. Or, le centurion « tenait beaucoup » à son esclave et n’hésite pas à faire jouer son influence auprès des notables juifs pour prier Jésus de venir le « sauver ». La gratuité du geste vaut la peine d’être soulignée : cet étranger ne tire pas personnellement profit de la dette de charité contractée par les Juifs, mais il s’en dessaisit en faveur de son serviteur.
Bref, voilà un occupant bien sympathique, respectueux de la religion juive, portant un souci paternel de sa maisonnée et ouvert aux charismes de ce Rabbi de Nazareth dont il a entendu parler.
Entendant la générosité de cet homme, Jésus se met en route avec la délégation juive venue plaider sa cause. Et voici que le centurion, loin de s’enorgueillir d’avoir fait déplacer le Maître et de pouvoir l’accueillir sous son toit, pousse la délicatesse jusqu’à dispenser Jésus d’entrer chez lui : il sait en effet que les Juifs n’ont pas le droit d’entrer dans la maison d’un païen sous peine d’impureté rituelle. Pour le centurion, la présence physique de Jésus n’était donc pas indispensable pour accomplir le miracle : « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri ».
La confession de foi exemplaire de ce païen a traversé les âges et alimente encore aujourd’hui notre prière, puisqu’elle a été introduite dans le rituel de la Messe. Nous redisons en effet ce verset à chaque Eucharistie, au moment où nous nous préparons à recevoir en nous la présence réelle de Jésus par notre communion à son Corps et à son Sang. Ne sommes-nous pas tous des païens greffés sur l’arbre franc du judaïsme, qui trouve en Jésus son accomplissement ? Lu sur l’horizon du temps de l’Eglise, notre récit prend ainsi une dimension prophétique : à la plénitude des temps, le Verbe s’est fait chair, il a planté sa tente parmi nous, il est entré une fois pour toutes « sous le toit » de notre humanité. Il n’a plus besoin désormais de se déplacer pour venir jusqu’à nous : sa Parole de salut emplit l’univers et n’attend que notre acte de foi pour nous guérir et nous arracher à la mort.
« Le salut vient des juifs » (Jn 4,22), mais il est un don de Dieu pour tout homme de bonne volonté, qui ne résiste pas à l’Esprit et sait reconnaître, avec humilité et gratitude, le temps où le Seigneur passe dans sa vie. Les Béatitudes et le discours sur la montagne nous avaient avertis : la portée universelle des énoncés - « Heureux les pauvres » - excluait toute interprétation limitative. La Parole de Dieu s’adresse bien à tous les hommes, de toute langue, race et nation, qui, comme le centurion, ont gardé leur cœur ouvert aux besoins de leurs frères, même de religion et de condition sociale différentes. C’est cette ouverture de cœur qui a permis à ce païen d’accueillir la grâce, et non l’appartenance au peuple de la première Alliance, dans lequel Jésus ne trouvera pas une telle disponibilité.

« Seigneur Jésus, inlassablement tu marches sur nos routes pour nous offrir ton salut. Comme seule condition, tu nous demandes de consentir à l’action de l’Esprit qui nous donne de croire en toi, et d’aimer notre prochain d’un amour de compassion active, à l’image de ta charité divine. Donne-nous une foi qui suscite encore ton admiration, afin que soit libérée la puissance de ta Parole en notre faveur et en faveur de ceux pour qui nous intercédons auprès de toi. »


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