mardi, 25ème semaine du temps ordinaire

« Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ». Par ces mots, Jésus blâmerait-il sa mère et les gens de sa parenté qui cherchent à le voir ? Non, penser cela serait se méprendre. Jésus va en fait se servir du désir qu’ils expriment pour mieux montrer à ses disciples en quoi réside la véritable parenté avec lui.

Il est important de relever ici que le texte grec précise qu’il s’agit d’« écouter » la Parole de Dieu et non pas simplement de l’entendre, rapidement, en passant… Il est frappant aussi que cette invitation à l’écoute et à la mise en pratique arrive juste après cette mise en garde de Jésus : « faites attention à la manière dont vous écoutez » (Lc 8,18). Autrement dit, l’enjeu est bien ici la qualité de notre écoute de la Parole de Jésus car c’est d’elle que naîtra cette intimité avec lui qui fera de nous ses frères, sa mère.

Etre « frère » de Jésus à l’écoute de sa Parole, cela n’est pas trop surprenant. En effet, cette Parole qu’il nous livre est celle du Père qui nous dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». Nous découvrons ainsi en contemplant Jésus, le Fils en qui nous sommes fils. Par adoption, nous nous découvrons en lui fils d’un même Père et ainsi, unis par un lien de fraternité.

Etre « mère » de Jésus, cela peut paraître plus problématique… Comment entendre ici la maternité dont parle Jésus ? Revenons à l’écoute de la Parole puisque c’est là l’enjeu de ce passage. En saint Matthieu (chapitre 13), Jésus compare la Parole à une semence que le semeur vient jeter dans la terre pour qu’elle y germe et y porte du fruit. Ainsi, celui qui écoute la Parole de Dieu la laisse descendre comme une semence au fond de son cœur et se laisse transformer par elle afin qu’elle porte en lui un fruit de conversion. Voilà où se situe la « mise en pratique » de la Parole : celui qui écoute la Parole, l’enfante à son tour. Car la conversion d’un cœur témoigne de ce qui en est à la source (ici : le Christ lui-même, le Verbe, la Parole vivante, envoyé par le Père pour se faire chair et venir féconder la terre de notre humanité) et y renvoie toujours.
Nous voyons combien, dans ce passage de saint Luc, Jésus ne saurait critiquer la maternité de Marie. N’est-elle pas en effet cette terre accueillante par excellence qui reçut en elle le Verbe de vie pour que celui-ci puisse y germer et porter du fruit pour le salut du monde ?

« Seigneur, que ta Parole pénètre au plus profond de nous-mêmes. Que son accueil nous unisse à toi comme des frères et nous fasse ainsi devenir toujours plus fils à ton image. Qu’elle féconde notre terre pour que par toute notre vie nous puissions la proclamer et l’enfanter dans les cœurs. »