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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

26e dimanche du Temps Ordinaire

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Auteur :

Frère Elie, fsj

La bible:

L’évangile de ce dimanche nous rapporte une partie d’une longue instruction de Jésus adressée à ses disciples (Mc 8,22 – 10, 52). Dans ce passage, nous sont présentées trois exigences de conversion pour celui qui désire marcher à la suite du Seigneur. Arrêtons-nous un peu sur chacune d’entre elles.

Jésus commence par dénoncer cette mentalité qui reviendrait à croire avoir la main sur lui en attribuant à nos propres mérites les dons qu’il nous faits (v.38-40). Une manière indirecte pour Jésus de dévoiler chez les disciples une soif de pouvoir qui doit être remplacée par le désir de se faire serviteur de ses frères. Notons bien que dans l’évangile, les disciples reprochent à cette personne qui chasse les démons au nom de Jésus de ne pas les suivre et non pas de ne pas suivre Jésus. C’est révélateur. En fait, ils prennent la place de Jésus en s’instaurant comme les garants de l’orthodoxie de ceux qui agissent au nom de Jésus. D’une certaine manière, nous retrouvons ici la thématique de la première lecture où Dieu choisit librement de faire reposer son esprit de prophétie sur Edad et Médad bien qu’ils ne soient pas parmi ceux qui se trouvent à la tente de la Rencontre. Prophétiser ou non vient du choix du Seigneur et non du fait de se tenir ou non dans la Tente de la rencontre.
La recommandation que nous pouvons entendre ici pour nous est de ne pas nous croire propriétaires des dons de Dieu en raison de notre pratique religieuse, de notre appartenance à l’Eglise… Cela compte mais ne saurait faire oublier que les dons de Dieu sont toujours gratuits et ne nous sont pas attribués en raison de nos actions, aussi justes soient-elles. Si notre fidélité à l’égard du Seigneur importe et ne saurait être considérée comme facultative, c’est parce qu’elle contribue à disposer toujours davantage notre cœur à sa grâce.

Dans la deuxième partie de l’évangile, Jésus nous invite ensuite à un examen de conscience par rapport à notre attitude vis-à-vis des plus pauvres et des plus petits (v. 41-42) : « Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes et qu’on le jette à la mer. » Cette seconde exigence dans notre marche à la suite du Christ nous rappelle la nécessité vitale, pour nous chrétiens, de nous remettre sans cesse devant ce choix de disponibilité, d’accueil et d’aide envers les plus démunis, que leur pauvreté soit matérielle, humaine ou spirituelle. Jésus est venu et continue à venir à nous comme un pauvre et l’abaissement est le chemin du salut. De plus, comment prétendre suivre Jésus et délaisser les pauvres alors que notre Seigneur n’a de cesse de nous rappeler qu’il n’est pas venu pour les riches et les bien portants mais pour les pauvres et les pécheurs ! Ajoutons à cela que découvrir le Christ dans le plus pauvre n’est-ce pas se rappeler que la condition pour être sauvé est de se reconnaître impuissant à le faire par ses propres forces ? Enfin, voir le Christ dans le plus pauvre n’est-ce pas aussi la meilleure façon de saisir que l’amour que Jésus infuse en nous afin d’en être les canaux auprès de nos frères en humanité est notre seule richesse ? N’est-ce pas là le trésor trouvé par tous les saints ? On peut être riche de biens et en même temps riche d’un amour vrai et authentique. On peut aussi être riche de biens et pauvre d’amour et enfin on peut être pauvre de bien et riche de son souci de posséder et d’accumuler. Notre véritable trésor consiste dans la sainteté qui supplante et oriente toutes les autres richesses aussi légitimes soient-elles vers leur véritable finalité : le service de tous en vue de contribuer au bien de tous. C’est bien ce que dit saint Jacques dans la deuxième lecture lorsqu’il met les riches devant leurs responsabilités d’user et de bien user de leurs biens.

Nous arrivons à la troisième exigence lorsque Jésus insiste sur la décision résolue à prendre pour le disciple à s’engager et à se mettre en peine pour l’Evangile (v. 43-48). Notre Seigneur veut nous prévenir contre l’habitude, la routine, dans notre façon de vivre l’Evangile. Pour cela, il met devant nos yeux les liens susceptibles de nous empêcher de vivre dans sa plénitude et sa radicalité la Bonne Nouvelle de son Amour et il nous demande de les « couper ».
Jésus explicite sous la forme de trois sentences imagées ce qui risque d’entraver le disciple sur son chemin de foi : « Si ta main… si ton pied… si ton œil t’entraînent au péché, coupe-les ». La main, le pied, l’œil : trois organes que nous utilisons pour communiquer avec autrui. Jésus touche trois points liés aux relations que nous entretenons avec nos frères. Et si le pied désignait le fait d’aller là où l’on veut sans rendre de compte à personne et encore moins à Dieu. Et si la main représentait le fait de nous approprier ce que nous recevons d’autrui, qu’il soit notre frère en humanité ou Dieu lui-même. Et si l’œil signifiait nos envies jamais assouvies, nos jalousies, nos regards silencieux qui emprisonnent, qui réduisent l’autre à n’être qu’un objet. Trois péchés qui nous replient sur nous-mêmes, nous enferment dans la solitude et nous empêchent de nous ouvrir à nos frères et à Dieu. Trois péchés qui nous déshumanisent en s’attaquant à notre être relationnel.
Face à cela, Jésus nous renvoie à notre responsabilité : « Coupe-le ». C’est bien à moi d’agir, de couper ce qui en moi est mauvais et m’entraîne au péché. Jésus ne fait pas à ma place. Autrement dit, si je ne veux pas me convertir, il ne me forcera pas. Autant ma liberté peut-elle coopérer à la grâce, autant peut-elle y faire obstacle.

« Seigneur Jésus, merci pour le cadeau précieux de notre liberté. Donne-nous de savoir en faire usage pour coopérer à ton œuvre de salut en nous et autour de nous. Que nous sachions renoncer à tout ce qui nous entraîne au péché, particulièrement à tout ce qui nous coupe de toi et de nos frères. Que le feu de ton Esprit vienne nous purifier pour que le sel de notre vie chrétienne ait la saveur du service de la charité et de la paix. Alors, nous pourrons légitimement nous présenter comme tes disciples. »


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