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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

jeudi, 27ème semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

La situation que Jésus met en scène peut nous paraître peu réaliste : il n’est pas courant dans nos pays qu’un visiteur vienne nous éveiller en pleine nuit, en quête de trois pains ! Mais en Palestine, les voyageurs se déplaçaient de préférence à la fraîcheur du soir ou de la nuit. Il n’était pas choquant non plus de frapper à la porte d’un parent ou d’une connaissance pour demander sa ration de nourriture, évaluée précisément à « trois pains ». Or voilà que la personne sollicitée se trouve prise au dépourvu : le pain du lendemain n’est pas encore cuit, et il ne reste rien de celui de la veille. Aussi va-t-elle solliciter son voisin pour pouvoir honorer son devoir d’hospitalité.
La résistance de celui qui est couché se comprend fort bien : les maisons ne comportaient qu’une seule pièce, avec parfois une mezzanine au-dessus de l’étable. La famille y grimpait pour profiter de la chaleur des animaux qui réchauffait le plancher. Tout le monde dormait côte à côte sur une natte ou un tapis. Après avoir barricadé la porte d’entrée au moyen d’une poutre et couché les enfants, le père éteignait la lampe à huile pour la nuit. Difficile dans ces conditions de redescendre de son perchoir dans l’obscurité, sans réveiller toute la marmaille !
La mauvaise humeur de cet homme, sollicité après le couvre-feu familial, se comprend donc assez bien : l’autre dehors a beau y mettre les formes : « Mon ami… », il se fait expédier par un « Ne viens pas me tourmenter ! » qui en dit long. On imagine sans peine le dialogue entre ces deux hommes, à mi-voix, à travers la porte, celui de dehors insistant et celui de l’intérieur tentant en vain de le faire taire. On devine également que l’ami importun arrivera à ses fins, l’autre cédant de guerre lasse, pour éviter d’éveiller les siens par une discussion dont le ton ne manquerait pas de monter si elle se prolongeait !
La situation a quelque chose de cocasse, qui n’aura pas échappé à l’auditoire de Jésus. Rebondissant sur l’éclat de rire qui a du saluer son récit, Notre-Seigneur invite ses auditeurs à oser la même insistance dans leur relation à Dieu. Lui au moins n’est pas couché sur sa mezzanine après avoir éteint la lumière et barricadé la porte ! « Non il ne dort pas, ne veille pas le gardien d’Israël » (Ps 121, 4) et sa porte est toujours ouverte. Jésus ne précise pas d’amblée ce que nous avons à demander : la leçon porte d’abord sur l’attitude qui convient dans la prière, à savoir la reconnaissance de notre pauvreté - bien plus : de notre indigence - qui justifie toutes les audaces. Loin d’importuner Dieu, cette humble insistance libère tout au contraire sa générosité et ouvre les écluses de sa miséricorde. La précision du contenu de la prière suivra en fin de péricope : ce que le « Père céleste » désire « donner à ceux qui le lui demandent », n’est autre que l’Esprit Saint, en qui ils pourront participer à sa propre vie.
La transition a permis au Seigneur de passer de l’« ami » importun au « fils » qui demande à son père non seulement le nécessaire pour survivre, mais également « un poisson » et « un œuf » : ces « bonnes choses » que tout parent est heureux de pouvoir offrir à son enfant pour agrémenter son pain. La comparaison utilisée par Jésus peut à nouveau nous sembler bizarre, mais certains poissons dans le lac de Galilée - du type de nos anguilles - ressemblent à s’y méprendre à des serpents, et un scorpion replié sur lui-même, peut fort bien être confondu avec un petit œuf. Aucun père terrestre ne tendrait de tels pièges mortels à son enfant alors qu’il lui sollicite le nécessaire pour vivre. A fortiori « le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint », c’est-à-dire la vie éternelle, à ses enfants qui le lui demandent.

« Seigneur, en comparant mon attitude dans la prière, à l’enthousiasme auquel tu nous invites, je reconnais que je suis plutôt tiède. Est-ce mon manque de foi qui me trahit ? A moins que ce soit la peur de devoir rembourser ce que tu me donnes qui me paralyse ? Peut-être ai-je tout simplement du mal à te faire confiance et à accepter de dépendre de toi ? Quoi qu’il en soit, je vois bien que j’hésite à adopter l’attitude de l’ami importun ou de l’enfant insistant : je me trouve mille “bonnes excuses” pour justifier ma réserve, dont le vrai nom serait plutôt de la défiance. Je t’en prie, Seigneur : bouscule-moi, arrache-moi à cette foi hésitante et propulse-moi, dans l’élan de ton Esprit Saint, sur le chemin de la confiance filiale. Que ma prière ne soit pas hypocrite lorsque je lève les yeux vers toi en te disant : “Père, donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien”. »


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