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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

1er dimanche de l’Avent

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

Après la solennité du Christ, Roi de l’univers, qui tout en clôturant le temps ordinaire, oriente résolument nos regards vers l’eschatologie, l’Avent à la fois prolonge ce mouvement et creuse le désir du retour définitif du Seigneur en nous faisant contempler sa première venue. Entre la clôture de l’année précédente et l’introduction à la suivante il n’y a pas à vrai dire de coupure franche : le choix des lectures de la première partie de l’Avent (du 1er dimanche au 16 décembre) garde notre attention tournée vers l’avenir ; la liturgie ne se focalisera sur la nativité du Christ que dans les huit derniers jours du temps préparatoire à la fête de Noël.
« Voici venir des jours… » : l’invitation est à la vigilance. Il ne suffit pas de vaquer aux occupations quotidiennes comme si elles devaient durer toujours. Ce monde passe ; ou plutôt nous passons en ce monde pour en accueillir un autre qui se manifestera bientôt. L’expression « en ces jours-là » martèle la première lecture : il s’agit de contempler dans la foi ce qui s’annonce, afin de pouvoir orienter notre vie dans la bonne direction.
Spontanément nous pensons que les paroles de Jésus que nous venons d’entendre renvoient à un lointain futur, à ce moment ultime que nous appelons la Parousie et dont saint Paul nous précise qu’il sera annoncé par « la voix de l’archange et le son de la trompette de Dieu » (1 Th 4,16). Or en lisant plus attentivement ce passage d’Evangile, nous découvrons que Notre-Seigneur annonce au contraire l’imminence de son retour dans la gloire, selon un processus qui s’étalera dans le temps : Jésus déploie en effet son message selon un diptyque : un cataclysme cosmique précède et annonce la venue dans la gloire du Fils de l’homme. L’événement initial nous est présenté explicitement comme une dé-création, un retour au chaos primordial : les astres que Dieu avait placé au firmament pour régler les fêtes et saisons sont ébranlés, les éléments sur terre sont déchaînés. Cette déconstruction cosmique symbolise l’obscurcissement des facultés spirituelles et l’anarchie des passions suite au péché. Les œuvres de la chair : « débauche, ivrognerie » - auxquelles Notre-Seigneur ajoute « les soucis de la vie » - appesantissent le cœur de l’homme et le rabattent vers la terre où il demeure prisonnier, comme un oiseau saisi dans les filets de l’oiseleur.
Le second volet nous parle de la venue du Fils de l’homme « dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire » : allusion directe à la Résurrection. Dieu ne laisse pas mettre en échec son projet d’amour : après l’apparent triomphe du péché, se dresse le Christ ressuscité, Soleil de justice de la création nouvelle qu’il inaugure au matin de Pâque.
Ainsi donc, les images utilisées par Jésus ne renvoient pas à la fin du monde mais à la fin d’un monde ; de ce monde clos, refermé sur lui-même, enfermé dans ses peurs, prisonnier du péché, que la Résurrection a fait voler en éclat. Vu sous cet angle, l’avènement du Fils de l’homme n’est plus un événement redoutable mais tout au contraire le moment tant espéré de notre délivrance.
Ce salut ad-vient, il vient à nous progressivement au cœur de l’histoire, qu’il travaille de l’intérieur, comme un ferment enfoui dans la pâte ; il épouse notre condition temporelle, respecte nos cheminements. Il s’approche ; nous allons à sa rencontre. Certes un jour l’histoire atteindra son terme et nous entrerons dans la définitivité, dans l’éternel présent de Dieu ; mais « il ne nous appartient pas de connaître le jour et l’heure » (Mt 25,13). Ce que le Seigneur attend de nous, c’est que nous poursuivions notre marche à sa rencontre, en nous aimant d’« un amour de plus en plus intense et débordant, afin d’être établis fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père, pour le jour où Notre-Seigneur Jésus-Christ viendra avec tous les saints » (2nd lect.).
Dans cette attente, « tenez-vous sur vos gardes » nous avertit Jésus, « de crainte que votre cœur ne s’alourdisse » et que l’inertie du péché ne vous ramène aux séductions et aux préoccupations de l’ancien monde. Pour éviter de régresser, il ne nous reste plus qu’à « faire de nouveaux progrès », comme nous le conseille Saint Paul dans la seconde lecture. Puisque « nous sommes ressuscités avec le Christ, recherchons ce qui est en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. C’est en haut qu’est notre but, non sur la terre. Et quand le Christ, notre vie, paraîtra, alors nous aussi nous paraîtrons avec lui en pleine gloire » (Col 3,1-4). Telle est la joyeuse espérance dont l’Eglise fait mémoire en ce premier dimanche de l’année liturgique pour nous exhorter à la conversion.
Et si la lassitude d’âme, les soucis de la vie, les préoccupations quotidiennes se sont abattus sur nous, souvenons-nous que la grâce propre du temps de l’Avent est précisément une grâce d’éveil, dans la conscience que depuis la venue du Verbe de Dieu dans la chair et depuis sa victoire sur la mort, l’Eternel a définitivement pris autorité sur les vicissitudes de l’histoire. Le voile du temps est déchiré ; comme Etienne nous pouvons déjà contempler « les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac 7,56), venant sur les nuées pour combler ceux qui auront mis en lui leur espérance.
Peut-être la pensée nous traverse-t-elle que cet optimisme de circonstance a des relents de triomphalisme bien déplacés en ce temps de « crise de la chrétienté ». Il est indéniable que l’Eglise traverse un temps de purification ; mais sachons garder nos distances par rapport aux interprétations défaitistes qui enterrent déjà la foi chrétienne. Ce ne sont pas les sondages qui prophétisent l’avenir mais les saints, eux qui témoignent par toute leur vie de la présence agissante de l’Esprit Saint au cœur du monde. C’est en suivant leur exemple, et non en nous lamentant sur le triste état de notre siècle, que nous hâterons le retour glorieux de Notre-Seigneur.

« Maranatha : Viens Seigneur Jésus ! Toi “qui est notre justice” (1ère lect.) hâte toi d’“accomplir ta promesse de bonheur” (Ibid.). Pleins d’espérance, nous tournons nos regards vers le jour et l’heure de ta venue. Envoie sur nous ton Esprit afin que nous puissions “rester éveillés, prier en tout temps” et “avancer avec courage sur les chemins de la justice à ta rencontre” (Or. Ouv.). »


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