Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 26 avril 2024 - Bse Alida
Navigation: Homélie

 

Homélie

Férie de l’Avent

Imprimer Zoom
Envoyer PDF

Auteur :

Frère Dominique, fsj

La bible:

Toute société est régie par des lois. Le centurion, mieux que tout autre peut-être, le sait. Il est là pour faire respecter l’ordre, et il vit dans un corps strictement réglementé. De plus, depuis qu’il est installé en Palestine, il a appris à connaître, et à respecter, les conventions locales. Par exemple, il n’est pas permis à un rabbi de pénétrer sous le toit d’un étranger. Le centurion le sait, et ne prétend pas pousser Jésus à le faire. On peut même imaginer que son respect l’entraîne à s’adresser à Jésus en grec, ou peut-être avec quelques mots d’araméen, plutôt qu’en latin. Cela ne serait pas surprenant d’un tel personnage.

Mais que le centurion reconnaisse ainsi la distance qui le sépare du rabbi de Nazareth, n’est rien à côté de l’éloge qu’il reçoit de Jésus. Le Seigneur parle en effet de lui faire prendre place « avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du Royaume des Cieux » ! Voici une promesse extraordinaire adressée à un incirconcis. Elle est celle qui ouvre notre marche vers Noël.

Le centurion est en effet la première figure à venir nous apprendre à attendre le Seigneur. Nous chanterons, les antiennes de l’Avent sont particulièrement belles, « viens nous sauver, Seigneur ! ». Notre détresse est grande en effet et notre besoin de salut impérieux. Le centurion, lui, n’interpelle pas Jésus pour lui-même, mais pour un de ses serviteurs. Un serviteur dont la souffrance l’émeut tellement qu’il ne semble plus voir les autres, encore à son service : « mon serviteur ». Le soldat ne remplit pas sa prière de lui-même, mais des besoins des autres.

Jésus sui t le même mouvement. Aucune demande ne lui a encore été faite, le centurion a juste exposé la situation douloureuse, mais il décide de venir aussitôt. La compassion de Dieu est un élan irrépressible. Aucune nuit ne l’arrêterait.

Mais le centurion le freine ! Il se met à parler de lui-même : « je suis ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ». Quelle étrange méditation pour nous tourner vers le mystère de l’Emmanuel, pour accueillir la joie de voir le Verbe de Dieu se faire chair pour habiter chez nous !

Mais il ne s’agit pas de retarder Jésus, mais de nous préparer à sa venue. « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri ». Ce qui est le plus important aux yeux du centurion qui nous est donné en exemple aujourd’hui, est la place de la Parole dans nos vies. L’explication qu’il donne l’illustre : quand il dit « ‘Va’, et il va » et « ‘Viens’ et il vient », le centurion n’explique pas que Jésus doit dire une parole et une seule, il ne prétend pas qu’en en disant plus ou en se déplaçant jusqu’au chevet du malade, Jésus en ferait trop. Il ne donne pas des exemples de concision, mais d’efficacité. En effet, quand un ordre est donné par celui qui a autorité, rien ne s’oppose à sa réalisation, elle est immédiate. Autrement dit, le centurion demande plus qu’une guérison et plus qu’un simple ordre qui s’adapte à la situation forcée par la distance que doit tenir un rabbi : il demande une guérison rattachée à l’ordre de la parole. Si le soldat obéit à son supérieur, c’est parce qu’il est assujetti au pouvoir de sa hiérarchie. Ainsi, la demande du centurion montre que pour lui tout être humain est assujetti à la parole de Jésus.

Voilà la magnifique entrée que nous propose l’Église pour notre pèlerinage de l’Avent. Au-delà des rites, au-delà des conventions et des cadres, nous avons reprendre conscience que nous sommes tous soumis à la parole qui a engendré le monde et toute vie. La foi dont Jésus fait aujourd’hui l’éloge dit cela. Cette foi est une adhésion à l’ordre de la parole de Dieu, ordre qui sera bientôt manifesté, concrètement, à tous. Car, dans cette parole, la guérison du serviteur a pris forme, le statut filial du centurion a pris effet, et, demain, le Verbe de Dieu va prendre chair.

Seigneur, dis seulement une parole, ta parole qui ordonne le monde ! Seigneur, nous avons conscience de notre indignité, de la distance qui nous sépare, mais dis seulement ta parole de vie et ce que tu dis prendra chair en nous. Nous aurons enfin une place parmi tes fils, « avec Abraham, Isaac et Jacob, au festin du Royaume des Cieux » !


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales