Férie de l’Avent

Le récit que nous méditions aujourd’hui est celui qui ouvre l’évangile de Luc. Sa force descriptive nous captive et fait résonner en écho de nombreuses pages de l’Ancien Testament qui relatent des naissances impossibles. Ismaël, Isaac et Samson illustrent ce tableau de famille.

Toutes les composantes habituelles sont là : l’apparition de l’ange engendrant chez les hommes la crainte, le message céleste suivi de l’injonction à s’y soumettre, l’assurance, accompagnée d’un signe, que tout ce passera comme promis. La longue attente d’Israël est soulignée : la scène se situe en effet au cœur de Jérusalem, dans le Temple qui dit la fidélité de Dieu envers son peuple.

En outre, le couple que nous rencontrons est exemplaire de sainteté. Zacharie et Elisabeth sont dits justes et irréprochables, comme l’étaient Abraham et Sarah. La femme du patriarche était la première, trop vieille pour enfanter, à être l’objet de cette promesse inouïe apportée par l’ange du Seigneur.

Mais nous ne sommes pas les seuls à mesurer la portée de cet événement survenu dans le Temple, au cœur d’une liturgie, devant l’autel du Seigneur. La foule était là, nombreuse, et elle atteste qu’une rencontre divine est bien à l’origine de ce bouleversement. Et Zacharie lui-même, interlocuteur de l’archange Gabriel, connaît la grâce du lieu où il se trouve et le témoignage des Ecritures. Il connaît par cœur la rencontre d’Abraham avec le messager divin et fait sienne sa réponse : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, je suis un vieil homme, et ma femme aussi est âgée ». Mais là où Abraham, qui était le premier à recevoir une telle promesse, émettait humblement la demande d’un signe, Zacharie, qui connaît la bénédiction et ses multiples réalisations dans l’histoire sainte, fait preuve d’un manque de foi.

L’ange est surpris de l’incrédulité de Zacharie. Le vieux prêtre sait pourtant bien que la vieillesse et la stérilité ne sont pas des obstacles pour Dieu. C’est pourquoi en réponse à la question de Zacharie, la même que posa Abraham, l’ange dit « Je suis Gabriel », c’est-à-dire : je suis l’ange qui donne le signal des temps messianiques, je suis celui qui est chargé d’annoncer que le salut ultime attendu par Israël va s’accomplir.

Le signe sera donné cependant. Zacharie ne pourra pas témoigner, il ne pourra pas rendre grâce à Dieu avant l’accomplissement de la promesse reçue, mais la foule a compris et témoigne. Le peuple entier est concerné par ce qui arrive. En effet, voici prononcé le maître mot de l’Avent : l’accomplissement. C’est lui qu’attend « toute l’assemblée d’Israël qui se tient dehors ». Elle se tient « en prière ». Cet accomplissement advient dans le Saint des Saints, en pleine liturgie ; il arrive dans la vie d’un vieux prêtre qui n’y croit pas vraiment. Mais ce manque de foi n’arrête pas le Seigneur dans ses projets.

A quelques jours de Noël, nous voici exhortés à renouveler notre participation à la liturgie. Comme Zacharie, nous connaissons d’avance tous les éléments qui la composent, nous savons déjà tout ce qui va s’y dire. Mais comme Zacharie, nous pouvons manquer le rendez-vous avec l’ange de Dieu par manque de disponibilité intérieure. Soyons donc vigilants à rejoindre toute l’assemblée de l’Eglise en prière qui attend avec ferveur l’accomplissement des temps. Noël n’est pas un anniversaire, il est le rendez-vous que nous fixe notre Dieu pour réaliser sa promesse.

Viens Seigneur Jésus ! Viens-toi même éveiller nos cœurs à ta présence, que nous puissions te reconnaître dans les messagers que tu nous envoies, dans les sacrements où tu te donnes. Viens ensemencer de ton Esprit la tristesse et la vieillesse de nos vies, que ton Royaume prenne chair en nous et que ta gloire soit manifestée à la face du monde.