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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

jeudi, 1ère semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

Le récit fait état d’une évolution difficile à comprendre dans l’attitude de Jésus envers le lépreux : de compatissante au moment de la rencontre, elle devient dure après la guérison. Pourquoi ce revirement ? Pourquoi Notre-Seigneur « chasse-t-il » cet homme après l’avoir « rabroué » ? Pour compléter le dossier, précisons que certains manuscrits proposent une autre version : ils ne mentionnent pas que Jésus ait été « pris de pitié devant cet homme », mais « saisi de colère ». Cette lecture permet de retrouver une continuité au niveau des émotions de Jésus tout au long du récit ; mais la question demeure : pourquoi Notre-Seigneur est-il en colère contre ce malheureux lépreux ? Disons-le tout de suite : il n’y a pas de réponse qui s’impose pour des motifs exégétiques ; nous nous risquerons donc à proposer une interprétation qui a au moins le mérite d’être cohérente avec l’attitude générale de Jésus dans le second Evangile.
Nous avions souligné en méditant l’épisode de l’exorcisme dans la synagogue de Capharnaüm, que Jésus impose le silence à l’esprit mauvais lorsque celui-ci décline son identité : « Tu es le Saint, le Saint de Dieu » (Mc 1,21-28) - ce qui est pourtant parfaitement vrai ! Il y a donc des vérités qu’il vaut mieux taire pour éviter de compromettre le dessein de Dieu. Certes Jésus est « le Saint de Dieu », mais au niveau théorique, dans l’ordre du « savoir », cette information est vaine et demeure stérile. Chacun d’entre nous est appelé à découvrir progressivement cette sainteté, à mesure que s’affine et s’approfondit notre relation personnelle avec Jésus.
De manière analogue, l’attitude du lépreux peut elle-aussi prêter à confusion : « il tombe à genoux » - geste d’adoration - et attribue à Notre-Seigneur un pouvoir qui revient à Dieu seul. Peut-être ce geste et cette parole sont-ils l’expression d’une foi naissante ; mais la réaction de Jésus porterait à croire qu’il s’agirait plutôt de la part du lépreux, d’une mise en scène destinée à glorifier « divinement » un thaumaturge, dans l’espoir qu’il accepte d’user de ses pouvoirs en sa faveur. Qui oserait reprocher à cet homme d’avoir tout mis en œuvre pour arriver à ses fins ? Mais cette confession de foi anticipée - qui vient avant « l’Heure » - risque à nouveau de compromettre la mission pour laquelle le Fils de Dieu est venu parmi nous. Le lieu de la révélation de la sainteté du Christ, et de son pouvoir de purifier l’humanité de la lèpre du péché, ce lieu c’est la Croix. C’est « en voyant comment Jésus avait expiré » que « le centurion qui était là en face de Jésus », peut enfin s’écrier en vérité : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15,39). Toute affirmation concernant l’identité et la mission de Jésus qui ne procède pas d’un cheminement à sa suite jusqu’à la Croix, lieu de la révélation suprême, ne peut être que partielle, incomplète ; elle s’inscrit sur l’horizon des conceptions humaines sur Dieu et ne procède pas de la nouveauté de l’Esprit, dont la source jaillit précisément du haut de la Croix.
Voilà pourquoi Jésus rabroue cet homme - non sans l’avoir au préalable guéri, et même par un contact physique qui tranche sur les pratiques de son temps. Notre-Seigneur signifie par ce geste que l’impureté de la maladie n’a aucun pouvoir sur celui dont la sainteté rayonnante vient tout assainir et guérir. Puis Jésus envoie l’homme guéri « se montrer au prêtre » afin que la guérison soit dûment constatée et qu’il puisse réintégrer la vie sociale et religieuse au sein de son peuple. Et pour définitivement détourner l’attention de lui, Notre-Seigneur ordonne également à cet homme de « ne rien dire à personne », et de « donner pour sa purification ce que Moïse prescrit dans la Loi ». Ainsi apparaîtrait aux yeux de tous que le Dieu d’Israël est intervenu en sa faveur, sans que soit fait allusion à celui par qui cette grâce lui a été transmise. Hélas, l’homme croit bon de transgresser l’injonction de Jésus, et sans même se présenter au prêtre, il « se met à proclamer et à répandre la nouvelle ». La guérison, au lieu d’être un « témoignage de l’action bienveillante de Dieu en faveur de son peuple », est réduite à un « scoop » médiatique. La guérison est interprétée par la rumeur en termes de pouvoirs extraordinaires d’un thaumaturge que la foule veut à tout prix rencontrer, « de sorte qu’il n’était plus possible à Jésus d’entrer ouvertement dans une ville ». Même en « évitant les lieux habités, de partout on venait à lui » pour bénéficier de ses pouvoirs, et non pour entendre sa Parole. Or les signes ne sont donnés que pour accréditer la Parole par laquelle le Verbe fait chair transforme les cœurs, libère les âmes et transmet son Esprit ; afin de faire de nous des fils et des filles de Dieu son Père.

« Seigneur nous voulons cesser de te provoquer et de te mettre au défi (cf. 1ère lect.) en réclamant des signes. Nous nous prosternons devant toi et nous t’adorons, toi le Seigneur qui nous a faits (Ps 94). Nous confessons que notre cœur s’est égaré ; qu’il s’est “perverti par l’incrédulité au point d’abandonner le Dieu vivant” ; qu’il s’est “endurci en se laissant tromper par le péché” (1ère lect.). Mais aujourd’hui nous voulons ouvrir nos cœurs et écouter ta parole (Ps 94) ; nous voulons devenir tes compagnons, et nous laisser guider par ta main afin de pouvoir “entrer pour toujours dans le repos” de ton Esprit. »


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