lundi, 2ème semaine du temps ordinaire

Samedi nous avons vu Jésus à la table des publicains, après qu’il ait demandé à Lévi de le suivre. Nous avons entendu les réactions, plutôt vives. Dans ce contexte, la question se pose de l’attitude des disciples de Jésus : ils ne jeûnent pas, alors que tous les autres le font, les disciples de Jean-Baptiste comme les pharisiens.

La réponse de Jésus est simple : pourquoi jeûneraient-ils ? Cela ne veut pas dire que Jésus abolit cette pratique traditionnelle et éprouvée, mais qu’il veut la renouveler. En effet, cette pratique de conversion avait pour but de se préparer à la venue du Messie et du salut de Dieu. Ce que la tradition prophétique désigne par la venue de l’Époux, c’est-à-dire de Dieu lui-même. Jésus le dit clairement : l’Époux est parmi nous, voici venu le temps dans noces.

Voilà une nouvelle déclaration qui ne manque pas de choquer son auditoire. Jésus affirme qu’il est l’Envoyé de Dieu. Là est le nœud du drame. Ceux qui jeûnent pour se préparer à la venue du Seigneur ne le reconnaissent pas quand il arrive. A quoi servent donc ces efforts ?

A nous qui assistons à cet échange, il serait facile de pointer du doigt ceux qui se scandalisent de l’attitude des disciples. Mais nous qui avons goûté au vin nouveau, nous qui avons connu la régénération de la résurrection, nous avons-nous aussi à entendre les deux images données ensuite par Jésus. On ne raccommode pas un vieux vêtement avec une étoffe neuve ! A vin nouveau outre neuve ! C’est-à-dire que le vin de l’Esprit n’est pas donné pour être bu jusqu’à nous enivrer. L’habit lavé dans le sang de l’Agneau n’est pas destiné à masquer les guenilles de notre condition déchue.

Ainsi Jésus lance-t-il un appel à nous laisser renouveler. L’appel est pressant pour nous, car nous sommes encore dans l’attente de la plénitude promise. Nous avons donc à creuser encore notre désir, à le raviver peut-être, pour qu’il monte vers le Ciel en une prière instante que Dieu soit enfin tout en tous. Nous avons à prendre les moyens pour nous ouvrir davantage à la présence nouvelle de Notre Seigneur dans l’Esprit.

Finalement, il y avait bien source de scandale aux yeux des contemporains de Jésus, au nom de la cohérence de leur savoir. Mais ne pas les imiter, c’est aller jusqu’au bout de ce que nous savons du salut. C’est refuser tous les rapiéçages et toutes les surcharges. C’est rejeter définitivement les fondements posés par le vieil homme et laisser notre Père des Cieux façonner notre âme à l’image de son Fils. C’est nous laisser recréer par la lumière de Pâques et combler par l’Esprit de Pentecôte. C’est entrer au festin des noces de l’Epoux d’un cœur unanime.