Conversion de saint Paul, apôtre

La finale de l’évangile de saint Marc que la liturgie nous donne à méditer en cette fête de la conversion de saint Paul insiste sur la mission de porter l’évangile à tous les hommes en unissant étroitement le témoignage de la parole à celui des actes, en langage biblique à celui des signes. Après avoir appelé ses Apôtres « pour être avec lui », notre Seigneur Jésus Christ les envoie en leur enjoignant d’ « aller dans le monde entier » sans craindre de se laisser disperser aux quatre coins de l’horizon. Car celui-là même qui un jour les a appelés à partager son intimité, s’engage désormais à les assister dans cette proclamation de la Bonne Nouvelle à toute la création.

Quoi de plus normal en ce jour que cette invitation à la mission universelle ! Saint Paul n’est-il pas celui qui a ouvert la petite communauté judéo-chrétienne de Jérusalem au monde païen pour lui porter la Bonne Nouvelle du salut en Jésus Christ ? C’est bien sous son impulsion que le christianisme s’étendit au cours du premier siècle de notre ère dans tout l’empire romain. Oui, cet appel à diffuser l’évangile du salut au « monde entier » reposa donc d’une façon toute particulière sur saint Paul. Sa conversion sur le chemin de Damas le reflète déjà, laissant entrevoir ce que sera toute sa vie à la suite du Christ : « Le Dieu de nos pères, lui dit Ananie, t’a destiné à connaître sa volonté… tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu » (Cf. Ac 22,14-16).

Jusque là, Saul, le pharisien zélé, disciple de Gamaliel et fervent observateur de la Loi, pensait que le salut était réservés aux seuls juifs. Il lui fallut chuter pour se rendre compte que le salut était pour tous.
Il n’est pas neutre que sa conversion s’effectuât ainsi dans la souffrance. Car il fallut que soit vaincu en lui Saul le persécuteur pour que puisse naître Paul l’apôtre des Gentils. Le vainqueur du pharisien convaincu et ardent ? Le Christ lui-même, pour en faire le messager de la Bonne Nouvelle du salut.
La mission, elle est au cœur de notre vocation chrétienne. Paul VI, dans son exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, affirme : « L’annonce de l’évangile constitue la joie et la vocation de l’Eglise, son identité la plus profonde : celle-ci existe pour évangéliser » (n°14). La conversion de saint Paul nous montre que la mission ne peut naître que d’une véritable conversion issue d’une rencontre personnelle avec le Christ qui nous change de l’intérieur et laisse naître en nous un homme nouveau. Autrement dit, nous ne pourrons être réellement missionnaires ou plutôt notre témoignage ne pourra porter un fruit de vie et de salut que dans la mesure où l’homme ancien sera définitivement vaincu en nous. D’ici-là, pas étonnant que la mission soit pour nous difficile à vivre, pas étonnant que nous la vivions comme un poids, une charge supplémentaire à notre vie chrétienne.
« Seigneur, en ce jour, renouvèle-nous dans la joie et la force de ton Esprit. Viens faire chuter en nous ce qui tend encore à nous ramener au vieil homme avec ses tristesses, ses pesanteurs et ses découragements. Donne-nous, comme tu le fis pour Paul, une véritable effusion de ton Esprit qui nous permettra d’expérimenter la gratuité de ton amour et nous donnera le désir de le partager à tout homme. ‘Que ce soit la grande joie de nos vies données. Et que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçus en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le Royaume soit annoncé et l’Eglise implantée au cœur du monde.’ (Paul VI, Evangelii Nuntiandi 80) »