Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
Navigation: Homélie

 

Homélie

5e dimanche du Temps Ordinaire

Imprimer Zoom
Envoyer PDF

Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

Les lectures de ce 5ème dimanche du Temps ordinaire, qui nous invitent à articuler un extrait du prophète Isaïe (6, 1-2), un passage de la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens (15, 1-11) et le récit de la pêche miraculeuse, pourraient s’intituler : « les trois temps de la vocation ». Dans chacune de ces lectures, il est question d’un « héros » biblique : le prophète Isaïe, Paul et Pierre - trois hommes au tempérament fort, bien trempé. La mise en parallèle de leur itinéraire respectif de rencontre avec le Dieu vivant, va nous permettre de dégager quelques principes de la pédagogie divine, qui s’appliquent à chacun de nous.
Tous les trois ont à découvrir, à l’occasion d’une initiative déconcertante de ce Dieu qu’ils croyaient connaître, qu’il est avant tout le Kadosch, le Saint, littéralement : le Tout-Autre. Altérité radicale, qui s’impose dans sa différence, tout en respectant la personnalité de chacun de ceux à qui elle se révèle.
Saisi par l’Esprit, Isaïe est introduit en présence du Dieu d’Israël et assiste à la liturgie céleste : « Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l’un à l’autre : “Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu de l’univers. Toute la terre est remplie de sa gloire” ». Ecrasé par la Beauté transcendante du Très-Haut, il perçoit en cet instant toute la distance qui le sépare de « Celui-qui-est » : « Malheur à moi, je suis perdu ! Car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au sein d’un peuple aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers. »
Comme il nous l’explique lui-même, Saul a acquis son savoir sur Dieu auprès d’un Maître en Israël : « Je suis Juif. C’est aux pieds de Gamaliel que j’ai été formé à l’exacte observance de la Loi de nos pères, et j’étais rempli du zèle de Dieu » (Ac 22,3). Zèle à vrai dire peu éclairé, puisqu’il exige que soit éradiquée la secte chrétienne qui s’oppose à la doctrine traditionnelle : « J’ai persécuté à mort cette Voie, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes » (Ac 22,5). Confronté sur le chemin de Damas à la vraie lumière - celle du Verbe - il prend conscience de son aveuglement et humblement se laisse enseigner par ceux-là mêmes qu’il persécutait. Faisant mémoire de cette rencontre avec le Ressuscité qui a transformé sa vie, Saint Paul précise : « En tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton. Car je suis le moindre des apôtres ; je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu ».
Pierre est un pécheur du bord du lac de Galilée ; un maître-pécheur semble-t-il à en juger à l’autorité dont il jouit auprès de ses collègues - ce qui ne l’empêche pas de rentrer certains jours bredouille. On imagine sans peine la surprise de Simon lorsque ce matin là, après avoir enseigné les foules, Jésus l’invite à « avancer en eau profonde » et à « jeter les filets ». Il lui faut à lui aussi une bonne dose d’humilité pour répondre devant ses compagnons : « sur ta parole je vais lâcher les filets ». Nous connaissons la suite : à la vue de la « grande multitude de poissons » qu’ils ramenèrent dans leurs filets, Simon-Pierre tombe aux pieds de Jésus, en confessant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » L’évangéliste précise : « La frayeur en effet l’avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient prise ».
L’homme - tout homme - ne découvre vraiment son néant, sa misère, son péché qu’en présence de Dieu, lorsque celui-ci lui révèle sa sainteté - à chacun d’une manière adaptée à son propre cheminement. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas à notre désarroi : au cœur de cette rencontre bouleversante, qui tourne forcément à notre défaveur, il vient lui-même à notre secours : « L’un des séraphins vola vers moi, explique Isaïe, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche et dit : “Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné” ». Pierre lui-aussi s’entend dire : « Sois sans crainte » ; et Paul, écrivant à Timothée, laisse à son tour éclater sa reconnaissance, tout en dévoilant la pédagogie divine à l’œuvre dans ces interventions : « Le Christ Jésus m’a pardonné pour que je sois le premier, en qui toute sa générosité se manifesterait » (1 Tm 1, 16).
Se manifestant dans son Altérité irréductible, le Seigneur nous révèle notre vérité de créature aliénée par le péché, mais aussi infiniment aimée par un « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34,6) ; un Dieu qui croit en l’homme, espère en lui et l’aime d’un amour éternel ; un Dieu qui lui garde sa bienveillance malgré ses transgressions et ses péchés, et n’hésite pas, après lui avoir fait miséricorde, de l’envoyer annoncer sa proximité bienveillante : « Alors j’entendis la voix du Seigneur qui disait : “Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ?” » Fort de son expérience, Isaïe peut maintenant répondre : « Me voici, envoie-moi ». A Pierre qu’il vient de rassurer, le Seigneur Jésus précise : « Désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Et Paul s’entendra annoncer par la voix d’Ananie : « Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est le Juste et à entendre la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu » (Ac 22,14-15).
Ce sont des hommes nouveaux qui se relèvent - Simon est devenu Pierre, Saul est transformé en Paul - et qui peuvent maintenant se mettre vraiment au service du Seigneur, en ne s’appuyant plus sur ce qu’ils croyaient savoir de lui, mais sur ce qu’il leur a fait connaître. Par toute leur vie et par leur mort, ils vont désormais « rendre grâce à son Nom pour son amour et sa vérité », en attendant de le « chanter éternellement en présence des Anges » (Ps 137).

« Seigneur, donne-nous de découvrir nous aussi ta présence au cœur de nos vies ; la présence du Feu de ton Esprit, qui calcine l’arbre mort du vieil homme et embrase le buisson ardent de l’homme nouveau. Alors nous pourrons, avec Isaïe, Pierre, Paul et tous les saints, répondre à ton appel, et nous mettre vraiment à ton service. Pleins de reconnaissance, et ne nous appuyant que sur ta seule fidélité, nous pourrons être tes témoins devant nos frères, leur partageant le récit de ta patience et de ta miséricorde à notre égard. Au terme de notre vie, nous pourrons alors entonner l’hymne de jubilation de la Vierge Marie, que l’Eglise reprend chaque jour au soir tombant : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ! » (Lc 1,46-50).


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales