Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Navigation: Homélie

 

Homélie

mercredi des Cendres

Imprimer Zoom
Envoyer PDF

Auteur :

Frère Dominique, fsj

La bible:

« Revenez à moi de tout votre cœur ! », s’exclame le prophète Joël.

Il nous introduit ainsi dans le carême. Il nous rappelle que la conversion du cœur est la dimension fondamentale du temps de grâce que nous nous apprêtons à vivre. Mais il rappelle aussi la motivation de notre démarche : « Revenez au Seigneur votre Dieu car il est tendre et miséricordieux ».

Il convient donc de se placer sur le registre de l’amour pour entrer en carême, pour être dans les mêmes dispositions que notre Dieu qui attend notre retour avec impatience. Il serait particulièrement vain et déplacé d’être compté par Jésus parmi « ceux qui se donnent en spectacle ». La conversion authentique n’est pas faite de formes extérieures ni de vagues dispositions intérieures : elle exige la participation et la transformation de l’existence tout entière. Elle exige le détachement de ce qui nous retient loin de Dieu.

Or cette perspective nous fait souvent un peu peur. Peur de l’inconnu de la sainteté sans doute, mais surtout peur de la souffrance. Notre souffrance, évidemment. Notre désir de nous rapprocher de Dieu est grand, mais nos blessures sont là. Peur de la souffrance de Jésus également : avoir à contempler bientôt les plaies de notre Seigneur peut nous sembler hors de portée. Nous risquons donc d’être bloqués des deux côtés : par nos blessures qui poussent à l’immobilisme et au repli sur soi, et par celles du Christ, que nous savons devoir imiter.

C’est pourquoi Jésus nous vient en aide. Saint Paul l’affirme : « celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes ». Jésus n’attend pas que nous venions à lui, il fait le premier pas, il vient nous chercher au cœur de nos nuits. Avant même que n’osions ouvrir les yeux sur l’itinéraire de notre carême, lui est déjà là, à nos côtés prêt pour la route. Avant que n’ayons à entrer dans la contemplation du mystère de la Croix, Jésus voit nos blessures et il les regarde avec amour.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’une manière de nous apprivoiser : nos blessures sont bien différentes des siennes. Les nôtres sont toujours liées au péché, de près ou de loin ; les siennes sont le fruit de l’amour. Mais justement, c’est de cette façon que l’amour de Dieu se présente à nous dans sa tendresse et dans sa miséricorde. La compassion de Dieu se révèle par la déchirure de son cœur qui s’offre en refuge inespéré pour tous les égarés que nous sommes.

Nous le voyons, dès les premiers instants du carême, notre méditation prend les accents du Vendredi Saint, comme l’ensemble de la liturgie de ce jour. C’est parce qu’il nous faut nous anéantir en Celui qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort de la Croix.

Mais notre carême s’ouvre aussi par la célébration de l’eucharistie ! Le crucifié est présent, et le ressuscité également. Dans chaque messe, Jésus est en même temps la victime et le prêtre. En tant que victime, il rend présente sa mort ; en tant que prêtre, il rend présente sa résurrection. Celui qui dit « Ceci est mon Corps » ne peut être un mort mais un vivant. Ainsi nous appelle-t-il à revivre avec lui à la vie éternelle.

Voilà dressé devant nous le porche d’entrée dans le carême. Il peut paraître austère. Les cendres nous rappellent notre condition humaine, elles disent que nous avons été faits de poussière et que notre existence risque de n’être qu’un souffle qui passe si nous ne la fondons pas sur le Christ. Seules, elles seraient en effet menaçantes.

Mais l’imposition des cendres est accompagnée d’une parole : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! ». Il s’agit d’un appel à la vie ! Ces mots sont les premiers de la prédication de Jésus. Il nous rappelle dans cette formule que la seule souffrance est d’avoir perdu le chemin de la maison du Père. Nous faisons fausse route ! Il nous faut donc travailler à reprendre la bonne direction. La prière, le jeûne et l’aumône sont les piliers de ce travail qui exige un réel effort et qui est la condition pour que la grâce que nous avons reçue de Dieu ne reste pas sans effet. Mais ne perdons pas de vue que ces trois piliers sont les fondements de l’édifice que Dieu lui-même construit, car notre plus grand travail est de nous laisser façonner par lui. C’est pourquoi l’Apôtre nous suppliait : « laissez-vous réconcilier avec Dieu ».

Frères et sœurs, le règne de la mort et du péché est arrivé à son terme. Détachons-nous de tout ce qu’il a engendré et qui en train de disparaître. Entrons maintenant dans la joie de Dieu, tournons-nous vers lui, courrons allègrement sur les chemins de l’évangile. « C’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut ».


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales