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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

3e dimanche de Carême

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Auteur :

Frère Dominique, fsj

La bible:

Aujourd’hui, la discussion que Jésus tient avec les gens qui l’interrogent peut sembler un peu caduque. Il est fort peu probable de trouver des personnes qui considèreraient comme une punition divine ou comme la conséquence logique d’un péché particulier, une mort accidentelle. Les victimes d’une catastrophe naturelle ou d’un attentat terroriste ne seraient pas, du fait du drame qui les atteint, comptées parmi les plus grands pécheurs. Nous avons bien conscience que ce serait déplacé, puisque cela reviendrait à considérer que ceux qui sont épargnés sont davantage conformes à la volonté de Dieu sur eux. Nous qui sommes rassemblés ce matin ne nourrissons certainement pas d’illusion de ce genre. Pourtant cet exemple continue d’être lu et médité dans la liturgie. Il nous apprend en effet quelque chose de fondamental : il nous montre combien le monde s’égare dans ses raisonnements et que, pour trouver le chemin de la vérité, il faut penser différemment, il faut penser du point de vue de Dieu. Cette nécessité est de toutes les époques, malheureusement. Dans notre société où tout le monde se déresponsabilise, Dieu en particulier et la religion en général font en effet figure de responsables idéaux, de coupables parfaits. Aujourd’hui, nous imaginerions facilement que les catastrophes naturelles disent l’impuissance de Dieu à faire le bonheur des hommes ou bien sa volonté de leur nuire. En somme, Dieu serait responsable du mal.

La première lecture nous aide à reprendre les choses à la base. Elle raconte comment Dieu révèle à Moïse son visage, comment il lui dévoile son cœur de Père. Le Seigneur ne se définit pas par sa puissance, par la grandeur de ses actes ou de ses pensées, il ne met pas en avant tout ce que nous lui devons. Quand Dieu se révèle, il manifeste sa proximité. « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple » ; « Oui, je connais ses souffrances ». Les philosophies contemporaines ne peuvent le concevoir, aucun système religieux n’avait jamais osé l’imaginer : voici un Dieu qui aime son peuple ! Cette révélation confiée à Moïse sera désormais le socle de la foi d’Israël, la pierre angulaire sur laquelle les croyants peuvent s’appuyer pour traverser l’histoire. Dieu est le Tout-Puissant, le Tout-Autre, aucun être ne lui est comparable, et il est le Tout-Proche, celui vient au devant de son peuple pour lui apporter le salut.

Cette base empêche de dénoncer Dieu comme responsable de tous les maux qui frappent les hommes. Saint Paul prend alors la suite de l’enseignement : « cessez de récriminer contre Dieu ». Il nous invite à tourner encore nos regards vers Moïse et ses compagnons : cette génération entière a péri dans le désert. Cette génération n’a cessé de se plaindre et de se révolter contre Dieu : à quoi nous délivrer de l’Égypte, disait-elle, si c’est pour nous faire mourir dans le désert. Pourtant y a-t-il une autre génération qui ait bénéficié d’autant de grâce, d’une manifestation aussi tangible de la présence du Seigneur à ses côtés ? Les malheurs qui surviennent dans la vie d’un homme ne disent donc pas que le Seigneur l’a abandonné.

Faut-il imaginer que Dieu se venge de leur révolte ? « La plupart n’ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert », semble confirmer l’apôtre. Mais il précise : « ces événements étaient destinés à nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer le mal comme l’ont fait nos pères ». Saint Paul explique plutôt que le péché est un esclavage dont le Christ nous a libérés mais que nous pouvons avoir la bêtise de reprendre. Ainsi, malgré la présence protectrice du Seigneur et l’offre de son appui sur nos routes, nous pouvons choisir une fatale émancipation.

Celui qui choisit le péché choisit donc le chemin de la mort. Mais les maux qui peuvent frapper un homme ne sont pourtant pas la punition de son péché personnel, nous assure Jésus : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien non, je vous le dis ». Son discours n’est pourtant pas rassurant pour autant : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux ». Il y donc réellement un lien entre le mal subi et le péché, mais ce lien se noue à l’échelle de l’humanité. Dieu ne cherche pas à accabler le pécheur, au contraire il veut qu’il vive. Mais il existe une solidarité entre les hommes, car ils sont frères. Ainsi, tout homme qui renonce à la conversion et cède au péché, accable l’ensemble de ses frères.

Nous voici fermement invités à nous décider pour le Christ, à vivre radicalement de son évangile. Cette responsabilité ne concerne pas seulement le salut de notre âme mais elle est celle que nous avons envers nos frères. Il n’est donc pas possible de la remettre à demain, ni de reporter notre rapprochement du Seigneur aux temps futurs et hypothétiques où nous en ressentirons davantage le besoin. Tous les hommes sont pécheurs et tous ont à se convertir avant l’heure du jugement. Il faut faire pénitence quand la vie semble sereine, après, il est trop tard. C’est maintenant qu’il nous faut avoir le courage de protéger et de déployer les merveilles que Dieu a façonnées dans nos cœurs et qu’il nous donne le désir de vivre.

Pour nous fortifier sur cette route exigeante, contemplons avec reconnaissance le vigneron miséricordieux. Il n’approuve pas tout ce que nous faisons. Mais il garde l’espérance. Il continue de croire en nous. Voilà trois ans que malgré les bons traitements reçus du jardinier, nous ne donnons pas de figues. Mais cette année encore le maître du domaine prend patience. Convertissons-nous, il y a urgence, cessons de remettre au lendemain les choix difficiles de certains renoncements. Nous n’avons rien à craindre, nous n’avons rien à perdre. Celui qui nous appelle se nomme « Je suis ». C’est-à-dire celui qui était avec nous aux jours de malheur, celui qui est avec nous dans nos traversées de désert, celui qui restera avec nous quoi qu’il arrive. Il est fidèle celui qui nous appelle à la liberté. Acceptons le don qu’il nous fait, rejetons tous nos esclavages, choisissons d’être libres, libres d’aimer et de vivre.


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