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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie de Carême

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

Les destinataires de la parabole sont clairement définis : « Certains hommes » - pas tous mais une catégorie particulière, à savoir ceux qui sont « convaincus d’être justes ». Nous n’avons aucune raison de douter de leur sincérité, et encore moins de leur générosité, puisqu’ils sont persuadés - de bonne foi - d’avoir acquis cette justice au prix de leurs efforts scrupuleux à observer tous les préceptes de la Loi. Notre-Seigneur précise en effet, dans son récit, qu’ils jeûnent deux fois par semaine et versent le dixième de tout ce qu’ils gagnent - excusez du peu !
Ce n’est certainement pas cette générosité que Jésus dénonce, lui qui vient de proclamer qu’il « n’est pas venu abolir mais accomplir », ajoutant même que « celui qui rejetterait un seul ce ces plus petits commandements serait déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux » (Mt 5,17-19).
Seulement nous avons vu que pour Jésus il ne suffit pas d’obéir concrètement aux préceptes pour les « accomplir » ; leur accomplissement ne découle pas uniquement de leur réalisation matérielle, mais de l’intentionnalité qui les porte : seule l’obéissance qui procède de l’amour accomplit les préceptes. Les commandements ne sont pas un ensemble de prescriptions auxquelles il suffirait de consentir pour avoir accès au Royaume ; mais chaque précepte nous est proposé comme une occasion de manifester à Dieu notre amour filial, notre volonté de revenir à lui, de nous convertir. L’observance authentique de la Loi nous décentre ainsi de nous-mêmes vers Dieu, dans un élan de charité qui procède déjà de l’Esprit Saint.
Le pharisien que Jésus met en scène se glorifie tout au contraire de ses propres prouesses ascétiques, qui loin de le rapprocher de Dieu ou de ses frères, le recentrent sur lui-même. Certes, il « rend grâce à Dieu », mais de ne pas être « comme les autres hommes », dont il se plaît à énumérer les péchés. Rien dans sa prière ne trahit qu’il aurait besoin de Dieu pour quoi que ce soit : il ne doit sa justice qu’à lui-même, à sa propre force intérieure, qui lui a permis de s’élever au-dessus des médiocres ; aussi méprise-t-il royalement ces derniers du haut de son éminence.
En entendant l’assurance de notre pharisien - qui n’est plus « comme les autres hommes » - on est en droit de se demander s’il ne s’imagine pas être sur un pied d’égalité avec Dieu ? Sans doute son orgueil ne va-t-il pas jusque-là ; il n’en reste pas moins qu’il fait partie des « surhommes », qui prétendent à la parfaite autonomie et suffisance.
Jésus n’évalue pas directement le comportement du pharisien qu’il met en scène, ni sa prière. Il se contente de lui opposer en contrepoint l’attitude et la supplication du publicain. Mais au terme de la parabole nous découvrons que c’est ce dernier « qui est devenu juste et non pas l’autre ». Comment d’ailleurs aurait-il pu « devenir juste » puisqu’il « était convaincu de l’être » ? Dieu ne peut rien pour lui tant son aveuglement est grand : alors qu’il se croit au pinacle, il s’enfonce en réalité dans les ténèbres : « qui s’élève sera abaissé ».
Étonnant contraste avec le publicain qui, à distance, n’ose même pas lever les yeux vers le ciel. S’il avait entendu le mépris avec lequel le pharisien parlait de lui, il n’aurait même pas récusé ses propos, tant il est persuadé de son indignité. Pourtant il reste là en présence de Dieu car il est convaincu que le Très-Haut « ne repousse pas un cœur brisé et broyé » (Ps 50) de repentir. N’ayant à se vanter de rien - ni jeûne ni aumône - il n’a que sa misère à offrir au Miséricordieux. La seule prière qui monte de son cœur est un cri de confiance : « Mon Dieu » ; un appel au secours : « prends pitié », et un aveu : « du pécheur que je suis ». Il s’inscrit spontanément au nombre des sans-droits devant Dieu et devant les hommes, assumant la responsabilité de cette juste sentence. Il ne prétend pas s’élever jusqu’à Dieu mais, se tenant à distance, il « s’abaisse » devant lui, se frappant humblement la poitrine. « N’osant pas lever les yeux vers le ciel », il ne voit pas les anges porter sa supplication sur l’autel du Très-Haut, qui agrée sa demande et exauce sa prière, lui donnant part à sa justice : « qui s’abaisse sera élevé ».

« Seigneur, tu nous invites à acheter auprès de toi “un remède pour frotter nos yeux afin de voir clair” (Ap 3,18). Hélas nous n’avons rien à t’offrir, sinon la passion de ton Fils. Mais n’est ce pas précisément devant la Croix de Jésus que nos yeux pourront s’ouvrir sur le triste état de notre humanité, et que sera dénoncé le mensonge de notre vanité et de notre orgueil ? Accorde-nous assez d’humilité pour reconnaitre notre misère et recourir à ta miséricorde, afin que ton Fils qui “s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix” (Ph 2,8), puisse nous élever jusqu’à toi selon ton dessein d’amour. »


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