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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Dimanche des Rameaux

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

Nous sommes arrivés au terme du Carême : nous entrons dans la Semaine Sainte, qui nous conduira, à travers les ténèbres de la Passion, jusqu’à la pleine lumière de la Résurrection. Tous les efforts de pénitence consentis durant ce temps de conversion convergent dans ces derniers jours, durant lesquels nous essayerons de suivre Jésus, qui va accomplir, seul, le grand passage, ouvrant pour nous une brèche dans le mur de la haine et de la mort qui nous sépare de Dieu.
Le récit de la Passion selon Saint Luc nous présente un Jésus qui tranche par sa sérénité au milieu de l’incompréhension de ses proches et de la haine meurtrière de ses ennemis. Ses dernières paroles : « Père, entre tes mains je remets mon esprit », résument son attitude d’abandon filial non seulement au sommet de la déréliction librement consentie, mais durant toute sa vie terrestre.
Tout comme les témoins de la crucifixion, nous ne voyons sur le Golgotha qu’un homme broyé par la souffrance, en prise avec une agonie qui le conduit vers une mort accueillie comme une délivrance. Mais si nous nous laissons éclairer par l’Esprit et par la Parole, nous découvrons au contraire le Verbe de lumière engagé par amour pour nous, dans le combat suprême contre le Prince des ténèbres, dont il triomphe en acceptant de se laisser engloutir par lui.
Pressentant le mystère de cette mort paisible au milieu de tant de haine, nous rendons gloire à Dieu en confessant comme le centurion : « Sûrement, cet homme, était un juste ! » Bien plus, tombant à genoux, l’Eglise adore l’Agneau sans tâche qui « présente son dos à ceux qui le frappent, et ses joues à ceux qui lui arrachent la barbe ; qui ne protège pas son visage des outrages et des crachats » (1ère lect.), afin de pouvoir intercéder pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Tout cela il l’a accompli dans l’incompréhension la plus totale, y compris de ses proches, soutenu seulement par la certitude « qu’il ne serait pas confondu » car « le Seigneur Dieu vient à son secours » (1ère lect.).
Aussi, répondant à son espérance, le Père l’a « réveillé au matin » du troisième jour, et « l’a élevé au-dessus de tout ». Il exerce désormais son pouvoir royal depuis le trône de gloire de la Croix où il a voulu se laisser introniser pour le salut du monde : « Amen, je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».
Au moment où Jésus lance son cri de victoire, les cieux s’ouvrent, le rideau du temple - symbolisant le voile tendu entre ciel et terre après le péché des hommes – « se déchire par le milieu ». L’histoire bascule, les temps sont accomplis, un monde nouveau s’apprête à surgir, « déjà brillent les lumières du grand sabbat de Dieu » qui ne finira pas.
Comme le larron, condamné à juste titre pour ses fautes, nous aussi, conscients de nos nombreux péchés, nous tournons nos regards vers Jésus en le suppliant : « Souviens-toi de nous quand tu viendras inaugurer ton règne ».
Saisi de compassion le Seigneur nous rassure : « Pour vous qui avez tenu bon avec moi dans mes épreuves, je dispose du royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël ».
Ce banquet royal, nous pouvons dès à présent l’anticiper dans chaque Eucharistie ; car dans son immense bonté, Notre-Seigneur a voulu laisser un mémorial de sa Passion victorieuse avant de l’accomplir, de manière à ce que tout au long de notre route nous puissions disposer du viatique de son Corps et de son Sang.
Quant à « siéger sur des trônes pour juger », cela sera réservé à ceux qui auront choisi la place de serviteur, à l’image de celui qui se tient « au milieu de nous comme celui qui sert », « s’abaissant lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (2ème lect.).
Certes nous ne sommes pas tous appelés à vivre la crucifixion dans notre corps ; mais nous n’échapperons pas à l’exigence de crucifier notre volonté propre, à l’exemple de Jésus au Jardin de Gethsémani : « Père, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ».
Le disciple n’est pas au-dessus de son Maître ; aussi devons-nous nous attendre à ce que le démon s’acharne sur nous comme il s’en est pris au Seigneur : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme du froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas ».
Saint Luc présente la Passion comme le dernier acte du combat décisif entre Jésus et le Prince de ce monde ; combat initié au désert (Lc 4,1-13), mais en attente de son dénouement : « Le diable s’écarta de lui jusqu’au moment fixé » (Lc 4,13).
Dans cet affrontement final, le Démon se sert aussi bien des amis du Seigneur que de ses ennemis pour tenter une dernière fois de lui faire renoncer au chemin de l’humble offrande de soi, et pour l’inciter à manifester sa toute-puissance par un signe éclatant. Mais Jésus ne cède pas, reprenant Pierre qui veut le défendre par l’épée ; refusant d’accomplir un miracle spectaculaire devant Hérode ; résistant à la provocation « des chefs qui ricanent en disant : “Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même s’il est le Messie de Dieu, l’Elu !” » Même les soldats sont sollicités par le diable pour l’éprouver : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Et comble d’acharnement : « l’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : “N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec !” »
Un seul semble avoir compris que c’est en allant jusqu’au bout du consentement à la sentence injuste, que cet Innocent triompherait et recevrait tout pouvoir pour juger les vivants et les morts : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ».
Que celui que la tradition a baptisé « saint Dismas, le bon larron » nous aide à puiser dans la contemplation de la douceur et de l’humilité de l’Agneau, la force de renoncer à notre volonté propre et de nous abandonner à la toute-puissance de Dieu : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ».


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