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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Jeudi Saint

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Auteur :

Frère Elie, fsj

La bible:

« La nuit de la dernière Cène, à table avec ses amis, ayant pleinement observé la Pâque selon la loi, de ses propres mains il se donne en nourriture aux douze Apôtres. » C’est ainsi que l’hymne du « Pange Lingua » présente la dernière Cène durant laquelle notre Seigneur nous laissa l’admirable sacrement de son Corps et de son Sang. Cette prière écrite par Saint Thomas d’Aquin, centrée sur la contemplation du Corps et du Sang du Christ, sous les espèces du pain et du vin, peut être perçue comme le chant par excellence du Jeudi saint. Elle vient comme synthétiser l’enseignement que nous livrent les lectures de ce soir.

Dans le passage de la première Lettre aux Corinthiens que nous avons entendue, saint Paul nous rappelle ce que Jésus a fait « la nuit où il fut trahi ». Il ajoute même un commentaire personnel au strict récit des faits : « Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11, 26). Ce que l’apôtre des nations veut nous faire comprendre ici c’est que la communauté qui célèbre la Cène du Seigneur rend la Pâque actuelle. L’Eucharistie n’est pas le simple souvenir d’un rite passé. Elle est l’actualisation pour nous du geste suprême d’amour de notre Sauveur. Chaque fois que le prêtre célèbre l’Eucharistie, qu’il prononce les paroles de la consécration, la substance du pain et celle du vin deviennent celle du Corps et du Sang du Seigneur livrés pour nous. A chaque Eucharistie, comme le dit Benoît XVI dans son exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, « Jésus donne non pas ‘quelque chose’ mais se donne lui-même », témoignage suprême d’un amour qui va jusqu’au bout. A chaque Eucharistie, se révèle le dessein d’amour qui guide toute l’histoire du salut. Et ce dessein le voici : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, […] non pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé » (Jn 3,16-17).

Dès lors nous percevons mieux toute la densité des paroles introductives au passage du lavement des pieds dans l’évangile de saint Jean : « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » Jésus sait que l’heure de sa Passion est là et il veut maintenant en révéler tout le sens aux apôtres réunis autour de lui pour le repas pascal. Jésus va effectuer sa Pâque, il va effectuer son passage vers le Père, il va souffrir sa Passion par amour pour nous afin de nous réconcilier avec le Père. Cet amour, il va le vivre jusqu’au bout c’est-à-dire jusqu’à la mort. Sa passion et sa mort constitueront ainsi le service d’amour fondamental grâce auquel il libèrera l’humanité du péché.
L’attente d’une sagesse plus profonde, plus radicale, plus universelle, plus définitive, à laquelle ouvrait le mémorial de l’antique libération de l’esclavage en Egypte (Cf. 1ère lecture) est désormais exaucée. « Jésus est le véritable agneau pascal qui s’est spontanément offert lui-même en sacrifice pour nous, réalisant ainsi la nouvelle et éternelle alliance. »

Benoît XVI précise : « L’Eucharistie contient en elle cette nouveauté radicale, qui se propose à nouveau à nous dans chaque célébration » (Cf. Benoît XVI, Sacramentum Caritatis n.9). Cette nouveauté se manifeste dans la transformation qui s’opère en chacun lorsqu’il communie au Corps et au Sang du Seigneur. Le Seigneur, en nous attirant en lui et en nous assimilant, nous entraîne dans le dynamisme même de son être offert et donné par amour pour le salut du monde. C’est ici que nous comprenons pourquoi chez saint Jean, l’épisode du lavement des pieds prend la place du récit de l’institution de l’Eucharistie tel qu’il nous est rapporté par les évangiles synoptiques.

En effet, dans l’Eucharistie, un nouveau style de vie est communiqué par le Christ, un style proprement chrétien où chacun de nous est amené à devenir pain rompu pour la vie du monde. Benoît XVI nous dit : « Autour du mystère eucharistique naît ainsi le service de la charité vis-à-vis du prochain, qui consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. » Et de préciser : « Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. » Il continue : « J’apprends alors à regarder cette personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments mais selon la perspective de Jésus-Christ. De cette façon, dans les personnes que j’approche, je reconnais des frères et sœurs pour lesquels le Seigneur a donné sa vie ne les aimant ‘jusqu’au bout’ (Jn 13,1) » (Benoît XVI, Sacramentum Caritatis n.88)

Le don de Dieu demeure donc premier. C’est son amour qui nous rend capables d’aimer nos frères à notre tour : « Si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi », autrement dit, « tu ne pourras pas aimer d’un amour sauveur à l’image du mien ». Accepter d’être aimé et d’être rendu capable d’aimer : voilà la conversion qui peu à peu s’opère en nous dans l’Eucharistie.

« Seigneur, cet amour dépasse notre cœur. En nous arrêtant ce soir pour t’adorer dans le Très Saint Sacrement, et en méditant le mystère de la Dernière Cène, nous voulons nous plonger dans l’océan de cet amour qui jaillit de ton divin cœur pour nous en laisser pénétrer et être rendus capables d’aimer comme toi tu nous as aimés. »


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