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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie du Temps Pascal

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

Première surprise : Jésus ne se présente pas comme le « vrai cep » qui permet aux sarments que nous sommes de porter du fruit, mais comme « la vraie vigne ». Notre-Seigneur associe en fait deux images : il s’approprie d’abord celle de la vigne, attribuée traditionnellement au nouveau peuple de l’Alliance qu’il récapitule en lui et dont il est la tête. En affirmant qu’il est la « vraie » vigne, Jésus laisse sous-entendre qu’il y a aussi d’autres vignes de belle apparence, mais qui sont en réalité stériles. Plutôt que d’y voir l’allusion à d’autres propositions religieuses, il faut comprendre que le Fils de Dieu fait homme inaugure l’humanité « véritable », restaurée dans sa dignité filiale selon le dessein de Dieu. Tous les efforts antérieurs des hommes pour produire un fruit qui transcende les limites de l’horizon naturel marqué par l’échéance inéluctable de la mort, étaient vains : seule la synergie de la nature et de la grâce peut porter un fruit qui demeure. C’est ce que suggère la seconde image utilisée par Notre-Seigneur : celle du sarment et du cep. La fécondité surnaturelle de notre vie dépend totalement de notre collaboration avec la grâce divine.
Or c’est précisément cette grâce - c’est-à-dire cette vie divine - que le Verbe a unie à la nature humaine en prenant chair de notre chair. Il est « l’Homme Nouveau » (Ep 2,15) et tous ceux qui le reconnaissent comme tel dans la foi appartiennent à l’humanité nouvelle que « Dieu a fait renaître non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure » (1 P 1,23).
« Celui qui demeure en Christ - c’est-à-dire dans l’onction de l’Esprit que Jésus ressuscité fait reposer sur ceux qui croient en lui - et en qui il demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, et un fruit qui perdure, car Dieu lui-même se joint à ses efforts pour leur donner un poids d’éternité. Par contre celui qui « ne demeure pas en Christ », ne vit pas dans la nouveauté de l’Esprit, et appartient encore au monde ancien voué à la disparition : « J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu » (Ap 21,1).
Notre seconde surprise vient du fait que des sarments fixés sur le Christ puissent demeurer stériles. Nous avions bien compris que l’on peut vivre dans l’onction de l’Esprit sans confesser explicitement la seigneurie du Christ : « Dieu en effet rendra à chacun selon ses œuvres : pour ceux qui (obéissant à la voix de leur conscience) font le bien avec persévérance et recherchent ainsi la gloire, l’honneur et la vie impérissable, ce sera la vie éternelle » (Rm 2,7), car ils témoignent par leurs œuvres qu’ils ont accueilli la grâce. Mais comment se fait-il qu’un sarment de la vraie vigne puisse ne pas porter de fruit ? Il est impossible que la grâce soit stérile ; il reste donc que nous pouvons être unis au Christ par la foi, tout en faisant obstacle à l’action de l’Esprit dans nos vies. C’est contre un tel danger que saint Jacques nous met vigoureusement en garde : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas, à quoi cela sert-il ? Cet homme-là peut-il être sauvé par sa foi ? Celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte. L’homme devient juste à cause de ses actes (de charité accomplis dans la grâce) et pas seulement par sa foi. En effet, comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n’agit pas est morte » (Jc 2,14-26). Un tel sarment n’est plus bon qu’à être coupé, jeté dehors, et finalement jeté au feu, après avoir séché au soleil brûlant de la vaine gloire de ce monde. Sans les œuvres, la foi ne serait qu’une croyance stérile ; seule la « foi agissante par la charité » (Ga 5,6) donne accès au salut.
De même que le sarment ne porte de fruit que par la vertu du cep, ainsi nos vies ne rendent-elles gloire à Dieu que dans la mesure où nous laissons le Christ demeurer en nous pour y accomplir son œuvre. Or une telle inhabitation réciproque - « celui qui demeure en moi et en qui je demeure » - ne peut être que le fruit de l’amour qui unit le disciple à son maître. Dès lors, la foi qui conduit au salut est vivante par l’Esprit de charité qui nous unit à Jésus, et agissante par ce même Esprit qui nous pousse à nous mettre au service de nos frères.

« Seigneur, oriente vers toi notre cœur : en Jésus, tu nous as révélé ton amour ; préserve-nous de l’indifférence et de la tiédeur. Donne-nous de nous unir toujours plus intimement à toi dans l’Esprit, afin que nous puissions te rendre gloire par le fruit que nous portons. »


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