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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

lundi, 9ème semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

Rappelons le contexte dans lequel Jésus propose la parabole que nous venons d’entendre.
Le voyant enseigner dans le Temple, « les prêtres, les scribes et les anciens » lui demandent : « Par quelle autorité fais-tu cela ? Ou bien qui t’a donné autorité pour le faire ? » (11, 28). Dans un premier temps, Jésus élude la question en en posant une autre, qui porte sur l’origine du baptême proposé par Jean - « venait-il du ciel ou des hommes ? » (11, 30). Devant le silence hypocrite de ses interlocuteurs, Notre-Seigneur refuse à son tour de répondre, considérant qu’il n’a pas de compte à rendre à des hommes qui prétendent diriger le peuple alors qu’ils sont incapables de discerner l’origine céleste du ministère du Baptiste. Jésus n’en reste cependant pas à cette fin de non-recevoir. A travers la parabole qu’il leur propose, il va non seulement répondre indirectement à la question qui lui est posée, mais il va également prophétiser le chemin paradoxal par lequel s’accomplira sa mission divine.
Le scénario imaginé par Notre-Seigneur présente une série de contrastes saisissants. Ainsi pour commencer, on s’étonne du soin méticuleux que le propriétaire porte à une vigne, qu’il quitte brutalement après l’avoir « donnée en fermage à des vignerons ». Cette volte-face inattendue semble trahir une étonnante légèreté ; à moins d’interpréter le « voyage » comme un retrait volontaire, visant à laisser toute la place aux vignerons. Auquel cas, le départ inopiné ferait partie des conditions d’une mise à l’épreuve : ces ouvriers sont-ils dignes de la confiance que leur fait le maître en leur laissant disposer de son bien ? La réponse donnée par la parabole est franchement négative : en frappant le premier serviteur et en assommant le second, ils signifient leur mépris pour le propriétaire. Rompant le contrat de fermage, ils affirment leur autonomie et s’érigent en maîtres du domaine, refusant de rendre compte de leur gestion. Entraînés dans la spirale de la violence, ces vignerons ingrats vont même jusqu’au meurtre du serviteur, en oubliant apparemment qu’ils partagent le même statut que lui. Ce refus de leur condition est pleinement confirmé par la suite du récit : en tuant « le fils bien-aimé », c’est la position d’héritier qu’ils tentent d’usurper, comme le confirme leur conciliabule : « Tuons-le et l’héritage va être à nous ! » Étonnant raisonnement : depuis quand les meurtriers bénéficient-ils de la part d’héritage de leur victime ? Seul le fils est héritier ; en tuant celui-ci, c’est le Père qu’ils visent ; c’est de lui qu’ils veulent se débarrasser pour s’approprier son bien.
S’ils ne « respectent » pas le fils, c’est parce qu’ils ignorent le caractère sacré de la relation filiale. Ils refusent de voir le propriétaire comme un père, l’ayant enfermé dans le personnage du rival dont il faut à tout prix se défaire pour jouir de son bien de manière autonome.
Cette fois cependant la mesure est pleine. N’ayant plus personne à envoyer, le maître de la vigne vient lui-même exécuter la juste sentence et « fait périr les vignerons homicides ». Il ne récupère cependant pas son bien, mais « donne la vigne à d’autres ». On peut supposer qu’il la « donne en fermage » comme aux premiers vignerons, mais le récit ne le précise pas. Peut-être faut-il entendre que ces nouveaux vignerons s’étant montrés dignes de confiance, sont passés du statut de serviteurs à la condition filiale, qu’ils partagent désormais avec le fils unique et bien-aimé ? N’est-ce pas ce que suggèrent les versets 22-23 du Psaume 118 cité par Jésus : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs - à savoir le Fils unique du Père - est devenue la pierre angulaire » de la maison de Dieu dont les croyants constituent les « pierres vivantes » (1 P 2,5), participant dans la foi à la filiation divine du Seigneur Jésus-Christ.
Saint Marc précise que « les chefs des Juifs avaient bien compris que c’était pour eux que Jésus avait dit cette parabole » ; ils se sont donc reconnus dans les personnages des vignerons homicides. Mais ils ne révisent pas pour autant leurs projets meurtriers, sans se rendre compte que par leur endurcissement, ils confirment précisément l’issue du récit.

« Seigneur, ouvre nos yeux sur nos complicités avec l’esprit du mal, qui nous pousse à nous défier de toi comme d’un rival jaloux. Au cœur de ce monde qui se vante et se réjouit de t’avoir “ tué”, nous voulons tout au contraire proclamer que tu es le Dieu vivant et le Dieu de la vie ; le Père plein de tendresse et de miséricorde, qui a triomphé de la mort en ressuscitant Jésus, et qui nous offre de participer à sa filiation divine dans l’Esprit. Aussi, nous voulons nous “approcher de toi Seigneur, pierre vivante, rejetée des hommes, choisie par Dieu” pour nous attacher à toi par une foi vivante et une ardente charité. »


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