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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

samedi, 9ème semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Frère Dominique, fsj

La bible:

Jésus appelle ses disciples et leur dit « En vérité, … ». Cette interpellation donne le sens et oriente la lecture de cette anecdote. Jésus nous apprend en effet à changer notre regard sur le monde, il nous explique comment lui le voit. Nous serons ainsi davantage capables de comprendre le monde où nous vivons, et, surtout, nous serons plus capables de comprendre et de connaître le Dieu que nous aimons.

La première opposition est facile à dépasser. Il y a là des gens riches, certains très riches, facilement reconnaissables et donnant avec ostentation de généreuses offrandes au temple. Leur geste n’est pas critiqué par Jésus. Heureusement que les riches peuvent donner plus ! Heureusement qu’ils ont le sens du partage !

Vient ensuite une pauvre veuve. Elle donne trois fois rien, c’est-à-dire rien. Il n’y a rien en elle qui attire le regard : si Jésus n’avait pas attiré l’attention des disciples, qui l’aurait remarquée ? Mais Jésus regarde les pauvres, tous, personnellement. Jésus est d’ailleurs capable de voir que cette pauvre femme donne tout ce qu’elle a pour vivre. Si on voulait donner une traduction littérale du dernier verset, nous dirions « elle a donné toute sa vie » ! La formule fait frémir. Dans l’humilité et le silence, une femme a donné plus que les riches qui paradent, honorés de nos regards et de nos discours de remercîments. Eux n’ont pas mis leur vie en danger. Cette femme nous est donnée en exemple par Jésus, elle devient un modèle pour tout disciple : ce qui importe est de se donner soi-même, sans rien retenir.

Mais en rester là serait oublier la moitié de l’évangile que nous venons de lire. Qu’avait Jésus en tête quand il a remarqué cette veuve ? Il venait de s’en prendre aux scribes, « qui se plaisent à circuler en longues robes, à recevoir les salutations sur les places publiques », et « qui dévorent les biens des veuves » ! Dans la situation qu’il souligne, Jésus ne voit pas seulement le contraste entre ceux qui ne se donnent qu’à moitié, ou qui ne donnent rien, et ceux qui donnent leur vie ; Jésus voit un système implacable qui tue l’innocent et le dévore. Cette veuve donne tout ce qu’elle possède, mais c’est pour engraisser des scribes qui ne s’impliquent pas eux-mêmes dans l’obligation de l’offrande. La pauvre femme investit tout ce qu’elle a pour vivre dans la construction d’un temple dont il ne restera pas pierre sur pierre. Ainsi son geste n’est vu de personne, il ne sera accueilli par personne, il sera dévoré par des rapaces, et il restera même sans effet (deux piécettes ne sont rien face aux besoins de la construction du temple) !

Oui, cette femme est bien le modèle donné aux disciples que nous sommes… Choisir de suivre Jésus est accepter de passer par la Croix. En effet, qui est l’innocent broyé par le système, qui est l’innocent dévoré par l’implacable logique humaine s’enferrant dans son péché, qui est le cœur pur déchiré par la froideur implacable de ses frères devenus incapables de l’accueillir, sinon Jésus lui-même ? Ainsi, quand Jésus attire l’attention de ses disciples sur la pauvre veuve, il les prépare à comprendre le scandale de la Croix, un événement insignifiant pour les hommes, une vie offerte à ceux qui ne donnent rien et qui s’emparent avec avidité du don de Dieu, une offrande qui semblera ne rien apporter, ne rien changer, qui n’empêchera même pas les siens de trahir…

Aujourd’hui Jésus nous invite à convertir notre regard, à changer notre façon de penser, pour que nous puissions le suivre sur les chemins déconcertants de l’évangile. Car Dieu a choisi de déployer sa force dans notre faiblesse, il a décidé de manifester la lumière de sa victoire aux cœurs de nos ténèbres, il veut faire jaillir sa vie du sein de notre mort. Pour vivre cette rencontre inouïe, il nous faut nous abandonner à des circonstances sans perspectives, il nous faut nous investir dans des projets de vie qui semblent sans avenir aux yeux du monde (et souvent aux nôtres), il nous faut mettre dans le tronc des étroites exigences du quotidien « toute notre vie ».

Que l’Esprit de Pentecôte, venu nous enseigner toute chose nouvelle, ouvre nos yeux à la réalité du monde, qu’il nous apprendre à connaître Jésus pour le reconnaître en toute circonstance et nous donne la force de le suivre fidèlement où il nous entraîne, sûrs que là est la vraie vie, confiants dans la promesse du Père.


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