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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

samedi, 12ème semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Père Joseph-Marie, fsj

La bible:

La sentence initiale de notre péricope - « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent » - constitue probablement une règle religieuse et morale connue des disciples. Le service de Dieu constitue une priorité absolue, que le souci des biens de ce monde ne saurait compromettre. Cette affirmation suscite habituellement une réaction découragée de la part de tous ceux qui sont responsables de famille : comment faire pour accomplir son devoir d’état comme il convient de le faire, sans entrer dans une certaine complicité avec le système économique, fondé sur les échanges monétaires ?
Une lecture plus attentive nous permet cependant de préciser l’exigence de Jésus. Il est impossible de « servir deux Maîtres » : il faut donc choisir entre Dieu et l’argent, autrement dit : renoncer à idolâtrer ce dernier. Mais rien ne nous empêche de nous en servir comme moyen - éventuellement même pour servir Dieu. Jésus ne dit-il pas : « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles » (Lc 16,9) ?
L’enseignement de Notre-Seigneur va cependant plus loin qu’une relativisation de l’argent ; son propos est plus exigeant qu’une mise en garde contre l’âpreté au gain ou l’attachement aux biens matériels. Il y va d’une juste évaluation de ce qui est important dans notre vie, non pas en fonction d’une échelle de valeurs que nous aurions mise en place à partir de notre expérience personnelle, mais à la lumière de la paternité bienveillante de Dieu à notre égard, c’est-à-dire à la lumière de la foi. Autrement dit, Notre-Seigneur nous invite à ajuster notre comportement à la Révélation qu’il nous fait du vrai visage de Dieu : « Votre Père céleste sait que vous en avez besoin ». Entre la sentence initiale et le commentaire de Notre-Seigneur, nous sommes passés de la relation du serviteur au Maître à celle d’un fils à son Père.
C’est donc une double idolâtrie que Jésus dénonce : l’idolâtrie de l’Argent, et l’idolâtrie d’un Dieu lointain, exigeant, indifférent aux besoins de l’homme. Il n’est d’ailleurs pas impossible que la première ne soit qu’une compensation pour l’insatisfaction engendrée par la seconde : on comprend sans peine que sous le regard d’un Dieu impitoyable, la recherche de la satisfaction des besoins naturels et de l’argent qui permet de se les procurer, puissent devenir une fin en soi et par là une idole. Mais si Dieu est pour nous, s’il veille sur nous comme un Père, alors la vie vaut effectivement infiniment plus que la nourriture. Celui qui se sait fils du Père, travaille certes pour subvenir aux besoins de ceux qui lui sont confiés, mais dans la liberté filiale, c’est-à-dire dans la certitude que Dieu est avec lui dans son effort comme dans son repos, dans ses succès comme dans ses échecs professionnels. De maître, l’argent peut devenir serviteur parce que dans son rapport à Dieu, le croyant est passé de la servitude au service, de la peur à la confiance filiale. Son souci n’est plus de sauvegarder sa vie - il sait maintenant qu’il la reçoit à chaque instant de son Père comme un don d’amour - mais de travailler pour établir la justice du Royaume, c’est-à-dire de rendre à chacun ce dont il a besoin afin qu’il puisse vivre dans la dignité de fils de Dieu ; à commencer par ceux qui lui sont le plus proches, ceux qui lui sont confiés et qu’il est chargé de servir.
« Cherchez d’abord son Royaume et sa justice » : le Royaume est présent là où Dieu agit dans la puissance de l’Esprit de Jésus-Christ, c’est-à-dire dans la puissance de l’amour de charité qui accomplit toute justice. Si l’amour est premier dans nos vies - l’amour de nos frères au nom de l’amour de Dieu - nous ne risquons pas d’idolâtrer les biens de ce monde ni l’argent ; mais nous en userons « dans la mesure où ils nous sont une aide en vue de la fin pour laquelle nous sommes créés, et nous nous en dégagerons dans la mesure où ils nous sont un obstacle » (« Principes et fondements » des Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola).

« “Tu es vraiment saint, Dieu de l’univers, et toute la création - les oiseaux du ciel et les lys de la terre - proclament ta louange ; car c’est toi qui donnes la vie, c’est toi qui sanctifies toutes choses, par ton Fils, Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec la puissance de l’Esprit Saint” (Pr. Euchar. n°3). Donnes-moi assez de confiance pour te confier demain, et ne chercher jour après jour que ton Royaume et sa justice, en assumant la peine quotidienne de son enfantement. »


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