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 - 27 mars 2024 - Saint Habib
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Homélie

Sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge-Marie

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Auteur :

Frère Dominique, fsj

La bible:

« Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? ». La question des disciples est légitime : les histoires que Jésus raconte sont un étrange moyen d’enseigner. La question est à entendre de façon positive, sans imaginer qu’elle puisse contenir, à mots couverts, une pointe de reproches. Les disciples s’interrogent sur la pédagogie du Maître.

Pourtant la première question est liée à la possibilité même de comprendre ces paraboles. Jésus tient en effet des propos embarrassants : « A vous il est donné de comprendre les mystères du Royaume, mais à eux [c’est-à-dire à ceux qui écoutent seulement les paraboles] ce n’est pas donné ». Les paraboles sont-elles donc dépourvues de sens utile ? On ne peut pourtant pas envisager que Jésus cherche à endormir son auditoire, puisqu’il est justement venu nous réveiller de nos morts, puisqu’il est la lumière dans nos ténèbres.

S’il y a bien un sens, pourquoi les auditeurs restent-ils dans l’ignorance ? Nous nous souvenons par exemple de la parabole du semeur, que nous entendrons dès demain : Jésus la donne à ceux qui sont venus l’écouter, mais l’explique seulement aux disciples. Les paraboles ne sont-elles alors que des images adaptées au plus grand nombre, très simples pour être entendues de tous, mais trop simples, et nécessitant un enseignement complémentaire, réservé aux initiés ?

Mais cette hypothèse ne peut pas non plus être retenue. Combien de fois n’avons-nous pas entendu Jésus s’impatienter de l’incompréhension des disciples ? Au point qu’il a pu nous arriver de croire l’inverse : non seulement les disciples ne vont pas plus loin que les foules, mais ils ont encore besoin de cours de soutien !

Jésus nous aide à dépasser ce genre de questionnement quand il dit : « celui qui a recevra encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a ». Ce proverbe, qui évoque le principe de la circulation de l’argent (les riches devenant toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres), nous montre que la possibilité de comprendre les paraboles ne dépend pas d’elles-mêmes mais de ceux qui les reçoivent.

Il est vrai, en effet, que les paraboles sont des énigmes. Mais il est évident que cette énigme est le Royaume. Comme il est caché, on ne peut parler de lui qu’en parlant d’autre chose. Tout dépend donc de l’attitude de celui qui écoute, tout dépend de l’objet sur lequel il porte son attention, tout dépend de son engagement personnel par rapport à Jésus.

Ainsi, celui qui a renoncé à alourdir son cœur, selon la leçon que tire Isaïe et que nous rappelle Jésus, peut être guéri, il peut découvrir le Royaume et y entrer. Il y a donc pour lui une augmentation. Il a osé entrer dans l’amitié de Jésus, il reçoit la guérison et entre dans la joie de son maître qui s’exclame : « heureux vos yeux parce qu’ils voient et vos oreilles parce qu’elles entendent ». Quant à celui qui n’a rien, celui qui ne laisse pas la parabole faire ce pour quoi elle est faite, c’est-à-dire toucher directement son cœur, et qui la cantonne dans les chemins alambiqués de sa raison, il lui sera enlevé même ce qu’il a. En effet, il n’a que ce qu’il croit avoir appris. Il n’est pas entré dans la symbolique de la parabole et il s’identifie à ce qu’il possède, à son savoir. Finalement ce qu’il sait lui bouche la vue et il ne le sait pas. Il le perd donc, il perd le peu qu’il avait.

La parabole est donc un moyen particulièrement adapté à révéler le Royaume, car elle détache de tout objet physique, elle fait quitter la lourdeur de nos univers raisonnables pour nous introduire au seuil de la vie spirituelle en sollicitant notre raison sur un terrain qu’elle ne peut découvrir par elle-même. La parabole nous dispose à entendre autre chose. Elle nous dispose à l’infini de Dieu.

Demandons la grâce d’être renouvelés dans notre rapport à la Parole, que nous sachions la cueillir comme un fruit de l’été et nous recueillir ensuite pour la goûter. Qu’elle nous apprenne à cueillir Dieu, avec délicatesse, et à nous laisser recueillir par lui, recueillir en lui, tout simplement, comme la nuit d’été enveloppe de fraîcheur et de paix.


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