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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mercredi, 24ème semaine du temps ordinaire

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Auteur :

Frère Dominique, fsj

La bible:

Soyons francs : « Quels sales gamins ! ». Mais cette exclamation fait également sourire car nous avons tous fait partie, d’une façon ou d’une autre, d’une de ces bandes qui traînent sur la place du village après l’heure de l’école, qui s’interpellent et qui rivalisent. Quel village en effet n’est pas symboliquement coupé en deux : « le-Haut » et « le-Bas » ? Ligne d’identification plus que de démarcation. Chaque bande trône impérialement sur un des bancs de la place et cherche à organiser l’espace de jeu. En vain. Quand ceux « d’en-Haut » sortent les flûtes et appellent à la danse, ceux « d’en-Bas » boudent l’invitation. A leur tour, ceux « d’en-Bas » prennent l’initiative et entonnent des chants de deuil, mais ils ne trouvent personne pour jouer aux funérailles. Et de s’accuser mutuellement d’un manque honteux de coopération, d’un refus obstiné de reconnaître ses erreurs, d’un orgueil empêchant d’accepter comme bons les jeux organisés par l’autre banc. Au final, personne ne joue. « Ils sont assis » nous dit Jésus, leur vie spirituelle est à l’arrêt.

Ainsi Jésus voit-il ses contemporains. Plus préoccupés d’eux-mêmes que du bien commun, ils se chamaillent et invoquent une litanie de bonnes raisons pour ne pas suivre Jean-Baptiste qui ne peut être qu’un possédé puisqu’il vit comme un ascète au milieu d’un peuple profitant de l’abondance de ses richesses. Ils pontifient encore sur les raisons de ne pas écouter Jésus, un glouton et un ivrogne, puisqu’il s’attable chez les pécheurs, bien loin de l’attitude religieusement correcte.

Du haut de notre XXIème siècle, l’anecdote ferait sourire si la situation avait évoluée. Mais l’homme n’a pas changé. Nous n’avons pas changé. Notre monde continue d’ergoter, de ressasser ses bons motifs de s’entêter loin des chemins de la raison, de justifier ses égarements en jetant des accusations et des excuses par delà la place du village.

Cette situation ne peut cependant pas être source de découragement : dire que l’homme n’a pas changé, est aussi dire que les conditions sont les mêmes qu’au temps des Apôtres. C’est donc dire également que ce refus obstiné n’est pas un empêchement à vivre l’Évangile. Car nous n’enseignons pas une philosophie ou une théorie quelconque, nous annonçons Jésus ressuscité ! Nous ne cherchons pas à clore les débats ni à faire taire les esprits raisonneurs, nous proclamons la venue du Royaume. Nous n’essayons de convaincre personne, nous disons que nous avons fait un choix pour la personne de Jésus. Nous avons choisi de mettre Jésus au centre de notre vie, et cela change tout, cela fait notre joie. Cela empêche que nous restions assis sur les bancs convenus des disputes rituelles. On peut nous accuser d’être des mauvais joueurs, des empêcheurs de tourner en rond, notre propos n’est ni dans un raisonnement ni dans une querelle, il est dans le dialogue d’amour que nous voulons entretenir avec notre Seigneur, par toute notre vie et quoi que cela nous coûte. Une chose est de chercher à répondre aux questions de notre temps, une autre est de se laisser entraîner dans la spirale verbeuse de l’esprit du monde.

Ainsi, au-delà de tout ce vacarme infantile, le témoignage de vie des chrétiens rejoint les pauvres, les petits, les publicains, ceux qui n’attendent pas leur salut d’un savoir mais d’un sauveur. Voilà l’essentiel, dont Jésus se réjouit.

Seigneur Jésus, fais que nous ne soyons plus prisonniers de nos jeux. Les tenant pour une réalité de la plus haute importance, nous passerions à côté de l’essentiel. Garde-nous de vouloir t’attirer sur nos cours de récréation quand tu nous attends sur les chemins de l’enfance spirituelle. Des gamins effrontés que nous sommes, tu veux faire des enfants épanouis qui savent reconnaître la sagesse quand elle se manifeste et qui ne craignent pas de la proclamer quand ils l’ont rencontrée. En ce jour, fais en nous ce que tu dis. Empare-toi de nous, habite chacune de nos paroles, illumine de ton Esprit chacun de nos actes, pour que nous soyons de dociles instruments au service de la construction de ton Royaume. Par notre élan, que nos contemporains découvrent la joie de te suivre et se lèvent. Que par toute notre vie, nous aidions à ce que « la sagesse de Dieu se révèle juste auprès de tous ses enfants ».


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