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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mardi, 8ème semaine du temps Ordinaire.

La précédente intervention de Jésus a sérieusement ébranlé les apôtres : s’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un homme d’entrer dans le royaume, alors à quoi bon avoir tout quitté pour suivre le Maître ? Certes Notre-Seigneur dénonçait avant tout le danger des richesses, mais qui peut se prévaloir d’être détaché des biens de ce monde ? Aussi les disciples se demandent-ils avec beaucoup de réalisme et d’inquiétude : « Mais alors, qui peut être sauvé ? ».
La réponse de Jésus n’est pas vraiment rassurante : il commence par confirmer que personne ne peut atteindre le détachement indispensable pour désirer le Royaume comme il conviendrait de le faire. Là nous sommes au plus mal ; heureusement Notre-Seigneur entrebâille une dernière espérance : « Tout est possible à Dieu ». Certes, puisqu’il est Dieu ; mais entre le « possible » et la réalité de notre salut, il y a toute l’épaisseur de la volonté divine, et qui nous garantit sa bienveillance ?
Timidement Pierre risque quelques mots maladroits pour essayer de forcer le Maître à en dire davantage : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre… ». Sous-entendu : « …cela suffit-il pour que tu parviennes à décider ton Père de fermer les yeux sur notre attachement à ce monde, et nous ouvrir en temps voulu les portes de son Royaume ? » La réponse solennelle de Jésus - « Amen je vous le dis » - est probablement accompagnée d’un franc sourire, qui vient apaiser quelque peu les regards anxieux qui le fixent.
« Personne n’aura quitté, à cause de moi et de l’Evangile ». L’extension illimitée du terme « personne » nous inclut dans la prophétie de Notre-Seigneur. Le verbe « quitter » est très fort : il suppose une rupture intentionnelle, dont la motivation exclusive est la cause de l’Evangile.
« Une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre ». Pas facile de trouver une logique dans cette énumération : les personnes - qui représentent ce que nous avons de plus cher - sont curieusement encadrées par des biens matériels : la maison et la terre. Sans doute faut-il y lire la maison familiale et la terre de nos ancêtres ; bref : notre contexte humain, le cadre de vie des personnes citées entre les deux termes extrêmes. Jésus fait donc probablement allusion à tout ce qui constitue notre enracinement. Si cette interprétation est juste, le déracinement auquel il nous invite ne serait pas avant tout physique - quitter objectivement notre parenté - mais spirituel : il s’agit de vivre sur terre en citoyens du ciel, membres non plus de nos familles humaines, mais de « la famille de Dieu » (Ep 2,19).
A ceux qui acceptent ce pas dans la foi, Jésus promet qu’il recevront « en ce temps déjà, le centuple ». L’énumération reprend la précédente, dans le même ordre, mais en omettant le père et en ajoutant les persécutions. L’omission du père confirme notre interprétation, puisque nous n’avons qu’un Père, le Père céleste (cf. Mt 23,9). Dès à présent, nous sommes invités à ouvrir largement notre cœur à la communion universelle instaurée par la venue dans notre chair du Fils de Dieu : « Il n’y a plus ni Juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3,28-29). C’est sans doute cette union au Christ qui nous vaut de participer à sa passion - chacun d’entre nous dans la mesure où le Père nous le confie - à travers « des persécutions ». Celles-ci sont en effet inévitables pour tous ceux qui vivent déjà sur terre en citoyens du ciel : « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître : si l’on m’a persécuté, on vous persécutera vous aussi » (Jn 15,20). Cependant, que cette perspective ne nous décourage pas : « il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous » (Rm 8,18), lorsqu’il nous aura donné part, « dans le monde à venir, à la vie éternelle ».

« Seigneur ouvre nos yeux sur les trésors de grâce que tu nous réserves, au ciel, dans le Christ : ne permets pas que nous laissions ravir notre héritage par un attachement excessif à ce monde qui passe, ni par la peur des épreuves destinées à purifier notre foi. Mais accorde-nous de nous laisser conduire docilement par ta Parole et par l’Esprit, jour après jour, en gardant les yeux fixés sur celui qui est à l’origine et au terme de notre foi, afin de le saisir, lui l’objet de la promesse, comme nous avons nous-mêmes été saisi par le Christ Jésus Notre-Seigneur (cf. Phi 3, 12). »


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