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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

vendredi, 28ème semaine du temps ordinaire

Une foule innombrable écrase Jésus, prémisses des multitudes qui viendront, tout au long de l’histoire, de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi, pour entendre sa Parole qui donne la vie, qui ouvre un sens, qui met en route sur le chemin de la vraie liberté.
Jésus est cependant loin de faire l’unanimité et il compte paradoxalement ses plus farouches opposants parmi les chefs religieux, c’est-à-dire ceux qui auraient dû venir en premier jusqu’à lui, entraînant à leur suite le peuple dont ils avaient la charge.
Hélas ce qui empoisonne le ministère et la vie des pharisiens, c’est leur impuissance à dépasser la lettre de la Loi, qu’ils finissent par idolâtrer. Ce n’est pas de Dieu qu’ils espèrent le salut, mais ils sont convaincus d’être des justes « par les actions qu’ils ont accomplies » (1ère lect.) - au risque bien sûr d’« en tirer orgueil ». Or c’est précisément le propre de l’orgueil de prendre ombrage des talents, des charismes - et plus encore de l’audience et de l’admiration - portés à un autre - dans notre cas à Jésus. De là naissent la jalousie et la haine, toutes deux meurtrières.
En s’en tenant strictement à la lettre, c’est-à-dire en accomplissant scrupuleusement les préceptes de la Loi mais en oubliant qu’elle n’est qu’un pédagogue (Ga 3,24) chargé de nous conduire sur le chemin de « la justice et de l’amour de Dieu » (Lc 11,42), les pharisiens détournent les commandements de leur finalité et égarent le peuple dans les prescriptions sans fin d’une religiosité stérile. Dans la Parole inspirée, on peut comparer la lettre à la « chair » de l’Esprit ; or « c’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien » (Jn 6,63). Une trop grande attention à la lettre peut empêcher d’accéder à l’Esprit qui demeure voilé au cœur de la Parole. Seule la foi ouvre les yeux du cœur (Lc 24,32) et permet de discerner le sens des Écritures « en esprit et vérité » (Jn 4,24). Car la foi est l’œuvre de l’Esprit en nous, qui nous donne accès à l’interprétation spirituelle et plénière de la Parole de Dieu. Rien ne demeure dissimulé au regard illuminé par l’Esprit qui dévoile la lettre et fait apparaître au grand jour « ce qui est caché ».
Bien sûr, il n’est pas sans danger d’ouvrir le Livre et d’en révéler un sens qui déborde les interprétations traditionnelles que se répétaient les rabbis génération après génération. Jésus est bien placé pour le savoir, lui qui s’est fait accuser de suppôt de Satan en raison de l’autorité de sa parole et de son pouvoir sur les esprits mauvais (Lc 11,15). Mais ce n’est pas une raison pour se taire : on n’arrête pas l’essor de la Parole. Il suffit de la murmurer dans l’ombre, pour qu’elle porte bientôt au grand jour son fruit de libération. Et ce que nous aurons « dit à l’oreille du cœur » de nos frères, ils le « proclameront sans tarder sur les toits », tout joyeux d’avoir eux aussi accès au salut, dans l’Esprit qui les rend participants de la vie divine (2 P 1,4).
Certes l’affrontement peut - et risque même de - tourner à la violence, parfois meurtrière, comme ce sera bientôt le cas pour Notre-Seigneur. Mais à nouveau le Maître nous rassure : « ce qui est né de la chair n’est que chair » (Jn 3,6). Les hommes charnels qui adorent la lettre ne peuvent nous atteindre qu’à la périphérie de notre être ; tout au plus peuvent-ils tuer le corps. Comme ils ne sont pas « nés de l’Esprit » (Ibid.), ils n’ont aucun accès à cette dimension profonde, où nous sommes unis à Dieu, vivant de sa propre vie. Par contre, le sort de nos détracteurs est bien plus redoutable ; car le jour où ils auront à déposer leur pauvre enveloppe charnelle mortelle, leur esprit qui s’est détourné de la lumière que leur proposait le Christ, s’en ira errer dans les ténèbres de la géhenne.
Pour vaincre nos dernières résistances, c’est-à-dire pour chasser la peur qui nous paralyse face aux vents contraires, nous empêchant d’annoncer ouvertement la Bonne Nouvelle, Jésus nous rassure par une analogie. Si l’homme maîtrise les moineaux au point de pouvoir disposer d’eux en vue de la vente, Dieu ne disposera-t-il pas bien davantage non seulement de la vie de ces oiseaux, mais de celle des hommes ? Le Seigneur nous connaît mieux que nous-mêmes et porte le souci de tout ce que nous sommes, jusque dans le moindre détail. Oui nous pouvons être sans crainte : nos vies sont dans la main du Père et du Fils, et nul ne peut rien arracher de leurs mains (cf. Jn 10,28-29).

« “Heureux l’homme que tu as pu estimer juste” (1ère lect.) Seigneur, en raison de sa foi, indépendamment des œuvres qu’il a accomplies. “Heureux l’homme dont les fautes ont été remises et les péchés pardonnés”, parce que, plein d’espérance, il s’est couvert du manteau de ta justice que lui tendait ton Fils. “Heureux l’homme que tu n’estimes plus pécheur”, parce qu’il a reconnu le temps de ta miséricorde et s’est livré à l’Esprit de charité.
C’est pourquoi “je te rendrai grâce Seigneur en confessant mes péchés” (Ps 31) car ta justice est la seule. Fort de ton amour et libéré de toute peur, je pourrai alors proclamer au grand jour “les choses cachées depuis les origines” (Mt 13,35), que ton Fils est venu révéler, pour rassembler tes enfants dispersés, dans l’unité de ton Amour. »


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