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 - 7 mai 2024 - Sainte Gisèle
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Homélie

Saint Augustin de Cantorbéry, évêque,

Jésus vient d’accomplir ce qu’on peut appeler une « entrée messianique » dans la ville Sainte. C’est à la lumière de cette révélation de son identité que nous sommes invités à lire la péricope de ce jour.
Les déplacements sont trop nombreux pour être anecdotiques : les différents espaces géographiques délimitent des unités textuelles qui structurent le récit. Il suffit de délimiter ces unités pour voir apparaître leur articulation :
-  la visite vespérale du Temple ;
-  l’épisode du figuier stérile ;
-  la purification du Temple ;
-  le constat de la malédiction du figuier ;
-  la leçon finale de Jésus.
Un simple regard sur la suite des épisodes résout d’emblée le problème écologique qui aurait pu nous troubler : pourquoi Jésus condamne-t-il ce pauvre figuier, alors que ce n’est même pas la saison des figues ? C’est bien sûr à la lumière des événements du Temple qu’il faut comprendre ce passage, qui à son tour va éclairer le geste prophétique posé par Jésus dans l’enceinte sacrée.
De quoi Jésus a-t-il faim ? Lui-même répond : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jn 4,34), c’est-à-dire de nous offrir le salut par la réconciliation avec Dieu son Père. Encore faut-il qu’il y ait une âme de désir qui soit disposée à accueillir le don de la grâce. Le figuier représente traditionnellement Israël ; les feuilles sont les œuvres stériles - les grandes cérémonies du Temple - qui reflètent davantage une volonté de manipuler Dieu qu’une vraie piété : l’accumulation des offrandes et des sacrifices visait à obtenir le pardon sans réelle conversion du cœur. Quant à la saison des figues, elle évoque le temps de la venue du Messie où le peuple saint pourrait enfin donner son fruit. Hélas les chefs du peuple n’ont de toute évidence pas su le reconnaître, puisqu’ils contestent la prétention de Jésus d’être l’Envoyé du Père ; aussi les figues - entendons les fils du peuple élu - ne sont-elles pas au rendez-vous du Messie.
Le geste prophétique posé par Jésus dans le Temple, conduit dans la pratique à mettre fin aux sacrifices anciens ; ce qui suppose que le temps d’attente et de préparation est venu à son terme, qu’un nouveau type de relation avec Dieu est instauré en la personne du Messie, seul grand Prêtre chargé de porter à Dieu l’offrande d’une prière qui lui soit agréable. Il est en sa Personne le nouveau Temple d’où s’élève l’adoration « en esprit et vérité » (Jn 4,24) qui soit digne du Père. C’est en lui, c’est-à-dire uni à lui par la foi, qu’il convient désormais de prier, et non plus dans un Temple de pierre dont le rôle est définitivement révolu.
Par deux fois, l’évangéliste précise que Jésus est obligé de quitter le Temple à la nuit tombante ; en clair : Dieu n’illumine plus ce lieu, qui ne s’éclaire qu’à la lueur des astres du ciel et non plus de leur Roi. La Jérusalem céleste, elle « n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine et sa source de lumière, c’est l’Agneau » (Ap 21,23). Peut-être aussi Saint Marc veut-il souligner qu’au soir de la première Alliance, Notre-Seigneur quittera le Temple pour offrir le véritable sacrifice sur une autre montagne, hors de la ville. Alors les ténèbres envelopperont la terre jusqu’à ce que surgisse l’éclat d’un jour nouveau, le Jour de Dieu inauguré par la résurrection et qui ne connaîtra pas de fin. Alors, au bord du torrent jaillissant du côté droit de la façade du Temple, « toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède » (Ez 47, 12).
Cette réalité annoncée par le prophète est certes eschatologique, mais en Jésus ressuscité, l’eschatologie est déjà commencée : « “Ayez foi en Dieu”, croyez en l’accomplissement de sa promesse ; croyez que je suis celui que les prophètes avaient annoncé et qui inaugure le temps du pardon. A travers moi, c’est le Père lui-même qui vous ouvre les bras de sa miséricorde et vous accueille comme ses enfants : que pourrait-il vous refuser ? A condition bien sûr de demeurer dans son Alliance en pardonnant à ceux qui vous ont offensés, “pour que votre Père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes” ».

« Seigneur, si “tu inspectes du regard” nos pauvres vies, elles ne pèseront pas lourd devant toi : tu risques de rester sur ta faim ! Mais ne maudit pas l’œuvre de tes mains : prends pitié de nous, et apprends nous à nous enraciner dans la foi, afin que la sève divine de l’Esprit rende féconds nos figuiers stériles et que nous portions du fruit en abondance dans le Royaume qui vient. »


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