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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

lundi, 31ème semaine du temps ordinaire

La péricope qui précède celle de ce jour nous découvrait la convocation au grand dîner du Royaume comme promesse d’exaltation pour celui qui consentirait à accueillir gratuitement l’invitation au salut.
L’évangile d’aujourd’hui va dans le même sens même si cette fois, Jésus ne se place plus du point de vue de l’invité mais de l’hôte. Celui qui invite à un repas doit le faire sans calcul d’intérêt mais gratuitement. Et le fait de s’adresser aux plus pauvres et aux plus démunis en sera le critère de vérification : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t’inviteraient en retour, et la politesse te serait rendue. Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ».

Il est vrai que notre besoin de reconnaissance est tel qu’il nous est très difficile d’agir gratuitement y compris dans le cadre d’une invitation. Ne serait-ce que vis-à-vis de Dieu lui-même, espérant être bien vu voire récompensé de sa part parce qu’il aura été content de notre manière d’agir.
Ici, inviter quelqu’un qui ne pourra rien nous rendre en retour sera le meilleur moyen de dépasser cette difficulté parce que cela nous mettra en situation de pure gratuité : « tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre ». « Heureux » : C’est bien la béatitude que Jésus promet au terme d’une telle action, autrement dit l’entrée dans le Royaume.
Lorsqu’on se rappelle que dans le discours sur la montagne (dans la plaine chez saint Luc) Jésus s’identifie au Royaume, cela signifie qu’un tel agir nous établit dans la présence du Seigneur.

Tout à fait logique finalement. En effet, Jésus ne nous rappelle-t-il pas dans l’évangile qu’il vient à nous sous les traits du pauvre, de l’humilié, de l’exclu, « lui qui s’est abaissé jusqu’à mourir sur une croix » (Ph 2) comme le dernier des bandits ? Ainsi, en demandant d’inviter les boiteux et les aveugles qui étaient exclus par la Loi des cérémonies du Temple (Cf. 2 S 5, 8 [LXX] ; Lv 21, 18) c’est bien lui que Jésus appelait et nous appelle aujourd’hui encore à inviter chez nous. Grégoire de Nysse disait : « Gardez-vous donc de mépriser les pauvres, comme s’ils n’avaient droit à rien. Réfléchissez à ce qu’ils sont, et vous reconnaîtrez bientôt leur dignité et leur valeur. Ils sont revêtus de l’image de Jésus-Christ, ils sont les héritiers des biens futurs, les portiers du ciel, de puissants accusateurs et d’éloquents défenseurs » (Ch. des Pères grecs).

Accueillir un pauvre ouvre aussi notre cœur à la présence du Seigneur d’une autre manière. Inviter et accueillir gratuitement ceux pour qui notre société n’a qu’indifférence voire mépris change notre regard sur eux et sur nous-mêmes. Nous comprenons combien nous sommes nous-aussi boiteux dans nos choix, aveugles sur le véritable sens à donner à notre vie et combien nous avons soif d’être aimés simplement, gratuitement. C’est bien à la gratuité de son amour et de son salut que Jésus veut nous disposer dans l’évangile de ce jour.

« Seigneur Dieu, puissions-nous nous laisser toucher par ton amour qui va jusqu’à nous inviter, nous, pauvres pécheurs, à ton Banquet qui célèbrera les épousailles de notre humanité avec ta divinité. La gratuité à laquelle tu nous appelles n’est pas qu’une image extérieure de ce que tu nous réserves mais elle participe de ton amour pour que nous puissions réellement en être les canaux auprès de nos frères. »


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