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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

mardi, 33ème semaine du temps ordinaire

La liturgie nous propose à nouveau, à seulement un peu plus de deux semaines d’intervalle, l’évangile de Zachée. Arrêtons-nous un peu sur le personnage. Tout d’abord sur sa profession. Il est péager, plus généralement collecteur d’impôts. C’est à lui que les voyageurs ont à payer le droit de passage au poste de douane de Jéricho en direction de l’Arabie. Il exerçait ce métier pour le compte des Romains et on imagine facilement qu’il ne manquait pas de se servir au passage sur ce qu’il encaissait. Zachée de part sa collaboration avec l’envahisseur romain et ses vols sur les taxes qu’il imposait ne devait pas être particulièrement sympathique à ses compatriotes… Aussi lorsqu’il essaye de passer à travers la foule pour à l’aller à l’encontre de Jésus, l’occasion est trop belle pour elle de se venger en lui obstruant le passage.

Luc précise que Zachée ne cherche pas à « voir Jésus » mais il veut « voir qui est Jésus ». Sa démarche, à l’inverse de celle de la foule sans doute, n’est donc pas motivée par une quelconque curiosité au sujet de ce rabbi qui ce jour-là passe par Jéricho. Non, ce qui intéresse Zachée c’est l’identité de ce Jésus dont il a entendu parler des miracles mais surtout de l’accueil miséricordieux qu’il réservait aux pécheurs. Lui, Zachée, compromis comme il est avec l’esprit du monde, pourrait-il avoir encore du prix aux yeux de quelqu’un ?
Il ose à peine y penser. Pourtant, intérieurement quelque chose le lui fait croire et espérer et le pousse à braver la foule et à dépasser l’obstacle de sa petite taille pour rencontrer Jésus. Comme un enfant, lui, le publicain en chef, court sur un arbre se souciant alors bien peu de ce qui sied à sa dignité et à son rang social. L’essentiel n’est plus là. Il pressent qu’une libération se profile pour lui.
Lui que l’on a peu à peu enfermé dans le personnage d’un collaborateur et d’un voleur et qui à cause de la haine qu’on lui vouait s’est muré dans sa solitude, lui qui malgré tant d’essais n’a pu sortir de la prison où l’appât du gain l’avait entraîné, a l’intuition que ce Jésus de Nazareth peut réaliser l’impossible. Déjà la vérité qui seule libère est à l’œuvre dans son cœur. Sa misère, sa pauvreté, son péché lui apparaissent mais cette fois, chose incompréhensible, il se pressent en même temps aimé.

Alors qu’il vient d’écarter les branches du sycomore sur lequel il est monté pour mieux voir passer Jésus, c’est ce dernier qui lève les yeux vers lui pour plonger son regard dans le sien. Le Fils de Dieu a pris chair de notre chair, il s’est abaissé, il est descendu au plus bas pour être sûr de n’oublier aucune de ses brebis égarées, brebis dont il connaît personnellement le nom.
« Zachée… » Cela a dû être une expérience bouleversante pour Zachée que de s’entendre appeler par son nom. Ce nom qui, pour beaucoup de ses concitoyens, était chargé de mépris. Maintenant, il l’entendait prononcer avec un accent de tendresse, qui exprimait non seulement de la confiance, mais aussi de la familiarité et comme l’urgence d’une amitié. Dès lors, Jésus, avec la douce pression de l’affection, entre dans la vie et la maison de cet ami retrouvé : « Descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ».

La demeure de ce pécheur va devenir, en dépit de tant de murmures le lieu de la révélation de la miséricorde divine. Certes, cela ne se produira que si Zachée consent à renoncer à l’égoïsme qui l’a conduit à perpétrer tant d’escroqueries. Mais la miséricorde lui est déjà parvenue, elle l’a précédé, offerte gratuitement et en surabondance.
Jean-Paul II voyait dans cet évangile de Zachée la figure de ce qui s’opère dans toute rencontre sacramentelle, particulièrement dans le sacrement de la réconciliation. Il s’exprimait ainsi : « Nous ne devons pas imaginer que c’est le pécheur qui, par son chemin autonome de conversion, gagne la miséricorde. Au contraire, c’est la miséricorde qui le pousse sur le chemin de la conversion. Par lui-même, l’homme n’est capable de rien. Et il ne mérite rien. Avant d’être un chemin de l’homme vers Dieu, la confession est une irruption de Dieu dans la maison de l’homme. »

« Seigneur, béni sois-tu de venir nous chercher dans nos prisons intérieures. Merci pour ton regard qui nous y rejoint et qui nous libère parce que nous y lisons que nous avons du prix à tes yeux, que malgré notre péché, nous sommes encore dignes d’être aimés. Merci pour la gratuité de ton amour, qui nous précède toujours pour nous ramener jusqu’à toi, notre paix et notre joie. »


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