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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mercredi, 34ème semaine du temps ordinaire

« A cause de mon Nom » ; en d’autres passages de l’Évangile Jésus dira « à cause de moi ». Ainsi dans le sermon sur la montagne Jésus déclare : « Heureux si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi » (Mt 5,11). Dans la tradition juive le « nom » appelle la présence spirituelle de celui qui est nommé. C’est donc parce que le Seigneur Jésus se rend effectivement présent lorsqu’ils l’appellent, que les disciples ont à subir le même sort que lui. Le Prince de ce monde se déchaîne contre ceux qui appartiennent au Seigneur : « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait car vous seriez à lui ; mais vous n’appartenez pas au monde puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous. Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si on m’a persécuté on vous persécutera vous aussi » (Jn 15,18-20).
Le thème du « Nom » est particulièrement important sur l’horizon de l’espérance d’Israël. A l’Horeb, le Seigneur affirme : « Je suis celui qui suis » (Ex 3, 14) - littéralement : « Je suis celui qui était avec vous, qui demeure à vos côtés et qui marchera toujours avec vous ». Il ne s’agit pas du dévoilement du Nom de Dieu, mais plutôt d’un refus opposé par le Seigneur à Moïse, qui cherche à lui faire décliner son identité. Le nom sous lequel Dieu se fait connaître au désert nous est donné au verset suivant : « Le Seigneur Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » (Ex 3, 16). Le Nom mystérieux qui nous donne accès à Dieu lui-même, ne nous est révélé qu’en Jésus. « En dehors de lui, proclame fièrement saint Pierre devant le Sanhédrin, il n’y a pas de salut. Et son Nom donné aux hommes est le seul qui puisse nous sauver » (Ac 4,12). Le Nom par lequel Dieu s’est fait connaître et veut désormais être invoqué par les hommes, n’est plus le tétragramme sacré que le grand prêtre prononçait derrière le voile le jour de la fête du Yom Kippour pour la rémission des péchés du peuple, mais le Nom de « Jésus » en qui nous trouvons le pardon de nos péchés, la réconciliation avec Dieu, le salut.
Cependant appartenir au Christ n’est pas de tout repos, sa simple présence déchaîne la violence des forces du mal : « Que nous veux-tu Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu » (Mc 1,24). Rien d’étonnant dès lors que le croyant qui reflète sur son visage la gloire de Jésus ressuscité, suscite lui aussi une telle opposition. Nous sommes toujours surpris d’entendre de la bouche de Jésus l’annonce d’une possible trahison par un de nos proches : « Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis ». N’oublions pas cependant que Jésus désigne comme « ses frères », et même comme « sa mère », ceux qui « écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8,21). Il faut donc entendre ce réseau familial au sens de la nouvelle famille des croyants. Or c’est bien par un de ses disciples les plus proches, Judas, que Jésus a été trahi. L’avertissement de Notre-Seigneur ne doit cependant pas nous conduire à la défiance, car telle n’a pas été son attitude : jusqu’au bout il a cru en Judas et lui a offert son amitié. Le verbe « livrer » est ici significatif. Parlant de lui-même Jésus dit : « Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que le troisième jour il ressuscite » (Lc 24,7). Le « il faut que », ainsi que le passif « soit livré », soulignent que cette étape douloureuse fait partie du dessein de salut de Dieu. Jésus ne subit pas sa Passion : il garde l’initiative des événements qu’il anticipe dans l’institution eucharistique : « La nuit même où il était livré, le Seigneur prit du pain puis ayant rendu grâce il le rompit et dit : “Ceci est mon corps donné pour vous, faites cela en mémoire de moi” » (1 Co 11, 24). Jésus consent à sa passion, pour y triompher de la haine par l’amour : « “Vous serez détestés de tous à cause de mon Nom”, mais je vous ai dit “Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux” (Mt 5,44-45) ».
Le Seigneur nous certifie « que nous n’avons pas à nous soucier de notre défense. Lui-même nous inspirera dans l’Esprit Saint un langage et une sagesse à laquelle tous nos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction ». Cette prophétie se réalise de façon exemplaire au livre des Actes des Apôtres lorsque Pierre et Jean suscitent la perplexité du Sanhédrin : « Ils étaient surpris en voyant l’assurance de Pierre et de Jean et en constatant que c’était des hommes quelconque et sans instruction » (Ac 4,13). C’est l’Esprit de Jésus qui vient au secours de ceux qui lui appartiennent, parlant à travers eux comme leur Paraclet, c’est-à-dire leur « avocat » (Jn 14,16 ; 14, 26 ; 15, 26).
Impossible de se mettre à la suite du Christ sans lui appartenir totalement. Tôt ou tard survient l’épreuve qui nous oblige à un choix radical : ou bien nous « affirmons ouvertement de notre bouche que Jésus est Seigneur, nous croyons dans notre cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts » (cf. Rm 10,9), et Jésus vient à notre aide pour se faire lui-même notre défenseur ; ou bien nous le renions devant les hommes par peur des représailles, et nous nous rangeons sous la bannière du Prince de ce monde.
Que l’Esprit Saint nous donne de croire « du fond du cœur », et d’« affirmer notre foi avec assurance pour obtenir le salut » (cf Rm 10,10).

« Alors qu’il traversait les lignes musulmanes pour se rendre auprès du sultan Malek Al Kamil, Saint François d’Assise répétait intérieurement le verset du Psaume 22 : “Tu es mon berger je ne manque de rien. Sur de frais pâturages tu me fais reposer. Tu me mènes auprès des eaux tranquilles et me fais revivre” (Ps 22, 1-2). Accorde-nous Seigneur de puiser nous aussi dans cette Parole la force pour soutenir notre foi et dominer nos peurs, sûrs que tu es fidèle et que tu accomplis ce que tu dis. Nous oserons alors affronter dans la confiance et dans la paix, les contradictions, l’ironie, le mépris, auxquels tout témoin de l’Évangile est tôt ou tard confronté, dans notre monde de plus en plus sécularisé. »


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