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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Thomas d’Aquin, prêtre et docteur de l’Église

Le récit commence par mettre en scène la très forte disjonction entre les scribes et Jésus. Disjonction géographique d’abord : ces messieurs viennent de la Ville Sainte, ils sont montés en Galilée pour remettre les pendules à l’heure dans la province, en posant un discernement exclusif sur l’activité de ce Rabbi qui fait tant parler de lui : il ne serait qu’un suppôt de Satan, qui tire ses pouvoirs du pacte qu’il a scellé avec l’Ennemi de Dieu et du genre humain. En clair : Jésus est possédé ; « c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons » : Notre Seigneur est mis en conjonction avec Béelzéboul (littéralement : le « Maître de la maison » dont il sera question dans la seconde partie) et donc en disjonction avec le peuple de Dieu dont les chefs religieux ont la charge. Schématiquement nous aurions deux clans opposés et irréductiblement inconciliables : d’un côté Satan et son lieutenant, Jésus ; de l’autre Dieu et ses représentants, les scribes et autres chefs religieux.
Loin de se scandaliser et d’entrer dans la logique de l’affrontement imposée par ses adversaires, Jésus cherche tout au contraire à susciter une rencontre : il les invite même à prendre place au rang de disciples, qu’il avait « appelés près de lui » dans les mêmes termes (3, 13). Cet acte de bienveillance marque une transition au sein du récit ; le dialogue qui s’ouvre, va permettre au Seigneur de resituer les relations mutuelles entre les personnages introduits par les scribes : Dieu, Satan, Jésus lui-même et ses interlocuteurs.
Avec beaucoup de patience, notre Seigneur explique la contradiction interne de l’argumentation de ses accusateurs ; il a recours à la « maïeutique » socratique plutôt qu’à la pédagogie du Maître enseignant : il pose une question afin d’amener ses interlocuteurs à corriger eux-mêmes leur position et à « accoucher » de la vérité. Les paraboles pleines de bon sens de la famille et du Royaume divisés, invalident en effet la structure proposée par les scribes : si Jésus affronte les démons, il est impossible qu’il soit de leur parti ; si de plus il s’avère qu’il est plus fort qu’eux, il agit nécessairement au nom de Dieu, car Dieu seul peut maîtriser l’Ennemi.
Dès lors, la répartition des personnages s’annonce tout autre : selon la démonstration apportée par Jésus, il y aurait plutôt d’un côté Satan, en disjonction et même en opposition irréductible à Jésus - qui prouve par ses œuvres qu’il est en conjonction avec Dieu.
Les scribes sont non seulement invités à revoir leur position, mais le Seigneur les somme, avec délicatesse et fermeté, de choisir leur camp : s’ils veulent rester du côté de Dieu, non seulement ils devront s’accommoder de la présence de Jésus, mais ils devront même accepter de passer par lui, car lui seul peut « ligoter l’homme fort » qui tient le pouvoir dans leur maison et les délivrer de son emprise.
Etonnant renversement de situation : ceux qui accusaient Jésus de collaboration avec l’Ennemi, voire de possession, se voient dans l’obligation de vérifier de qui ils sont les vassaux ! Solennellement, Notre Seigneur renchérit : « Amen, je vous le dis : Dieu pardonnera tout aux enfants des hommes » qui s’approchent de lui en son Fils Jésus ; mais il ne peut rien pour ceux qui refusent la médiation de celui qu’il a envoyé comme Sauveur. En s’obstinant à méconnaître l’oeuvre de « l’Esprit Saint » - c’est-à-dire l’Esprit de Dieu - en Jésus, et en l’accusant d’agir par « un esprit impur », ils s’excluent du salut que le Père leur offre gratuitement en son Fils.
Cet épisode nous fait accomplir une avancée significative dans la compréhension du salut apporté par Jésus : il s’agit d’une œuvre de libération des forces ténébreuses qui nous enferment dans la prison des accusations mensongères et nous empêchent ainsi d’accéder à la lumière.

« Seigneur, donne-nous d’entrer généreusement dans le combat quotidien pour la liberté. Ne permet pas que par jalousie, nous nous fassions les accusateurs de nos frères, tout en feignant prendre le parti de la justice. Apprends-nous à garder constamment ton Nom sur nos lèvres, et à accueillir par toi l’Esprit de vérité et de force, qui fait de nous des fils dans la Maison du Père. »


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