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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Sainte Agathe, vierge et martyre

Saint Marc aime les descriptions brèves, précises et bien délimitées. Or voilà qu’il nous rapporte deux miracles imbriqués en un seul récit, particulièrement complexe. Il aurait fort bien pu présenter les deux événements successivement, en deux unités distinctes, juxtaposées, comme il le fait d’habitude. Le choix de la structure composée que nous venons d’entendre est clairement intentionnel et ne peut être qu’une invitation à interpréter les deux miracles ensemble, comme s’il s’agissait de deux aspects d’une même action pédagogique de Jésus.
Le point commun entre Jaïre et la femme bénéficiaire de la guérison, est leur ardent désir d’une intervention salvifique de Notre-Seigneur, l’un en faveur de sa fille, l’autre pour elle-même. Tous deux vont d’ailleurs obtenir l’objet de leur espérance comme réponse à leur acte de foi. Comme « le sens jaillit de la différence », voyons maintenant le contraste entre les deux récits.
Jaïre est un notable : il est chef de la synagogue, il est entouré de serviteurs, sa maisonnée est nombreuse. La femme dont il est question est anonyme ; elle restera connue comme « la femme hémorroïsse », autrement dit : elle est identifiée au mal dont Jésus va la délivrer. Elle est seule, et son attitude trahit l’isolement dans lequel l’enferme son mal ; celui-ci l’empêche d’avoir une vie familiale, ce qui est pour une femme juive, la suprême humiliation, interprétée comme une réprobation divine.
Il n’est pas précisé que Jaïre ait convoqué tous les médecins de la région auprès de son enfant, mais on peut le supposer vu l’intensité de sa détresse : tout comme la femme, il a épuisé tous les recours humains possibles. En accourant vers Jésus, c’est vers Dieu qu’ils se tournent, comme le trahit l’attitude de Jaïre - il tombe aux pieds du Seigneur et le supplie - et le débat intérieur de la femme, convaincue qu’un simple contact avec le vêtement de Jésus suffirait à la « sauver ». Tous deux accomplissent donc une démarche de foi, qui leur vaudra l’exaucement de leur requête.
Cependant leur attitude ne se recoupe pas totalement. Le chef de la synagogue vient au-devant de Jésus, et s’adresse à lui pour le prier de venir « imposer les mains à sa fille pour qu’elle soit sauvée (de la mort) et qu’elle puisse continuer à vivre ». La pauvre femme se dit en elle-même : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée ». Sa foi intense n’a pas besoin de « déranger » le Maître : elle croit qu’un simple contact discret suffira à libérer en sa faveur la puissance divine de guérison qui repose sur lui. Les faits lui donnent raison - « à l’instant même, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal » - et Jésus lui-même la confirme dans son attitude ; bien plus il la félicite pour l’audace de sa foi : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal ».
Le chef de la synagogue, lui, n’en est pas encore là dans son cheminement de foi. Il a besoin d’être exhorté par Jésus au combat contre le doute et à la persévérance dans la confiance : « Ne crains pas, crois seulement ». Le miracle que Notre-Seigneur accomplit en faveur de sa fille est empreint de la même simplicité qui entoure la démarche de la femme : Jésus « saisit la main de l’enfant et lui dit (dans sa langue maternelle) : “Jeune fille, je te le dis, lève-toi” ». Les paroles et le geste sont ceux de parents venant réveiller leur enfant pour un jour nouveau.
Si nous relisons maintenant l’ensemble des deux récits imbriqués, nous découvrons que l’attitude de la femme hémorroïsse est proposée au chef de la synagogue, comme modèle de l’attitude de foi, une foi qui est instantanément exaucée, parce qu’elle établit en communion avec la personne du Sauveur.
Il faut sans doute pousser plus loin encore notre quête, car Saint Marc nous invite explicitement, à travers la correspondance des chiffres, à établir un lien entre la femme « qui avait des pertes de sang depuis douze ans » et « la jeune fille qui avait douze ans ». Lorsqu’on se souvient que douze ans est l’âge où les jeunes filles étaient données en mariage, on peut risquer l’interprétation symbolique suivante : la femme hémorroïsse représente l’humanité devenue stérile en conséquence du péché qui la rend impure. Mais alors que tout semblait perdu, voilà qu’elle peut retrouver sa jeunesse, sa vitalité et sa fécondité moyennant la foi ; une foi vivante par la charité, qui fait d’elle la jeune fille en âge de noce, que l’auteur de l’Apocalypse voit « descendre du ciel, toute prête, comme une fiancée parée pour son époux » (Ap 21,2).

« Seigneur Jésus, accorde-nous la force de nous “débarrasser de tout ce qui nous alourdit, et d’abord du péché qui nous entrave si bien, en fixant nos yeux sur toi, qui es à l’origine et au terme de notre foi”. Que renouvelés dans cette vertu théologale, nous obtenions de toi d’être “sauvés” nous aussi, et de “vivre” de la vie de ton Esprit. Puissions-nous te plaire en toutes choses afin qu’au jour où nous paraîtrons devant toi, tu t’approches de nous comme l’Epoux de nos âmes, nous invitant à entrer avec toi dans la Paix et la Joie de la Cité sainte où Dieu sera tout en tous (1 Co 15, 28) ».


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