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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de Carême

La parabole du Seigneur qui nous est relatée dans l’évangile de ce jour met devant nos yeux deux personnages. L’un porte des vêtements de luxe, l’autre est couvert de plaies. L’un est seul dans son anonymat, l’autre s’appelle Lazare, l’attribution d’un nom laissant ouverte la possibilité d’une relation. Le contraste est frappant, et il est éloquent. Jésus ne met rien d’autre en avant. Par exemple, aucune mention d’un quelconque courage ou d’une quelconque piété de Lazare dont il aurait pu être récompensé. Le récit ne permet de retenir qu’une seule chose : la seule richesse de cet homme c’est sa pauvreté. On pourrait dire qu’elle est son billet d’entrée pour le paradis.

Car c’est bien là que se trouve le nœud de l’intrigue : le moment de la mort et celui du jugement particulier. Alors qu’à sa mort le riche est enterré, le pauvre lui, au moment de son trépas, personne ne semble se soucier de lui. Mais les anges de Dieu, nous rapporte le récit, le conduisent jusqu’au lieu de sa récompense. Spatialement il est emporté dans les hauteurs puisque nous lirons un peu plus loin que le riche, du lieu où il se trouve, « lève les yeux » vers Lazare. Rien de tel en effet pour ce riche qui descend au séjour des morts où « il est en proie à la torture ».
Aucun détail ne nous est donné sur les circonstances du décès de chacun de ces deux hommes. Le moment de leur mort passe comme inaperçu, comme s’ils franchissaient une simple porte entre deux mondes.
Nous sentons bien que la visée de cette parabole n’est pas descriptive. Inutile donc de chercher dans ce passage d’évangile une description du ciel, de l’enfer ou du purgatoire. Le récit veut mettre ici en lumière que ce sont bien les mêmes personnages - le même riche et le même pauvre - dont nous suivons les aventures, sauf qu’ils ne sont plus réunis dans le même lieu, comme ils l’étaient dans la première séquence de l’histoire durant leur séjour terrestre. Lazare poursuit sa vie relationnelle, mais avec les anges et les patriarches ; alors que le riche demeure enfermé dans sa solitude - sauf que privé de son corps, il n’a plus la distraction des jouissances charnelles. Bien plus, il est en proie à la torture. Ne cherchons pas la nature de ces souffrances : elles ne sont mentionnées que pour souligner l’inversion opérée par le passage à travers la mort : celui qui jouissait de la vie sans se soucier des autres, se retrouve « au séjour des morts », souffrant horriblement, alors que celui pour qui la vie terrestre n’avait été qu’une longue agonie, se trouve paradoxalement introduit dans le Royaume de la vie.

Dans le second volet du récit, le riche défunt réclame un signe – la résurrection de Lazare – pour convertir ses frères riches qui sont encore en vie. On peut se demander au passage la raison du changement opéré en cet homme que l’on découvre maintenant charitable et qui est même appelé « mon enfant » par Abraham. La parabole n’envisage pas non plus ce problème. La supplique du riche n’a pour but que d’introduire la double affirmation d’Abraham : les vivants doivent écouter Moïse et les Prophètes et mettre en pratique ce qu’ils ont dit.
Exprimant une opinion souvent entendu dans le monde, le riche s’imagine qu’un miracle obtiendrait ce que l’Ecriture ne peut obtenir. Quelle erreur ! « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus ». La « chute » est abrupte. Nous touchons ici la fine pointe du récit, le lieu où Jésus voulait nous conduire qui pourrait se résumer à la question suivante : la résurrection nous a-t-elle vraiment « convaincue » de l’urgence de la conversion ? N’avons-nous pas réduit le mystère à un événement passé que nous gardons en mémoire pour y puiser un vague espoir aux heures difficiles ? La Pâque de Notre-Seigneur constitue-t-elle pour nous l’événement central de l’histoire, de notre histoire, l’irruption au cœur de ce monde qui passe, du Règne qui ne passera pas ?

La parabole que Jésus nous livre dans l’évangile de ce jour, nous exhorte à ne pas attendre de le voir ressuscité pour croire en lui, pour nous convertir, pour nous tourner vers lui. Au moment de notre mort, il n’y aura d’évidence de Jésus ressuscité que si tout au long de notre vie terrestre, au jour le jour, nous avons marché dans la foi en la puissance de sa résurrection : « Béni soit l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l’espoir. Il sera comme un arbre planté au bord des eaux, qui étend ses racines vers le courant : il ne craint pas la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert ; il ne redoute pas une année de sécheresse, car elle ne l’empêche pas de porter du fruit » (Cf. 1ère lecture).

« Seigneur, fais-nous la grâce de ne pas remettre à demain notre conversion. Que chaque jour de notre vie, notre cœur demeure tourné vers toi dans une confiance et un abandon total pour qu’au jour de notre mort nous puissions avoir la joie de partager en plénitude ta vie de ressuscité. »


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