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 - 26 avril 2024 - Bse Alida
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Homélie

Férie de Carême

Les « juifs » qui interrogent Jésus représentent la partie de nous-mêmes qui, après avoir vu Jésus guérir l’aveugle-né et le paralytique, après l’avoir entendu – hier – nous parler de ses œuvres, le contraint de nous répondre sur la vérité de sa parole. Nos lenteurs à croire et à nous convertir se disent toujours dans nos exigences que tout soit justifié.

Mais Jésus, en bonne logique, ne tente pas d’avancer des « preuves » sur la vérité de son discours. Ni même de nous démontrer la vérité de ce qu’il est. On ne parle pas pour soi, même quand on est le Messie. Il convoque alors des témoins de qualité. Ainsi, ce sont Jean, les œuvres que le Père lui donne d’accomplir, le Père lui-même et l’Ecriture, qui lui rendent témoignage.

La démarche peut sembler simple et spontanée, mais elle a des conséquences déroutantes pour nous, un déplacement s’opère. En effet, cela implique qu’il n’est pas question de savoir si Jésus dit vrai ou s’il est véridique, mais qu’il convient d’accueillir sa parole. Les témoins convoqués nous font entrer dans cette démarche et en donnent les conditions. Ainsi Jésus nous empêche-t-il de chercher à le situer lui, pour nous situer nous-mêmes, par rapport à la vérité de ce que nous sommes. Ce qui compte n’est pas de prouver la vérité du discours de Jésus, mais de trouver la qualité, la vérité de notre propre écoute.

Il y a certes les œuvres, données par le Père pour être accomplies par le Fils, qui ont pour fonction de témoigner et d’accréditer le Fils comme envoyé. Mais elles ne sont qu’un aspect extérieur. C’est à l’intérieur de nos âmes que Jésus nous conduit. La Père en effet porte un témoignage intérieur. Jésus l’explique en décrivant une voix qui se donne à entendre, une voix que ses interlocuteurs n’ont pas perçue ; un visage à voir, un visage vers lequel se tourner ; une parole à accueillir pour qu’elle demeure en nous. La logique est simple et belle comme l’amour qui se livre. La voix murmurée en nos âmes porte à l’écoute et fait découvrir un vis-à-vis, le visage de notre interlocuteur intime. Ce visage n’est pas visible aux yeux de chair (le Père, nul ne l’a jamais vu), mais le dialogue est établi, la parole est communiquée. Et celle-ci demeure. La parole demeure quand est maintenue la dimension d’altérité entre le Père et nous, ses enfants.

La description (on n’ose parler ici de démonstration) est simple, mais nous n’avons pas fini de sonder sa profondeur. Certes, il n’y a pas de parole sans un Autre qui me parle, cette évidence fait partie de notre expérience quotidienne, de même qu’il n’y a pas de témoignage sans un autre qui témoigne pour moi. Mais ce constat implique d’accepter d’être soi-même un interlocuteur, de rester tourné vers ce visage, d’entendre la parole adressée. Car telle est la vérité de ce que nous sommes. Pour demeurer dans la parole du Père, pour demeurer dans son amour, il faut accepter d’être nommé et d’être appelé. Notre cheminement de carême ne se résume-t-il pas à renoncer à l’illusion de pouvoir vivre par soi-même ? Les témoins accréditent l’envoyé venu nous révéler le visage du Père, ils nous disent l’impérieuse nécessité de choisir de rester tourné vers le visage aimant qui nous invite à accueillir sa parole de vie.

Ainsi, le Père lui-même rend témoignage au Fils, d’une part par les signes qu’il lui donne d’accomplir et d’autre part par les Écritures. Mais pour recevoir par la foi la parole de Jésus, il y a une condition : aimer le Père. Lui obéir et vouloir le glorifier. En un mot : choisir d’être fils.


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