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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie du Temps Pascal

Dans le quatrième Évangile, tout comme dans les synoptiques, le récit de la marche sur la mer et associé à la multiplication des pains. Pourtant des différences dans la présentation du miracle nous invitent à approfondir l’interprétation propre au « disciple que Jésus aimait ».
L’introduction surprend : contrairement aux synoptiques, il n’est pas dit que Jésus aurait donné l’un ordre à ses disciples de prendre la mer tandis qu’il renverrait les foules. Le soir tombe, nous dit saint Jean, et les disciples « descendent au bord du lac où ils s’embarquent pour rejoindre l’autre rive », sans un mot d’explication.
L’atmosphère est lourde : déçus du refus de leur Maître d’accepter l’investiture équivoque qui vient de lui être proposée, les disciples retournent à leurs barques. Ils s’enfoncent dans la nuit du doute, descendent au niveau des cogitations humaines, au lieu d’essayer de comprendre le sens profond des événements qu’ils viennent de vivre.
Le quatrième évangile suggère ainsi que ce sont les disciples qui délibérément se séparent du Seigneur, le laissant seul, sur la montagne. Ils retournent à leur vie passée, un peu comme les apôtres après le drame du Calvaire, reprenant leurs filets (Jn 21), ou les disciples d’Emmaüs, tournant le dos à la cité de Jérusalem (Lc 24).
« Un grand vent se mit à souffler et le lac devint houleux ». Ce n’était certainement pas le vent de la Pentecôte mais plutôt celui du trouble profond qui menace notre vie spirituelle lorsque nous abandonnons le Christ. L’image de la mer démontée, symbole de l’abîme, des ténèbres, de la mort, contraste singulièrement avec les pentes verdoyantes de la montagne où ils venaient de participer au banquet messianique.
On imagine sans peine la terreur mortelle de ces hommes, impuissants à diriger leur frêle barque à fond plat que les vagues déchaînées commencent à submerger. Mais « le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu » (Ps 32). Reprenant à nouveau l’initiative, Jésus s’approche d’eux « en foulant les eaux profondes » (Ps 77, 20), préfigurant ainsi sa victoire sur la mort, traditionnellement symbolisée par la mer.
Si les disciples « voient Jésus » marchant sur les flots alors qu’il faisait nuit, c’est donc qu’il apparaît dans la lumière. Le récit suggère ainsi une théophanie, comme le confirme la mention : « ils furent saisis de crainte », ce sentiment caractérisant toute confrontation inattendue avec Dieu. Le Seigneur tente de rassurer les disciples interloqués : « C’est moi, soyez sans crainte ». Il ne fait pas de doute que saint Jean s’est souvenu, au moment de rédiger son évangile, que c’est par les mêmes paroles que le Seigneur ressuscité a apaisé les apôtres au matin de Pâques. Il est même probable que ce n’est qu’à la lumière de la Résurrection qu’ils ont pleinement compris le sens de l’événement vécu sur la mer de Galilée.
La suite du récit est également étonnante : « les disciples voulaient le prendre dans la barque, mais aussitôt, la barque atteignit le rivage à l’endroit où ils se rendaient ». Difficile d’imaginer qu’ils aient franchi d’un bond l’autre moitié du trajet qui restait à parcourir. A moins que « le rivage » renvoie à la terre ferme de la confiance et de l’espérance que les disciples avaient quittée en se séparant de leur Maître et en se laissant envahir par le doute. Dans toutes les nuits et les combats, seule la confession de foi en celui qui a vaincu la mort, la certitude de sa présence dans notre « barque », nous permet de garder le cap et de rejoindre le rivage où il nous attend.
« “Oui elle est droite la parole du Seigneur ; il est fidèle en tout ce qu’il fait” (Ps 32) : nous le croyons, Seigneur ; mais comme il est difficile de vivre dans la confiance lorsque que tout semble nous prouver la vanité de notre espérance. Apprends-nous à changer notre regard sur notre vie. Dès que l’épreuve nous atteint, nous pensons spontanément que tu nous as abandonnés, voire réprouvés. Pourtant, ton apôtre Pierre ne nous enseigne-t-il pas que “la qualité de notre foi doit être vérifiée par toutes sortes d’épreuve” (1 P 1,6-7) ? Envoie sur nous ton Esprit : qu’il nous parle de toi et nous redise ton dessein d’amour sur nous. Nous “tressaillirons alors d’une joie inexprimable”, dans la certitude “d’obtenir bientôt notre salut, qui est l’aboutissement de notre foi” (1 P 1,8-9). Nous pourrons alors, en toutes circonstances, te “rendre grâce sur la cithare et jouer pour toi sur la harpe à dix cordes” (Ps 32). »


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