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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Norbert, évêque,

« Il est impossible d’ignorer le sermon sur la montagne, soit qu’on le loue comme Gandhi : “le message de Jésus dans toute sa pureté”, soit qu’on le voue à l’anathème comme Nietzsche : “la morale des faibles”. Il ne laisse personne indifférent, et si l’on procédait à un vote universel, nul doute que le sermon sur la montagne serait considéré comme “l’expression la plus profonde et la plus forte que nous possédons des choses de la vie morale”. » (Denis Marion).
Voyant la foule des petites gens qui le suivent, Jésus gravit la montagne. Le lieu est significatif pour Matthieu : c’est là que Jésus est tenté (4, 8), là qu’il est transfiguré (17, 1). L’instruction qui suit a donc valeur de révélation. Tout comme Moïse a reçu la Loi sur la montagne du Sinaï, Jésus promulgue la Loi nouvelle sur ce lieu théophanique par excellence.
« Ouvrant la bouche, il se mit à les instruire » : il ne s’agit plus de la proclamation kérygmatique du Royaume ; c’est un enseignement (didaskô, catéchèse). Le kérygme est la première annonce du message. Une fois que les auditeurs y ont adhéré, la catéchèse vient parfaire leur instruction. Le grand discours sur la Montagne est une sorte de catéchisme pour ceux qui ont été saisis par le Christ et par sa Parole, une sorte de programme leur représentant ce qui doit être désormais leur mode de vie dans le Royaume inauguré par Jésus.
« Heureux » : il est réconfortant d’entendre que Jésus veut le bonheur de ses disciples ; bien plus : dès maintenant il les déclare heureux, non pas en raison de leurs épreuves, mais en raison de l’avenir qui s’ouvre devant eux. Ce que leur présent contient de peine, de souffrance est éclairé par ce qui doit venir après. Ils sont heureux parce qu’ils ont une espérance : « les béatitudes sont le porche de la deuxième vertu » (Péguy).
Le discours sur la montagne n’est pas le dévoilement d’une réalité cachée mais déjà présente : il s’agit bien d’une « bonne nouvelle », c’est-à-dire une réalité instaurée au cœur même des privations douloureuses de cette vie. Cet avenir plein d’espérance annoncé par Notre-Seigneur fait irruption avec la proclamation qu’il nous en fait : le bonheur dont il est question est en effet lié à sa personne, à sa destinée de gloire à travers l’épreuve de la croix. « Heureux » ceux qui participent de l’une ou l’autre manière à la victoire sur la mort du Roi de gloire, établi Seigneur de l’univers et régnant pour toujours à la droite de Dieu son Père.
Le bonheur ne réside donc pas dans la souffrance en tant que telle, mais dans la libération qu’elle opère par rapport à la séduction d’un monde sans consistance ; bonheur réservé à ceux qui se risquent à suivre le Christ par la porte étroite d’une fidélité sans concession à l’Evangile, acceptant les contradictions comme les douleurs de l’enfantement du monde nouveau.
En proclamant les Béatitudes, Jésus nous parle avant tout de son propre chemin ; elles sont une icône fidèle du Christ. C’est pourquoi elles ne sauraient être assimilées à un « code moral », mais elles constituent une référence permanente, permettant à tout disciple d’évaluer sa vie à sa mesure véritable.

« Seigneur ouvre notre cœur, afin que nous puissions entendre dans cette catéchèse, la révélation de la “porte étroite” (Mt 7,13) qui donne accès au Royaume du vrai bonheur. Donne-nous aussi de puiser dans ces paroles, la force de porter les épreuves que nous réserve notre appartenance au Christ, les yeux fixés sur sa promesse : “Heureux êtes vous !” ».


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